Pourquoi n'écoutent-ils pas ?

Pourquoi n'écoutent-ils pas ?

L’histoire de deux évêques, l’histoire de deux mentalités

George Wilson

États-Unis

13 août 2021

Les récits qui suivent sont authentiques. Seuls les noms sont fictifs. Nous commençons par l'histoire de l'évêque Matthieu.

Il tient une réunion de son conseil des prêtres. (Je suis présent en tant qu'observateur.). Il est assis à une table, ses boutons de manchette brillants en évidence.

Un magnétophone enregistre les dialogues pour dissiper les éventuels malentendus. Au début de la réunion, un vote a lieu. La question est sans importance. Le point important est le décompte : 24 oui, 17 non, 8 abstentions. La motion est adoptée.

Plus tard dans la réunion, après que d'autres points aient été traités, un des prêtres lève la main et pose une question : "J'ai une inquiétude concernant la décision que nous semblons avoir prise plus tôt. Que disent nos règlements sur l'adoption d'une motion ? Exigent-ils seulement une majorité de ceux qui votent ou une majorité de tous les présents ? Si c'est cette dernière, alors la motion n’a pas reçu la majorité et elle est rejetée.

En tant que président de la réunion, l'évêque Matthieu répond : « Bonne question. Quelqu'un a-t-il une copie de nos statuts ? » Il s'avère, curieusement, que personne ne sait ce que les statuts exigent. Et il n'y a pas de copie disponible. C'est un dilemme.

L'évêque propose une solution à la Salomon.

"Quand je retournerai à la chancellerie, je vérifierai les règlements. S'ils disent que nous n'avons besoin que de la majorité des votants, la décision sera entérinée ; s'ils exigent la majorité de tous les présents, la motion sera à nouveau déposée à la prochaine réunion.

Ses mots restent gravés dans mon esprit après de nombreuses années.

Notre deuxième histoire concerne l'évêque Luc.

Il a récemment formé un conseil pastoral diocésain et m'a demandé de diriger la formation de ses membres. Nous examinons leur rôle en tant que conseil et leur relation avec lui en tant qu'ordinaire.

L'évêque Luc n'est pas assis à l'avant d'une table. Il est dans le cercle comme tout le monde. Lorsque je divise l’assemblée en paires pour un temps de partage, il partage son chemin de foi avec le partenaire qui lui a été assigné.

Plus tard, après quelques commentaires sur leur rôle de conseil, l'un des participants demande : "Père évêque, on nous demande de partager la responsabilité avec vous en vous offrant nos conseils sur des questions importantes. Allez-vous avoir un droit de veto sur nos recommandations ?" Les membres du conseil sont des personnes engagées pour le bien de l'Eglise mais la question indique un certain scepticisme : ils ne sont pas intéressés à être utilisés pour approuver ce que l'évêque a l'intention de faire de toute façon. « Permettez-moi de répondre de la manière suivante : si Rome me demande si je conserve le pouvoir de prendre la décision finale, je dois bien sûr répondre oui. Je porterai toujours la responsabilité finale de toute décision que nous prendrons en tant que conseil. Mais je crois que nous serons toujours capables de parvenir à un choix que nous pourrons tous soutenir. C'est pourquoi je ne veux plus entendre le mot "veto" ». Au cours de ces quatre années, le conseil a pris de nombreuses décisions importantes de manière collégiale. L'évêque a conservé son autorité en tant que responsable ultime des décisions. Le mot "veto" n'a plus jamais été mentionné.

Qu'est-ce qui se passe ici ?

J'ai réfléchi à ces deux expériences différentes et à beaucoup d'autres similaires au cours de mes années en tant que facilitateur de processus à de nombreux niveaux de la vie ecclésiale, paroissiale, diocésaine et nationale.

Petit à petit, une idée a pris forme dans mon esprit. Je crois qu'elle explique les différences entre les approches des deux évêques. Et elle suggère la tâche difficile qui nous attend.

Il peut être utile, dès le départ, de nommer certaines choses qui ne se passent pas ici.

