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Le Concile Plénier australien

Le Concile Plénier[1] australien doit s'attaquer à l'inertie structurelle de l’Eglise et à son déclin

Il devrait construire une vision nationale de l'Eglise australienne, occupant  l'espace vide laissé par l’inertie de la Conférence des Evêques (ACBC[2])

John Warhurst

Australie

                                       Deux documents, de et sur l'Église en Australie, publiés en décembre dernier, doivent devenir des documents de travail pour tous les délégués du futur Concile plénier[3] (CP).

 

Ils donnent une vision cruciale de l'état de l'Église en Australie et, ensemble, ils brossent un tableau de son inertie et de son déclin.

Le premier, « Rapport 2016 de l’assistance à la messe en Australie » The Australian Catholic Mass Attendance Report 2016, publié par le « Centre National pour la Recherche Pastorale » National Centre for Pastoral Research (NCPR), dresse le portrait du déclin de l'Eglise aujourd’hui, bien que les données datent de cinq ans.

 

Le second est la réponse de la Conférence des évêques catholiques australiens au rapport « Lumière de la Croix du Sud : Gouvernance co-responsable dans l’Eglise australienne » Light from the South Cross : Co-Responsible Governance in the Catholic Church in Australia (LSC). Si peu encline à adopter un point de vue commun sur les grandes questions de gouvernance de l'Eglise elle illustre l'inertie nationale.

 

La réponse des évêques aborde les 86 recommandations du rapport LSC.

 

Leurs réponses vont de l'accord de principe, à l'accord en dehors de leur compétence (la compétence étant soit celle des évêques locaux et des diocèses, soit celle du Vatican) à l'absence d'accord.

 

Leurs remarques générales vont du compliment à des affirmations extrêmement préoccupantes concernant l'Église. Dans cette dernière catégorie se trouve leur remarque selon laquelle, pour les catholiques, la structure hiérarchique de l'Eglise est une donnée de base. Elle est assénée sans commentaire.

La réponse des évêques est incohérente[4] et « in fine » contre productive quant à une des recommandations clés du rapport, à savoir la demande de conseils pastoraux diocésains élus, qu'ils discutent dans différentes parties de leur réponse. Ils affirment que le droit canonique autorise et même encourage ces conseils, mais n’autorise pas leur élection.

 

Ils suggèrent que ces déclarations (du rapport LSC) -qui font aujourd’hui autorité- les encouragent mais les laissent libres. L'ACBC en tant que telle refuse de céder et n’invite pas les diocèses australiens à le faire.

 

Le contexte de cette inertie est la compréhension que l'ACBC se fait de son rôle : elle accuse le rapport du LSC de malentendu (Cf. note 4). Elle conclut que, hormis "de manière très limitée", il "ne gouverne pas l'Église en Australie et n'exerce pas de contrôle sur les évêques". Il n'est pas "une couche de surveillance au-dessus des évêques et de leurs diocèses".  L'ACBC fait un pas en arrière très malvenu (Cf. note 4).

 

La réponse des évêques (au rapport LSC) ne contient aucune déclaration positive sur le rôle collectif que l'ACBC pourrait jouer.

 

Elle est ferme sur ce qu'elle ne veut pas faire (pas de co-responsabilité, de supervision ni de contrôle, pas de rapports annuels des diocèses) et ne saisit pas cette occasion d'envisager la contribution que les évêques pourraient collectivement apporter à la construction d’un projet pour l'Église en Australie.

 

Une vision nationale pour l'Église en Australie

Pourtant, le Concile Plénier est, de par sa nature même, un événement national chargé de bâtir une vision pour l'Église en Australie afin de résoudre le décalage entre sa structure et les aspirations du Concile pour la renouveler.

Les évêques expriment leur optimisme et concluent que les demandes de réforme montrent que "les catholiques n'ont pas renoncé à l'Église mais croient qu’elle peut à l'avenir être meilleure ". Pourtant, le rapport sur la fréquentation des messes confirme que l'Eglise est en crise en Australie.

Les statistiques sont tellement accablantes qu'il est difficile de savoir par où commencer.

Parmi les faits majeurs que ce rapport identifie, on peut citer que :

- au cours des 20 dernières années, la fréquentation des églises par les catholiques nés en Australie et dans d'autres pays anglophones a presque diminué de moitié ;

- la fréquentation globale est vieillissante et un tiers des personnes qui les fréquentent ont entre 60 et 74 ans ;

- la fréquentation des messes un dimanche ordinaire est de 11,8 % des catholiques (9,5 % des hommes et moins de 6 % des personnes âgées de 20 à 34 ans) ;

- comme toujours, les femmes font monter les statistiques de fréquentation (plus de 60 % des personnes présentes) ;

- en revanche, la fréquentation des personnes nées dans des pays non anglophones a plus que doublé en 20 ans, passant de 18 % à près de 37 %.

En termes mesurés mais forts, le NCPR ne laisse aucun doute sur le fait que le tableau de l'Église en Australie est sombre.

Il conclut que si 2011 (l'année du rapport précédent) était critique, les chiffres montrent que 2016 l’est plus encore ; l’urgence n’a jamais été aussi grande dans l'histoire de l'Australie.

Le NCPR conclut que « l’extraordinaire devrait se produire pour un renversement ou une stabilisation de la baisse de la fréquentation ».

Les délégués du Concile vont se réunir en octobre avec un sentiment d'urgence.

Le Concile Plénier devrait construire une vision nationale de l'Eglise australienne, occupant  l'espace vide laissé par l’inertie de l’ACBC. Nous devons espérer et prier pour qu’il soit l'événement extraordinaire que le NCPR imagine pour redresser l'Eglise. De profondes réformes culturelles et structurelles sont nécessaires.

 

John Warhurst est professeur émérite de sciences politiques à l'Australian National University, président de Concerned Catholics Canberra Goulburn[5] et délégué au Concile.

https://international.la-croix.com/news/religion/australias-plenary-council-must-address-structural-inertia-and-church-decline/13866


[1] Concile national

[2] Autralian Catholic Bishop Conference

[3] Devrait débuter en octobre 2021

[4] Ce sont les évêques qui ont demandé ce rapport

[5] Groupe de catholiques d’ouverture du diocèse de Canberra

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