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La farce est terminée

La farce est terminée

Le modèle d'Église centré sur le clerc est dépassé : le catholicisme doit en changer

Ray Lyons

Royaume-Uni

1er novembre 2021

"Il est derrière vous !" crie le public à Dame Trott[1].

"Il est derrière vous !" semble être le cri qui monte de la grande majorité des catholiques en direction du clergé et de l'Église institutionnelle.

La pandémie de COVID a révélé les nombreuses failles de la société moderne. Elle a également mis en évidence les échecs de l'Eglise institutionnelle. Les liturgies internet où le prêtre seul tente de "célébrer" la messe en l'absence de la communauté, montrent l'incongruité du modèle médiéval d'une Eglise qui essaie de survivre dans le contexte du 21ème siècle. Le prêtre qui s’investit sur la scène d’une église vide se révèle n'être guère plus qu’un personnage de farce.

Trop d'évêques, de prêtres et de diacres regardent derrière eux une époque révolue où l'Église institutionnelle était florissante et où ils étaient le seul centre d'attention et d'autorité spirituelle et temporelle.

Le fléau clérical doit prendre fin.

Suppression de tous les titres

Bien que le service et les offices demeurent, tous les titres (Révérend, Dom, Père, Monseigneur, Votre Grâce, Excellence et oui, Saint-Père) doivent disparaître. Leur seul but est de maintenir et de promouvoir le modèle médiéval et dépassé de l'Église. Pourquoi les titres de sœur et de frère ne suffisent-ils pas ? Tout ministère est fondé sur notre dignité baptismale de sœurs et de frères.

Au cours des 100 dernières années et plus encore, de nombreux prophètes ont proposé et défendu de nouveaux modèles pour l'Église catholique. Mais à l'exception peut-être des évêques de Vatican II, leurs voix n'ont pas été entendues et ont été rejetées par ceux qui détiennent l'autorité dans ce modèle médiéval en voie de disparition.

Malheureusement, les « dames de la farce » continuent à occuper la scène cléricale et à fermer délibérément les yeux sur les communautés qui disparaissent devant elles. Au Royaume-Uni, plus de 80 % des catholiques participent rarement, voire jamais, à l'assemblée communautaire dominicale. En Europe c'est encore pire, avec jusqu'à 98 % d'absents.

La vérité est que le modèle médiéval maintenu désespérément par le clergé ne peut survivre dans un monde occidental de plus en plus démocratisé. Dans de nombreux diocèses, les évêques sont incapables de recruter suffisamment de « dames de la farce » pour maintenir le spectacle.

Importer des prêtres n'est pas la solution

Ils se sont donc tournés vers l'importation de prêtres d'Europe de l'Est, d'Afrique et d'Asie, dans l'illusion qu'en gardant les portes de la salle ouvertes, la représentation pourrait se poursuivre.

En fait, le gouffre du vide culturel et institutionnel que ces prêtres importés révèlent s’agrandit. La COVID dévoile la réalité. Le reste de l'Eglise est passé à autre chose et ce n'est qu'une question de temps avant que le théâtre ne ferme ses portes.

Le pape François reconnaît que ce modèle ne peut survivre et que le modèle synodal doit le remplacer.

C'est probablement la réponse à long terme, mais je crois que l'Esprit Saint nous guide vers un retour rapide et urgent aux modèles originaux de communauté que nous trouvons dans les Actes.

Tant dans les Évangiles que dans les Actes, nous lisons fréquemment que les foules, les disciples, les apôtres et les premiers chrétiens, ne comprenaient pas ce qu'ils voyaient et entendaient ou même n’y croyaient pas. Mais ils appartenaient à la communauté des disciples de Jésus. Pourquoi devrait-il en être autrement aujourd'hui ?

Pour la plupart des catholiques occidentaux, le fait d'appartenir à une communauté de foi prime sur le fait de croire ce que l'Église institutionnelle enseigne.

Parce qu’ils ne croient plus en ce que l'Église institutionnelle proclame sur tant de questions de foi "traditionnelle" et en particulier sur la morale, ils ont soit voté avec leurs pieds et sont partis, soit sont en train de trouver de nouvelles façons d'appartenir à une communauté de foi.