1) Bien qu'ils aient des approches très différentes, aucun de ces évêques ne remplit sa fonction de mauvaise foi. Ce sont tous deux des hommes d'Église honorables, sincères dans leur intention de faire ce qui est le mieux pour l'Église.

Le fait que l'on doive évoquer la possibilité de la mauvaise foi est un triste commentaire sur notre climat actuel de méfiance et d'attaques personnelles violentes.

Lorsque l'évaluation des performances d’hommes imparfaits glisse vers des accusations d'abus délibéré dans leur fonction, nous sommes tous blessés. Le problème dans nos deux récits n'est pas " malice contre vertu " et ce n'est pas être positif que de le présenter en ces termes.

2) Ni Matthieu ni Luc ne sont cavaliers quant à l'autorité du droit canonique et encore moins dédaigneux à son égard.

Tous deux savent que l'Église, comme toute organisation, a besoin de normes qui régissent ses décisions. Si la question n'est pas celle de la fidélité ou de la mauvaise foi, elle n'est pas non plus celle de "l'obéissance ou du mépris de l'autorité". Les deux évêques sont obéissants.

Ils diffèrent, non pas sur la légitimité des lois, mais sur la place à accorder aux processus juridiques dans la vie et la croissance de la communauté des baptisés dans la vie de Jésus.

Insister sur l'intégrité morale de chaque évêque ne signifie pas pour autant que leurs deux approches soient également louables, ni même également conformes à l'Évangile.

Deux mentalités

Dans chacune de ces deux histoires, les choix en jeu ont sans aucun doute eu des conséquences pour les participants.

Des normes claires pour déterminer l'esprit d'un conseil (dans le cas du conseil presbytéral de l'évêque Matthieu) ou des attentes claires quant au rôle et aux limites d'un organe consultatif (dans le cas de l'évêque Luc), ne sont pas des questions banales. Il s'avère, cependant, que ces deux préoccupations sont moins importantes que ce que révèlent les approches adoptées par chaque évêque face à la situation.

Leur comportement révèle deux mentalités fondamentalement incompatibles. Le problème ne réside pas dans le contenu, la substance du droit canonique ou les procédures établies en place.

Il réside dans l'esprit humain.

La différence entre Matthieu et Luc réside dans l'attitude de chacun face au difficile processus de négociation entre les différences humaines.

Je parle d'attitudes différentes, d'états d'esprit différents, de quelque chose qui réside au niveau de l'esprit humain. Un terme en vogue parle de sensibilités différentes.

Ces expressions méritent d'être précisées. Comment les deux mentalités différentes se manifestent-elles ? Quels sont les indicateurs comportementaux qui en témoignent ?

Des mentalités fondées sur des priorités différentes

Lorsque l'évêque Matthieu est confronté à la question de savoir si son conseil a pris une décision, sa réponse immédiate et instinctive est de chercher une norme juridique qui permettra de faire face à la situation et de résoudre le dilemme.

Il ne se pose pas la question de la dynamique humaine à l'œuvre. Pour lui, une décision n'est pas un engagement humain. Au contraire, l'acte de décision humaine a été identifié à un indicateur décisionnel déconnecté de l'esprit de ceux qui votent car il a été extrait d'une étagère.

Je suggère de qualifier cette situation de " mentalité canonique " (il convient de noter que cela n'implique aucun jugement négatif à l'égard des canonistes. Ils rendent un service important à notre Eglise. Le terme s'applique à une orientation intellectuelle et non à une profession.). La mentalité canonique privilégie la clarté structurelle par rapport aux relations humaines. Les questions entre humains de chair et de sang, qui sont des questions de relations, sont traitées comme s'il s'agissait de questions juridiques.

La question en jeu dans la réunion qu'il dirigeait était la suivante : les prêtres de son conseil s'engagent-ils personnellement ? Son orientation fondamentale transmute cette vraie question en une question de validation numérique : quel chiffre pour une décision ?

L'approche de l'évêque Luke est opposée.

Il a été interpellé sur une question qui semble, à première vue, relever du droit : quel est le statut de l'avis d’un organe consultatif si un veto menace d'en annuler l'effet ?

