Les femmes catholiques sont toujours reléguées en deuxième classe
Les femmes catholiques sont toujours reléguées en deuxième classe
Rêverie sur le motu proprio du pape sur les lectrices et les acolytes
16 janvier 2021
Robert Mickens
Vatican
Notre Sainte Mère l'Église, approfondissant toujours plus sa contemplation et sa compréhension des mystères du salut humain au cours de la longue histoire, a toujours enseigné de diverses manières, bien que parfois voilées, que la Bienheureuse Vierge Marie, Sainte Mère de Dieu, a été le premier être humain, par la puissance du Saint-Esprit, à faire de son Fils et de notre Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, un être réellement et véritablement présent à ceux qui allaient devenir ses disciples, au cours de sa vie terrestre et à travers tous les âges jusqu'à la fin des temps.
Un jour, dans peut-être 50 ou 100 ans, ces lignes, ou d'autres semblables, mais probablement encore plus longues, seront le préambule de l'encyclique papale ou du document conciliaire qui ouvrira enfin le sacerdoce ordonné aux femmes. Ensuite, il y aura des paragraphes sur Marie de Magdala, qui a été la première à proclamer aux autres apôtres la présence du Christ ressuscité... sérieusement.
L'ordination des femmes finira par avoir lieu, car l'Église n'a pas pu trouver un seul argument convaincant pour justifier la perpétuation de la misogynie institutionnelle et institutionnalisée, si ce n'est pour dire : "nous avons toujours fait comme ça".
Lorsque l'Église se débarrassera enfin d'un nombre suffisant de clercs et de cléricaux qui défendent la relégation des femmes dans une citoyenneté de seconde zone, il y aura un pape ou un concile œcuménique - probablement avec un certain nombre d'évêques mariés - qui aura le courage et la sainte volonté d'approuver enfin le sacerdoce féminin.
L'enseignement de l'Église ne change jamais
Mais ils n'admettront jamais qu'ils changent l'enseignement pérenne de l'Église. Et ils ne confesseront jamais que l'ancien enseignement était erroné.
Non. Comme le pape François l'écrit dans son récent motu proprio pour reconnaître juridiquement ce dont au moins deux ou trois générations de catholiques ont été témoins pendant des décennies - à savoir que les femmes sont lectrices à la messe et des jeunes filles servantes d'autel (acolytes) -, le document autorisant les femmes prêtres parlera des "besoins de l'époque" et du "développement doctrinal" et d'une "pratique consolidée"...
Certains s'y opposeront et diront que c'est impossible, voire absurde.
Ils feront remarquer, à juste titre, que Jean-Paul II a fermé la porte à l'ordination des femmes, comme François l'a reconnu à de nombreuses reprises. Mais l'astucieux pape jésuite sait bien que les portes fermées peuvent toujours être ouvertes.
Sortir la porte de ses gonds
Avec le nouveau motu proprio et la lettre d'accompagnement qu'il a envoyée au cardinal Luis Ladaria, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), le pape n'a pas seulement ouvert une porte (dans ce cas pour instituer officiellement des femmes lectrices et acolytes).
« Offrir aux laïcs des deux sexes la possibilité d'accéder aux ministères de l'acolytat et du lectorat, en vertu de leur participation au sacerdoce baptismal, augmentera la reconnaissance, au travers d’un acte liturgique, de la précieuse contribution qu'un grand nombre de laïcs, y compris des femmes, ont offert à la vie et à la mission de l'Église depuis très longtemps », note le pape dans sa lettre au préfet de la CDF.
Ces lignes viennent peu après que François s’appuyant sur le système classique à deux niveaux des ministères dans l'Église utilise ces mots pour justifier pourquoi le niveau supérieur exclut toujours les femmes :
« Une distinction plus claire entre les attributions de ce qu'on appelle aujourd'hui les "ministères non-ordonnés (ou laïcs)" et les "ministères ordonnés" permet d’effacer la réserve des premiers aux seuls hommes.
Si, en ce qui concerne les ministères ordonnés, l'Église "ne se considère pas autorisée à admettre des femmes à l'ordination sacerdotale" (cf. Jean-Paul II, Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, 22 mai 1994), pour les ministères non ordonnés, il est possible, et cela semble aujourd'hui opportun, de dépasser cette réserve.
