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Remontons au premier siècle

Remontons au premier siècle

Nous sommes confrontés à une nouvelle réalité dans laquelle, par exemple, les femmes occupent dans la société une place de plus en plus égale à celle des hommes.

9 août 2021

William Grimm

Japon

L'une des premières grandes crises auxquelles l'Église a été confrontée est une crise que Jésus n'avait probablement pas prévue. Il n'a certainement pas laissé d'instructions ni même de conseils sur la façon de la gérer.

Le problème apparaît dans les Actes des Apôtres : "En ces jours-là, alors que les disciples étaient de plus en plus nombreux, les Hellénistes se plaignirent des Hébreux parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution quotidienne de la nourriture" (6, 1). Le problème n'était pas le service à table. Il y a différents aspects du dilemme dans d'autres parties des Actes et dans les épîtres de Paul, et même introduits rétroactivement dans les Évangiles.

Le problème était le suivant : "Que faisons-nous de ces personnes parlant le grec ?" Le christianisme était à l'origine une secte juive. Que faisaient ces hellénistes dans la communauté ?

Le défi posé par les hellénophones n'était pas une question de grammaire, de syntaxe ou d'alphabet. Le grec était la langue commune de l'Empire romain.

La présence de personnes parlant grec signifiait que le monde extérieur s'infiltrait dans la communauté chrétienne et que l'Église devait répondre à ce monde extérieur.

Une façon de le faire pouvait être l'exclusion. Les personnes qui ont rendu Paul furieux en insistant sur la circoncision et les autres lois bibliques pour que les non-Juifs ne puissent se joindrez à l'Église ont emprunté cette voie. Pour être chrétien, il faut renoncer à être grec.

Nous pouvons voir la réaction de Paul à ce sujet dans sa lettre aux Galates, où il critique Pierre pour avoir cédé aux « circoncisionnistes » et leur souhaite un sort terrible : "Je voudrais que ceux qui vous troublent se castrent !" (2, 11-14 ; 5, 12). La position de Paul est devenue la norme pour l'Église. Le Nouveau Testament sera écrit en grec.

L'Église ne s'est pas contentée d'accepter la langue du reste du monde. Elle a adapté son ministère et sa vie. Confiants dans les conseils de l’Esprit, les chrétiens ont créé un ministère totalement nouveau qui est devenu le diaconat.

Ces premiers chrétiens ont compris que pour proclamer la Bonne Nouvelle au monde entier, ils devaient changer. Et ils l'ont fait, confiants que l'Esprit serait avec eux, leur donnant compréhension et conseils. Plutôt que de s'accrocher au passé, ils ont inventé un avenir.

La question des veuves de langue grecque n'a pas été la dernière réalité sociale, culturelle et politique qui a mis l'Église au défi d'un changement radical.

La plus grande a peut-être été celle des débuts de la mondialisation.

Par les voyages des navigateurs portugais du 15e siècle autour de l'Afrique et en Asie, et par la découverte des Amériques, l'Église a été contrainte de relever des défis théologiques. Par exemple quel est le destin éternel des personnes qui n'ont aucun moyen d'entendre l'Évangile ?

Puis est arrivée une nouvelle technologie créant des bouleversements et de nouvelles questions pour l'Église : la presse à imprimer. Une toute nouvelle culture est née. L'alphabétisation devint courante.

L'exploration et l'échange d'idées se généralisèrent. L'Écriture, qui n’était pas accessible à tous ceux qui ne savaient pas lire une langue ancienne, devint ouverte à quiconque était capable de lire sa propre langue.

Les livres ont permis aux gens de devenir les veuves grecques des temps modernes. La partie de l'Église qui a accepté cette nouvelle réalité a été appelée protestante. Le catholicisme a adopté la technologie mais a rejeté la réalité qu'elle a engendrée.

Le latin est resté la langue de la liturgie, la théologie et la mainmise de l'Église sont restées l'apanage d'une caste de plus en plus déconnectée d'un monde où l'échange d'idées, même s’il menace le sacré, est considéré comme un chemin de vérité.

Ainsi, alors que le monde évoluait vers le Siècle des Lumières, la dignité humaine, l’égalité et la puissance de la science -concepts qui se développent encore aujourd'hui- il était confronté à l'Index des livres interdits que les catholiques ne devaient pas lire (mis à jour pour la dernière fois en 1948).

Les « circoncisionnistes » demeurent. Un exemple en est la question de savoir si l'Église primitive a ordonné ou non des femmes au service diaconal. Si les chrétiens de l'Antiquité ont cherché avec confiance de nouvelles façons d'incarner le ministère, les chrétiens modernes peuvent suivre leur exemple. Cependant, les réponses aux situations d'il y a deux millénaires sont-elles valables pour les situations d'aujourd'hui ?

Nous sommes confrontés à une nouvelle réalité dans laquelle, par exemple, les femmes occupent dans la société une place de plus en plus égale à celle des hommes. C'est une réalité mondiale où la communication est sortie de l’ère Gutenberg. La science et l’enseignement de l'Église semblent se trouver dans des univers parallèles qui n'interagissent jamais. La vérité d’aujourd'hui est le changement.