D'une mentalité totalement différente de celle de son frère évêque, l'instinct de Luc est de reconnaître que la préoccupation humaine est plus importante que les aspects juridiques. Il reconnaît que l'auteur de la question désire un engagement et d'une collaboration véritables.

S'il se contentait de réaffirmer que le droit canonique lui confère un droit de veto sur tout avis du conseil, il passerait à côté de la préoccupation humaine qui sous-tend la question.

Il s'attaque donc directement à cette préoccupation fondamentale. Sa réponse dit, en fait : "nous respecterons le droit canon, bien sûr, mais c'est ainsi que nous nous comporterons les uns envers les autres". Je propose que nous appelions cela une "mentalité relationnelle".

La différence entre les deux mentalités est une question de priorité dans les attitudes.

La mentalité relationnelle aborde d'abord ce qui se passe dans la dynamique humaine de la situation.

Si ces dynamiques ne sont pas prises en compte, si les besoins et les préoccupations des participants à la situation ne sont pas réglés (ou pire s'ils sont conflictuels), toute la rectitude juridique du monde sera inutile.

Pour la mentalité canonique les questions d'interactions humainement satisfaisantes, d'autonomie  et de respect mutuel, sont, au mieux, une réflexion après coup. Un ordre structurel est proposé comme réponse à des questions qui ne sont pas structurelles mais relationnelles.

Les canons sont traduits en attitudes qui nient leur intention

Paradoxalement, la mentalité canonique subvertit souvent l'intention originale des canons.

Prenons par exemple le terme "consultatif".

Lorsqu'un conseil, que ce soit au niveau de la paroisse, d'un diocèse ou de la nation, est dit " consultatif ", l'intention claire de la loi est que les personnes à qui l'on demande de s’impliquer dans un tel organisme se voient accorder une certaine forme de pouvoir. Leurs préoccupations et leurs idées doivent être accueillies avec sérieux. On peut raisonnablement conclure que cette habilitation crée une nouvelle obligation pour le responsable : pasteur, évêque ou corps des évêques. Malheureusement, ce n'est souvent pas le cas.

Par un processus peu subtil, les dirigeants ayant la mentalité canonique transforment le langage de " conseil " ou de " consultation " en " simple conseil " ou " simple consultation ".

Cette traduction devient alors, en fait, "Je n'ai pas à me soucier de ce qu'ils disent - c'est simplement consultatif". L'intention profonde de la loi est subvertie.

Cette mentalité produit un effet pernicieux à l'échelle du système : qui veut siéger dans un tel  conseil ? On entend trop souvent : "A quoi bon ? Il (ou elle) a déjà pris sa décision. Je me soucie de l’Eglise mais cela ne vaut pas la peine que je m'y attarde ; je ne veux pas être traité comme un simple exécutant. Cette attitude donne ensuite lieu à un commentaire égocentrique souvent entendu sur les lèvres des dirigeants : « Les conseils sont une perte de temps. Mes collaborateurs ne veulent pas s'investir pour le bien de la communauté ».

Que se passe-t-il réellement ?

Il n'est pas nécessaire de faire beaucoup d'analyse pour comprendre pourquoi les responsables peu sûrs d'eux-mêmes adoptent la mentalité canonique. Elle les protège de l’incertitude de l’engagement humain.

Vivre une mentalité relationnelle n'est pas facile. Elle exige de reconnaître notre vulnérabilité personnelle. Lorsqu'un groupe d'individus s'engage dans la recherche d'un terrain d'entente, d'un engagement commun envers des lignes de conduite qui comportent des risques, des différences de perspective apparaissent rapidement. On découvre passions, préjugés, frustrations refoulées et blessures enfouies qui couvent encore après des décennies.

Il est courant dans les formations sur la gouvernance d'exhorter les responsables à écouter. Trop souvent, la mentalité canonique traduit cela par "prêter attention à ce qui se dit". La vulnérabilité est une toute autre affaire. Son essence implique de se laisser blesser, d'être envahi par des idées ou des émotions qui peuvent être très dérangeantes. Elle est l'antithèse de l'autoprotection incarnée par la mentalité canonique.