Elle avait un sens dans un contexte particulier, mais elle peut être reconsidérée dans de nouveaux contextes, en ayant toujours comme critère la fidélité au mandat du Christ et le désir de vivre et d'annoncer l'Évangile transmis par les Apôtres et confié à l'Église afin qu'il soit écouté de manière spirituelle, gardé de manière sainte et fidèlement proclamé. »
Le problème ici est que le baptême est le premier sacrement et le seul nécessaire pour être institué dans un ministère particulier - qu'il soit conféré par un acte liturgique (l’institution) ou par l'ordination.
"Il n'y a ni homme ni femme"
Il n'y a pas de raison théologique ou de commandement divin pour permettre aux femmes d'accéder à certains ministères et leur refuser l'accès à d'autres. Il s'agit là de dispositions créées par l'homme, d'autant plus que Jésus n'a jamais conféré à quiconque le sacerdoce tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Le seul "critère" qui a permis à l'Eglise de lever la "réserve" aux hommes seuls dans ces autres ministères (non ordonnés), dit le pape, est « la fidélité au mandat du Christ et le désir de vivre et de proclamer l'Evangile... afin qu'il soit écouté de manière spirituelle, gardé de manière sainte et fidèlement proclamé ».
Soit les hommes et les femmes sont égaux par le Baptême, soit ils ne le sont pas. Saint Paul dit : "Il n'y a ni homme ni femme" (Ga 3, 28). Par ce premier sacrement, tous sont appelés à la sainteté.
En développant, souvent de manière exagérée, le sacrement des saints Ordres, l’Eglise a construit un système à deux vitesses pour atteindre la sainteté, assurer le ministère ou exercer l'autorité ecclésiale.
Appel universel à la sainteté vs. états de vie supérieurs
Pendant de nombreux siècles, et encore à notre époque, le sacerdoce et la consécration religieuse ont été considérés comme des états de vie supérieurs par rapport au simple baptême.
Mais le Concile Vatican II a formellement confirmé le développement doctrinal de ce que l'on appelle "l'appel universel à la sainteté" basé uniquement sur le baptême dans le Christ.
Pourtant, la distinction entre les deux niveaux du ministère dans l'Église demeure. Les femmes restent les seules baptisées qui sont exclues du premier niveau, celui de l’ordination.
Il semble un peu idiot de faire tout un plat du changement juridique que le pape François a décrété concernant la reconnaissance officielle des femmes qui exercent des ministères qu'elles exercent depuis des décennies.
Des théologiens subtils pourront toujours « plier le bretzel théologique » de la manière qu'ils veulent pour soutenir ou réfuter ce que le pape vient de faire. Cela n'a pas d'importance.
L'Église catholique finira par ordonner des femmes -au diaconat et à la prêtrise -parce que c'est la chose juste et sainte à faire. Et aussi parce qu'une Église qui empêche la moitié ou plus de ses membres de répondre pleinement à l'appel de Dieu au ministère, est une Église paralysée.
Dans le contexte de notre monde en évolution, il est suicidaire de penser qu'il est possible de maintenir les femmes dans une section de seconde classe du Peuple de Dieu. Une Église qui le fait à notre époque est condamnée à devenir une secte.
Mais ne désespérez pas. Il y a le Saint-Esprit. Et il ne laissera pas cela se produire.
Pour en savoir plus
https://international.la-croix.com/news/letter-from-rome/catholic-women-are-still-relegated-to-second-class/13639
Catholic women are still relegated to second class
Musings on the pope's "motu proprio" on female readers and altar servers
January 16, 2021
By Robert Mickens
Holy Mother Church, ever deepening her contemplation and understanding of the mysteries of human salvation over the long course of history, has always taught in various, though sometimes veiled ways, that the Blessed Virgin Mary, Holy Mother of God, was the first human being, through the power of the Holy Spirit, to make her Son and our Savior, the Lord Jesus Christ, really and truly present to those who would become His disciples, during His earthly life and throughout all ages until the end of time.
One day, in maybe 50 or 100 years from now, those words, or others similar to them, but probably even lengthier, will be the preamble to the papal encyclical or conciliar document that will finally open the ordained priesthood to women.
Then there will be paragraphs about Mary of Magdala, who was the first to proclaim the real presence of the Risen Christ to the "other" apostles...Seriously. Women's ordination is going to happen eventually, because the Church has not been able to come up with a single convincing argument to justify its continued perpetuation of institutional and institutionalized misogyny, except to say: "we've always done it this way".
But when the Church finally rids itself of a sufficient number of clerics and clericalists who are defending the Church's relegation of women to second-class citizenship, there will be a pope or ecumenical council -- probably with number of married bishops -- who will have the courage and holy will to finally approve a female priesthood.
