Les évêques australiens

Les évêques australiens ont un problème de transparence

Les évêques doivent regarder au-delà de leur position intouchable en droit canonique et adopter une attitude beaucoup plus ouverte

 

John Warhurst Australie 1er février 2020

 

Les évêques australiens doivent faire preuve d’ouverture à la communauté catholique, nécessaire à la réussite du Conseil Plénier 2020 (PC 2020). Leur penchant pour le secret reste un obstacle.

Ils ne considèrent pas la transparence comme une vertu. Ils ont démontré à deux reprises leur adhésion aux anciennes manières de faire au cours des derniers mois. Qu'ils en soient conscients ou non, le secret est profondément ancré dans la culture épiscopale.

Le premier exemple a été la conduite de la restructuration de l'appareil central de l'Eglise australienne, la Conférence des Evêques Catholiques Australiens (ACBC : Australian Catholic Bishop Conference), qui a été décidée en novembre dernier lors de la réunion biennale de l'ACBC.

Cette restructuration a entraîné une réduction de 50 % du financement de l'administration de l'Eglise de Canberra et dans certaines capitales.

Les subventions aux agences nationales ont été réduites, notamment par la suppression totale du financement des services sociaux catholiques australiens, et des emplois ont été supprimés lors du remaniement du secrétariat général.

L'une des pertes les plus notables a été celle du Conseil autonome des femmes catholiques d'Australie, avec la suppression du Bureau pour la participation des femmes et le renvoi de sa directrice générale, Andrea Dean.

Plus encore est la disparition de nombreux emplois dans les domaines du soutien sur le terrain, de la recherche et du journalisme, ainsi que les réductions de financement dans de nombreux bureaux et commissions. L'ensemble des réductions est d’importance : tant ses contours généraux que ses détails administratifs méritent un plus large débat au-delà de l'ACBC.

Les évêques devraient faire confiance à la communauté catholique et partager les difficultés financières qui les ont amenés à emprunter ce que le président de l'ACBC, l'archevêque Mark Coleridge, a décrit comme « un chemin difficile mais inévitable ».

L'administration nationale des Eglises est financée par des taxes diocésaines et de nombreux diocèses en ressentent clairement les effets. Les revenus diminuent en raison de problèmes bien connus tels que la baisse de la fréquentation et le vieillissement des membres de l'Eglise.

Les dépenses augmentent, notamment les contributions importantes au National Redress Scheme[1] et à Catholic Professional Services Ltd, l'organisme ecclésiastique créé pour mettre en œuvre les nouveaux régimes de protection de l'enfance. Tous les catholiques doivent s'approprier ces problèmes, mais pour ce faire, ils doivent les connaître.

 

 

 

 

À propos du processus de sélection

Le deuxième exemple est la sélection des délégués diocésains au PC 2020. Cette procédure, par laquelle des délégués laïcs, clercs et religieux sont sélectionnés par chaque évêque diocésain, appelle à plus de transparence.

Un petit nombre de délégués, de quatre à huit par diocèse selon sa taille et son statut, sont choisis dans chaque diocèse, officiellement par l'évêque diocésain mais vraisemblablement sur les conseils de ses administrateurs.

Les candidatures ont été sollicitées pour fin janvier/début février, par le biais d'annonces dans les médias catholiques et de bulletins d'information paroissiaux. Les personnes intéressées ont été invitées à fournir une brève explication de leurs intérêts et de leurs qualifications ainsi que les informations personnelles habituelles.

C'est toujours une période de l'année difficile pour prendre des décisions critiques, d’autant en cette fin tumultueuse de 2019, et l'Eglise doit rendre son choix de délégués ouvert et transparent si l'on veut établir la confiance de la communauté dans le PC 2020. Les informations sur le processus de sélection lui-même sont, au mieux, maigres. La représentation des laïcs catholiques, en particulier des femmes, doit être une priorité absolue.

La possibilité d'un changement de mentalité en matière de transparence incombe principalement aux évêques eux-mêmes, individuellement et collectivement. Les instruments de responsabilisation font largement défaut.

Les médias catholiques diocésains, impuissants ou désintéressés, sont inutiles à cet égard. Les évêques doivent regarder au-delà de leur position imprenable dans le droit canon et adopter une attitude beaucoup plus ouverte. La communauté catholique le réclame fortement.

Il existe des remèdes faciles dans les deux exemples ci-dessus et les solutions ne seraient pas difficiles à mettre en œuvre.

Dans le cas de la restructuration de l'ACBC, il n'est pas trop tard pour que les évêques donnent une explication complète, dans un langage clair, de ce qu'ils ont fait exactement et pourquoi ils l'ont fait.

Cela impliquerait une explication détaillée des recettes et des dépenses de l'ACBC, de préférence sous la forme d'une analyse complète des recettes et des dépenses de l'ensemble de l'Église australienne, ainsi qu'une explication complète des changements organisationnels, des réductions et de la restructuration, apportés au secrétariat central, aux commissions et aux conseils.

Dans le cas de la sélection des délégués du PC 2020, lorsque les annonces des délégués désignés de chaque diocèse sont faites au cours du mois de février, elles doivent être accompagnées d'une note expliquant combien de candidatures il y a eu, comment et pourquoi les choix  ont été faits et, s'il y a eu un jury de sélection pour conseiller l'évêque, qui en faisait partie.

La transparence doit être essentielle dans les affaires de l'Église. Les évêques devraient commencer l'année 2020 en tournant une nouvelle page.

 

John Warhurst est professeur émérite de sciences politiques à l'Université nationale australienne et président de Concerned Catholics Canberra Goulburn. Il a soumis une manifestation d'intérêt pour être délégué du PC 2020 de l'archidiocèse de Canberra-Goulburn.

 

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