Il est très exigeant de poursuivre avec une personne passionnément engagée dans une proposition différente et qui plus est ayant des priorités de valeurs radicalement différentes. Il suffit de demander à n'importe quel couple marié.

Dans une interaction relationnelle, je peux être amené à remettre en question mes convictions sur des questions importantes. Si je sors de ma zone de sécurité pour rencontrer l'autre, l'expérience de l'incertitude peut être déstabilisante. Le processus d'engagement dans un échange authentiquement humain - même si j'en sors plus fermement convaincu de ma position - me changera, bon gré mal gré.

L'évêque Luc a pu entrer en relation avec les membres de son conseil parce qu'il était convaincu qu'ils seraient toujours capables de trouver un terrain d'entente, mais cette conviction a été mise à l'épreuve lorsqu'ils ont dû prendre des décisions concrètes. La vulnérabilité est coûteuse.

La mentalité canonique de Matthieu, en revanche, évite les tensions inconfortables dans le moment présent, c'est certain. Mais l'évitement de la relation a pour effet de générer de la méfiance et même du cynisme quant à la possibilité de partager la responsabilité en tant que pairs. Lorsque le "leader" a toutes les réponses dès le départ, à quoi bon ?

Une perspective néo-testamentaire

Le malaise actuel d'une Eglise perdue dans le maquis des subtilités canoniques ne date pas d'hier.

L'Évangile de Matthieu place sur les lèvres de Jésus un protocole pour gérer les tensions au sein de la communauté chrétienne. Certaines mesures doivent être prises avant de recourir à d'autres.

" Si ton frère pèche, va lui montrer sa faute en privé ; s'il t'écoute, tu as gagné ton frère. Mais s'il ne t'écoute pas, prends un ou deux autres avec toi, afin que, par la bouche de deux ou trois témoins, tout fait soit confirmé. S'il refuse de les écouter, raconte-le à l'Église." (Mt 18, 15-17). Le contexte de ce passage est celui d'une correction fraternelle plutôt que celui d'une prise de décision collective.

Mais cette situation ne doit pas nous détourner du principe plus profond qui est illustré.

Le premier pas vers la résolution de situations impliquant des tensions interpersonnelles est d'engager le dialogue avec la partie avec laquelle je ne suis pas en paix.

Le recours à des tiers et aux règles d’un jugement collectif de la communauté ecclésiale, n'intervient qu'après l'échec de l'effort d'engagement relationnel.

Avant toute autre distinction ecclésiale, nous sommes sœurs et frères, pairs dans notre dignité baptismale. Notre dignité commune de membres baptisés en Jésus exige de nous un effort inlassable d’ouverture au changement.

Le comportement de Paul montre clairement qu'une telle mentalité relationnelle était un idéal pieux parmi les premiers disciples de Jésus. « Lorsque Céphas vint à Antioche, je m'opposai à lui en face ». (Ga 2, 11). Il accepte pleinement le statut " canonique " de Pierre et de Jacques comme leaders accrédités dans l'Eglise. Il soumet l'évaluation de son ministère à leur jugement, certes, mais seulement après les avoir accusés directement d'hypocrisie, les qualifiant avec mordant de "soi-disant piliers" dont la haute réputation ne signifiait rien pour lui.

Son langage est difficilement imaginable pour nous, dans une Eglise qui en est venue à identifier la charité à la politesse. Le langage de la relation est bienveillance, conviction, honnêteté et vulnérabilité.

Bien sûr, le modèle le plus puissant, dans ce domaine comme dans tous les autres, est Jésus. Il ne vient pas pour détruire la loi mais pour l'accomplir.

À cette fin, il n'hésite pas à qualifier les gardiens de la tradition de sépulcres blanchis. Mais seulement parce qu'il a de l'empathie pour les personnes qu'ils sont appelés à servir.

George Wilson est prêtre jésuite et ecclésiologiste à la retraite qui vit à Baltimore, dans le Maryland.

Pour en savoir plus

https://international.la-croix.com/news/religion/why-dont-they-listen/14773?utm_source=NewsLetter&utm_medium=Email&utm_campa

Why don't they listen?

A tale of two bishops, a tale of two mentalities

By George Wilson

United States

August 13, 2021

The tales which follow really happened. Only the names are fictitious. We start with the story of Bishop Matthew.