Nous vivons avec le même Esprit qui a donné aux premiers chrétiens la confiance nécessaire pour imaginer de nouvelles choses.

La leçon à recevoir d’eux n'est pas la manière dont ils ont réagi aux nouvelles réalités de leur monde, mais leur créativité confiante en l’Esprit. Nous devons imiter leur audace, pas leurs solutions.

William Grimm est missionnaire et prêtre à Tokyo. Il édite UCA News (Union of Catholic Asian News - Les nouvelles catholiques d’Asie-). Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale officielle d’UCA News.

Pour en savoir plus : https://international.la-croix.com/news/religion/lets-go-forward-to-the-first-century/14762

Let's go forward to the first century

We face a new reality in which, for example, women are increasingly taking an equal place in society with men

August 9, 2021

By William Grimm

Japan

One of the first big crises the Church faced was one that Jesus had probably not anticipated. He certainly did not leave any instructions or even advice on how to deal with it.

The problem appears in the Acts of the Apostles: "Now during those days, when the disciples were increasing in number, the Hellenists complained against the Hebrews because their widows were being neglected in the daily distribution of food" (6, 1).The problem was not table service. There are different aspects of the dilemma in other parts of Acts and in Paul's epistles, and even retroactively introduced into the Gospels.

The problem was, "What do we do with these Greek-speakers?" Christianity was originally a Jewish sect. What were these Hellenists doing in the community?

The challenge the Greek-speakers presented was not one of grammar, syntax or an alphabet. Greek was the common tongue of the Roman Empire.

So, the presence of Greek speakers meant that the larger world was infiltrating the Christian community, and the Church had to respond to that larger world.

One way might be exclusion. The people who enraged Paul by insisting upon circumcision and other Biblical laws for non-Jews joining the Church took this path. To be a Christian, one must give up Greek-ness.

We can see Paul's reaction to this in his letter to the Galatians where he bad-mouths Peter for kowtowing to the circumcisionists and wishes a gruesome fate on them: "I wish those who unsettle you would castrate themselves!" (2, 11-14 ; 5, 12).

Apart from the surgery, Paul's position became the norm for the Church. The New Testament is written in Greek.

The Church went beyond merely accepting the language of the wider world. It adapted its ministry and life. Trusting in the guidance of the Holy Spirit, Christians created a totally new ministry that evolved into the deaconate.

Those early Christians realized that in order to proclaim the Good News to the whole world, they had to change. And they did, confident that the Spirit would be with them, giving them understanding and guidance. Rather than hold to the past, they invented a future.

Of course, the appearance of Greek-speaking widows was not the last time a new social, cultural and political reality challenged the Church to a radical change.

Perhaps the biggest after the widows was sparked by the beginnings of globalization.

Through the 15th-century journeys of Portuguese mariners around Africa and into Asia, and the realization of two whole continents across the Atlantic Ocean, the Church was forced to face theological challenges.

What is the eternal fate of people who have absolutely no way of hearing the Gospel?

Into this questioning there came a new technology that brought upheaval and new forms for the Church: the printing press.

With that new technology, a whole new culture was born. Literacy became common.

The exploration and exchange of ideas became general. Scripture that had been closed to all who could not read an ancient tongue now became common knowledge to anyone able to read their own language.

Scripture, books and pamphlets enabled people to become latter-day Greek widows. The part of the Church that embraced the new reality came to be called Protestant.

Catholicism took the technology, but rejected the reality it caused, fostered and epitomized.

Latin remained the language of liturgy, and theology and control of the Church remained the province of a caste increasingly out of touch with a world where the exchange of ideas, even if they threatened hallowed forms, was seen as the way to truth.

So, while the world moved toward the Enlightenment with its even-today developing ideas of human dignity, equality and science, that new reality was met with the Index of Forbidden Books that Catholics were not to read, last "updated" in 1948.It was only in the mid-20th century that the Catholic part of the Church seriously approached the already centuries-old social and religious world in which it was supposedly proclaiming the Gospel.

But, circumcisionists remain. A current example is the question of whether or not the early Church ordained women to deaconal service. Only if the Church did so in the first-century might we do so in the 21st.In other words, if ancient Christians confidently sought out new ways to embody ministry, only then may modern Christians use their results.

However, are answers to situations two millennia ago valid for situations today?

We face a new reality, a reality in which, for example, women are increasingly taking an equal place in society with men.

It is a globalized reality where communication has moved out of the "Gutenberg Galaxy" of print. Science and too much Church teaching seem to be in parallel universes that never interact. The only unchanging truth today is change.

We live in the presence of the same Holy Spirit who gave those ancient Christians the confidence to imagine new things.

The lesson to take from our forebears is not how they responded to new incursions by the world, but that they did so creatively, confident that the Holy Spirit would be with them.We should imitate their daring, not their answers.

William Grimm is a missioner and presbyter in Tokyo and is the publisher of the Union of Catholic Asian News (UCA News). The views expressed in this article are those of the author and do not necessarily reflect the official editorial position of UCA News.

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