Church teaching never changes
But they will never, ever admit that they are changing the Church's perennial teaching. And they will never confess that the former teaching was wrong.
No. Like Pope Francis writes in his recent "motu proprio" to juridically recognize what at least two or three generations of Catholics have witnessed for decades -- namely, that women are readers at Mass (lectors) and girls are altar servers (acolytes) --, the document allowing for women priests will talk about "the needs of the times" and "doctrinal development" and "a consolidated practice"...
Some will object and say this is impossible, even preposterous.
They will point out, correctly, that John Paul II "closed the door" on women's ordination, as Francis has acknowledged on numerous occasions. But the clever Jesuit pope knows full well that closed doors can always be opened.
Taking the door off the hinges
And with the new "motu proprio" and the accompanying letter that he sent to Cardinal Luis Ladaria, prefect of the Congregation for the Doctrine of the Faith, the pope has not just opened a door (in this case to formally institute women lectors and acolytes).
He's begun taking it off the hinges so it can never be closed again."Offering lay persons of both sexes the possibility of accessing the ministries of the Acolyte and the Lector (sic.), by virtue of their participation in the baptismal priesthood, will increase the recognition, also through a liturgical act (institution), of the valuable contribution that a great number of lay persons, including women, have offered to the life and mission of the Church for a very long time," the pope notes in his letter to the CDF prefect.
These lines come shortly after Francis trots out the classic two-tier system of Church ministry and uses some clever wordsmithing to justify why the top tier still excludes women:
A clearer distinction between the attributions of what are today called "non-ordained (or lay) ministries" and "ordained ministries" makes it possible to dissolve the reservation of the former to men alone.
If, with regard to ordained ministries, the Church "does not consider herself authorized to admit women to priestly ordination" (cf. Saint John Paul II, Apostolic Letter Ordinatio sacerdotalis, 22 May 1994), for non-ordained ministries it is possible, and today it seems opportune, to overcome this reservation.
This reservation made sense in a particular context, but it can be reconsidered in new contexts, always having as its criterion fidelity to Christ's mandate and the desire to live and proclaim the Gospel transmitted by the Apostles and entrusted to the Church so that it may be listened to in a religious manner, kept in a holy manner and faithfully proclaimed.
The problem here is that Baptism is the prime sacrament and the only one necessary for one to be instituted in a particular ministry -- whether that be conferred "through a liturgical act (institution)" or ordination.
"There is neither male nor female"
There is no theological rationale or divine command to allow women access to some ministries, but then deny them access to others. These are man-made dispositions, especially because Jesus never conferred a "priesthood" as we know it today on anyone.
The only "criterion" that allowed the Church to lift the "reservation" to men alone in these other ministries, the pope says, was "fidelity to Christ's mandate and the desire to live and proclaim the Gospel... so that it may be listened to in a religious manner, kept in a holy manner and faithfully proclaimed".
Either men and women are equal through Baptism or they are not. St. Paul says, "there is neither male nor female" (Gal 3, 28). Through this prime sacrament all are called to holiness.
The Church has developed the sacrament of Holy Orders, often in an exaggerated manner, which has led, in effect, to the construction of a two-class system of how one attains holiness, provides ministry or exercises ecclesial authority (oversight).
Universal call to holiness vs. higher states of life
For many centuries, and even in our own day, the priesthood and religious consecration were considered "higher states of life" compared to the "merely baptized".
But the Second Vatican Council formally confirmed the "doctrinal development" of what is called the "universal call to holiness" based solely on being baptized in Christ.
Yet, the two classes distinction of Church ministry remains. And women remain the only baptized members who are excluded from the First-Class status of the ordained.
It seems kind of silly to make a big deal about the legal change that Pope Francis has decreed regarding formal recognition of women performing ministries that they have been doing for decades.
Subtle and slippery theologians will still be able to bend the theological pretzel in whichever way they like to support or refute what the pope has just done. It doesn't matter.
The Catholic Church will eventually ordain women -- to the diaconate and to the priesthood -- because it is the right and holy thing to do. And also, because a Church that excludes from one-half or more of its members from fully responding to God's call to ministry, is a crippled Church.
And in the "new contexts" of our evolving and developing world, it is suicidal to even think it is possible to keep women in the second-class section of the People of God. The Church that does so in this day and age is doomed to become a sect.
But don't despair. There is the Holy Spirit. And she won't let that happen.
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