He's holding a meeting of his priests' council. (I am present as an observer.)Bishop Matthew is seated at a table, his shiny cuff links in evidence.

A tape recorder makes sure the word-for-word dialogue can be retrieved later if needed to clear up misunderstandings. Early in the meeting a vote is taken. The issue unimportant. The important point is the tally: 24 ayes, 17 nays, 8 abstentions.

The motion is passed.

Later in the meeting, after other items have been dealt with, one of the priests raises his hand with a question: "I have a concern about the decision we seem to have made earlier. What do our by-laws say about what constitutes passage of a motion? Do they require only a majority of those voting, or do they require a majority of all present? If it's the latter, then the motion received less than a majority and it fails.

"As chair of the meeting Bishop Matthew responds: "That's a good point. Does anyone have a copy of our by-laws?

"It turns out, interestingly, that no one actually knows what the by-laws require. And there is no copy available. This is a dilemma.

The bishop comes up with a Solomonic solution.

"When I return to the chancery I will check the by-laws. If they say we need only a majority of those voting, we will have made a decision; if they require a majority of all present, the motion will be tabled the next meeting.

"The italics are mine. It's interesting: a book will determine whether or not a group of human agents has made a decision (which presumably is a collective commitment to take action). His words remain etched in my mind after many years.

Our second tale involves Bishop Luke.

He has recently formed a diocesan pastoral council and has asked me to lead some training of its members.

We are exploring their role as a council and their relation to him as the ordinary.

Bishop Luke doesn't sit up front at a table. He is in the circle like everyone else.

When I divide the body into pairs for some sharing of personal stories, he shares his faith journey with the partner assigned to him.

Later, after some input on their role as council, one of the participants asks, "Bishop, we are being asked to share responsibility with you by offering our counsel on important matters. Are you going to hold the power of veto over our recommendations?"(These council members are people committed to the good of the church, but his question indicates some skepticism: they were not interested in being used as a rubber stamp for what the bishop intended to do in any case.)Bishop Luke responds: "Let me answer in this way: if Rome asks me whether I retain the power to be the final decider, of course I have to say yes. I will always bear the final responsibility for any decision wemake as a council. But I believe that we will always be able to reach a choice that we can all support. So I don't want to hear the word 'veto' any more."And over the course of four years the body made many substantial decisions collegially. The bishop retained his authority as the one bearing ultimate responsibility for the decisions. 'Veto' was never mentioned again.

What's going on here?

I have reflected on these two different experiences and many similar ones over my years as a process facilitator at many levels of church life, parochial, diocesan, and national.

Gradually an insight has been taking shape in my mind. I believe it explains the differences between the two bishops' approaches. And it suggests the difficult task ahead of us.

It may help at the outset to name some things that are not going on here.1) Though they have very different approaches, neither of these bishops is carrying out his office in bad faith.

They are both honorable churchmen, sincere in their intention to do what is best for the church.

That one has even to raise the possibility of bad faith is a sad commentary on our present climate of mistrust and even vitriolic personal attack.

When assessments of performance by imperfect human officials slide quickly into charges of willful abuse of their office, we are all wounded. The issue in our two tales is not 'malice vs. virtue', and it is a disservice to cast it in those terms.2) Neither Matthew nor Luke is cavalier about the authority of canon law, much less dismissive of it.

Both know that the church, like every other organization, needs accepted norms that govern its decisions.If the issue is not between faithfulness and bad faith, neither is it one of 'obedience vs. disregard of authority.' Both bishops are obedient.

They differ, not on the legitimacy of laws, but on the place to be assigned to legal processes themselves in the life and growth of the community of those baptized into the life of Jesus.

Insisting on the moral integrity of each bishop does not, however, mean that their two approaches are equally laudable, or even equally consonant with the Gospel.

Two mind-sets

In each of the two stories the specific choice at stake was undoubtedly consequential for the participants.

Things like clear standards for determining the mind of a council (in the case of Bishop Matthew's presbyteral council), or clear expectations about the role and limits of a consultative body (in that of Bishop Luke), are not trivial matters.

It turns out, though, that those two content concerns are less important than what is revealed by the different approaches each bishop took to the situation at hand.

Their behavior reveals two fundamentally incompatible mind-sets at work.

The issue does not lie in the content, the substance, of canon law, or the procedures established to insure its valid application to particular instances.

It lies in the human spirit.

The difference between Matthew and Luke lies in the attitude each brings to the difficult human process of negotiating differences and making human choices.

I speak of differing attitudes, of differing mind-sets, of something that resides at the level of the human spirit.

Another word in vogue might call them different sensibilities.

Such expressions call for further delineation, lest they lose their analytic potential and become an excuse for moralizing.

How do the two different mentalities manifest themselves? What behavioral indicators point to their presence?

Mentalities based on different priorities

When Bishop Matthew is faced with the question of whether his council had made a decision, his immediate, instinctive response was to seek an abstract legal standard that will address the situation and resolve the dilemma.

He doesn't ask the question of the human dynamics at work.

For him, a decision is not a human commitment to take action.

Instead, the act of human decision-making has been identified with a quantitative indicator of its possible presence.

And further, even that fallible indicator is totally disconnected from the human spirits of those who are voting: it has to be retrieved from a tome on a shelf.

I suggest that we characterize this as a "canonical mentality."(It should be noted that it implies no negative judgment of canonists. They provide an important service to our church. The term applies to a mental or spiritual orientation, not to an occupation.)The canonical mentality privileges pre-defined structural clarity over human relationship.

Issues among flesh-and-blood human beings, which are really issues of human relationship, are dealt with as if they were before all else matters of legal adjudication.

The question at stake in the meeting he was leading was: are the priests on his council genuinely committing themselves to a particular course of action, or not?

But his basic orientation transmutes that real question and makes it one of numerical validation: what number represents a decision?

Bishop Luke's approach, on the other hand, represents a polar opposite.

He was challenged on a question that seems, on the surface, to be about the law: what is the standing of the advice being offered by a consultative body if a veto always threatens to nullify its effect?

Coming from a totally different mentality than his brother bishop, Luke's instinct is to recognize that the human concern being raised is more significant than the legalities at stake.

He acknowledges the questioner's very appropriate desire for genuine engagement and collaboration.

If he were simply to re-affirm that canon law assigns him veto power over any advice from the council, he would be bypassing the human concern underlying the question.

So he addresses that basic concern head-on. His response says, in effect: "we will respect canon law, of course, but this is the way we will relate to each other." I would propose that we call this a "relational mentality."

The difference between the two mentalities is one of attitudinal priority.

The relational mentality addresses first what is taking place in the human dynamics of the situation.

If those are not addressed, if the needs and concerns of the participants in the situation are left unsettled (or worse, conflicted), all the legal correctness in the world will be useless.

For those of a canonical mentality, on the other hand, issues of humanly satisfying interactions, of genuine empowerment and mutual respect, are, at best, an after thought, a distraction.Structural order is offered as the response to issues that are not structural but relational.

Canons get 'translated' into attitudes that negate their intent

Paradoxically, the canonical mentality itself frequently subverts the original intent of the canons themselves.

Take the term 'advisory,' for example.

When a council, whether at the level of the parish or a diocese or the nation, is said to be 'advisory' or 'consultative,' the clear intent of the law is that people who are being asked to serve on such a body will be accorded a new form of empowerment.

Their concerns and ideas are to be received with a seriousness not available in the same way to those among the faithful who were not so selected.

One would reasonably conclude that such an empowerment creates a corresponding new obligation in the leader: the pastor or bishop or body of bishops. Sadly, that is often not the case.

Instead, by a subtle (or not so subtle) process, leaders with the canonical mentality transmute the language of 'advisory' or 'consultative' into 'merelyadvisory' or 'merely consultative.'

That translation then becomes, in effect, "I don't have to bother with what they are saying—it's merely advisory." The deeper intention of the law is subverted.

This mentality then produces a pernicious system-wide effect. It becomes a matter of pulling teeth to get members even to consider serving on a council.

The comment is heard all too often: "Why bother? He (or they) already have their minds made up. I care for our church. But it's not worth my time; I don't want to be treated like a rubber stamp.

"That appropriately reasonable response then gives rise to the self-serving comment often heard on the lips of leaders: "Councils are a waste of time. My people don't want to invest themselves for the good of the community.

"What's really going on?

It doesn't take much analysis to understand why insecure office-holders adopt the canonical mentality. It shields them from the messiness of genuine human engagement.

Living out of a relational mentality is not easy. It requires personal vulnerability.

When a collection of individuals engages in the search for common ground, for shared commitment to courses of action that inherently carry risk and cost, differences of perspective quickly surface.

Which is a nice way of speaking of passions and prejudices and pent-up frustrations and long-held hopes, or perhaps even buried-but-still-simmering hurts over perceived wrongs that took place decades ago.

In short, the whole package of human differences, the stuff that characterizes us as distinct persons.

It is common in courses on leadership to exhort office-holders to listen.

All too often the canonical mentality translates that into 'paying attention to what is being said.

'Vulnerability is quite another matter. Its very derivation involves allowing oneself to be wounded, to be invaded or occupied by ideas or emotions that may be quite disturbing.

It is the direct antithesis of the self-protectiveness embodied in the canonical mentality.

To 'stay at the table' with someone passionately committed to a different proposal, much less a dramatically different priority of values, is very demanding.

Just ask any married couple.

In a genuinely relational interaction I may find myself having to challenge long-held convictions about important matters.

If I step out of my safe place to meet the other, the experience of unsuredness can be quite unsettling.

The very process of engaging in a genuinely human exchange—even if I come out of it more firmly convinced of my position—will change me, willy-nilly.

Bishop Luke was able to enter into relation with the people on his council because he was grounded in the conviction that they would always be able to find common ground, but that conviction was stretched as they wrestled with actual decisions. Vulnerability is costly.

Matthew's canonical mentality, on the other hand, forestalls uncomfortable tensions in the present moment, to be sure.

But the avoidance of relational connection has the effect of eventually generating distrust and even cynicism about the possibility of sharing responsibility as peers. When the 'leader' has all the answers from the start, why bother?

A New Testament perspective

The present malaise over a church lost in the thicket of canonical niceties—and make no mistake, it is widespread—did not arise yesterday.

The Gospel of Matthew places on the lips of Jesus an ordered protocol for dealing with tensions within the Christian community. Some steps must be taken before recourse to others.

"If your brother sins, go and show him his fault in private; if he listens to you, you have won your brother. But if he does not listen to you, take one or two more with you, so that by the mouth of two or three witnesses every fact may be confirmed. If he refuses to listen to them, tell it to the church." (Mt 18:15-17)Granted, the immediate context of the passage is one of fraternal correction rather than one of collective decision-making.

But that fact should not distract us from the deeper principle that is being exemplified.

The first step toward the resolution of situations involving interpersonal tension is to engage the party with whom I am not at peace.

Recourse to third parties, much less to norms expressing a prior collective judgment of the ecclesial community, comes into play only after the effort at relational engagement has broken down.

Before all other distinctions in church polity we are sisters and brothers, peers in our baptismal dignity. Our common dignity as baptized members of Jesus demands of us untiring effort at remaining open to change.

That such a relational mentality was more than a pious ideal among the early followers of Jesus is clear from the behavior of Paul. "When Cephas came to Antioch, I opposed him to his face." (Gal 2:11).He fully accepts the 'canonical' status of Peter and James as accredited leaders in the church.

He submits the assessment of his ministry to their judgment, to be sure, but only after he has accused them directly of hypocrisy, referring to them bitingly as "so-called pillars" whose high reputation meant nothing to him.

His language is scarcely imaginable to us in a church that has come to identify charity with politeness, but it is the language of relationship: of caring and conviction and honesty—and vulnerability.

Of course the most powerful model, in this as in everything, is Jesus. He comes not to destroy the law but to fulfill it.

To that end he does not hesitate to call the keepers of the tradition whited sepulchers. But only because he empathizes with the people they are called to serve.

George Wilson is a Jesuit priest and retired ecclesiologist who lives in Baltimore, Md.

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