L'Esprit Saint à la rescousse

Au lieu d'être des disciples passifs assis sur les bancs, qui prient et paient, regardant un berger solitaire qui tente de protéger un troupeau de plus en plus réduit dans des églises presque vides, des membres dispersés de communautés se rassemblent pour partager et prier.

Dans les régions du monde où les évêques et les prêtres ont toujours été rares, les catéchistes, les lecteurs et les acolytes sont devenus des bergers efficaces.

Finalement, des presbytres[2] (un meilleur terme que le mot non scripturaire de "prêtres" ; cf. Hébreux 7-10) émergeront à nouveau pour guider et nourrir ces communautés plus petites mais en pleine croissance. Les disciples passifs redeviendront des apôtres actifs et engagés.

L'Église institutionnelle, dans un effort de moribond pour conserver son modèle dépassé, refuse la source et le sommet de l'Église - l'Eucharistie - à la plupart des communautés catholiques.

Mais l'Esprit Saint semble fournir à ces dernières de plus en plus de manne.

Les communautés de base, en communion avec l'évêque local, peuvent être la voie d’évolution de l’Eglise, comme dans l'hémisphère sud.

Une nouvelle structure est nécessaire. Elle ne pourra émerger que sous l'impulsion de l'Esprit Saint et d'une nouvelle organisation.

Une nouvelle ère du voyage commence.

En attendant, les brebis sans bergers doivent trouver de nouveaux pâturages et chercher elles-mêmes leur nourriture.

Les plus courageuses d'entre eux doivent permettre à l'Esprit Saint de les guider et de les conduire jusqu'à ce que de nouveaux bergers émergent de leurs communautés.

Ray Lyons est un presbytre du diocèse de Portsmouth (Angleterre).

Cet article est une version légèrement modifiée d'un article paru initialement dans le numéro de septembre de RENEW, un trimestriel publié par le groupe réformateur britannique "Catholics for a Changing Church" (Des catholiques pour une nouvelle Eglise)

 

traduit par J.Paul  pour la CCB lyon

 

 

 

The pantomime is over

Catholicism needs to fix its broken, cleric-centered model of Church

By Ray Lyons

United Kingdom

November 1, 2021

Dan Leno as a pantomime "dame" in Jack and the Beanstalk (1899).Leno is shown in costume as the character Dame Trot in this pantomime, produced at the Theatre Royal, Drury Lane, which opened in London at Christmas 1899.

"He's behind you!". "He's behind you!" shouts the audience to the pantomime dame.

"It's behind you!" seems to be the silent but increasing shout from the vast majority of Catholics to the clergy and the institutional Church.

The Covid pandemic has exposed many failures in modern society. It has also graphically exposed the failures of the institutional Church in the 21st Century. Online "live-streaming" of liturgies with just the priest trying to "celebrate" Mass in the absence of the community, exposes the incongruity of the medieval model of a Church trying to survive in a 21st century context.

The vested priest "on the stage" in an empty church building reveals himself as little more than the pantomime dame. Far too many bishops, priests, and deacons continue to look behind them for a bygone age when the institutional Church flourished and they were the sole focus of attention and spiritual and temporal authority.

The clerical scourge must end.

Away with all titles

Whilst service and offices remain, ALL titles (Rev, Very/Most Rev, Canon, Monsignor, My Lord, Your Grace, Excellency and yes, Holy Father) must go now. Their only purpose is to maintain and promote the outdated medieval model of Church.

Why are the titles Sister and Brother alone not sufficient? All ministry is based in our Baptismal dignity as sisters and brothers.

Over the past 100 years or more, numerous prophets have offered and argued for new models for the Catholic Church. But with the possible exception of the bishops of Vatican II, their voices have gone unheard and rejected by those who hold "Authority" in our dying medieval model.

Sadly, the pantomime dames continue to occupy the stage/sanctuary and deliberately turn a Nelson's eye to the vanishing communities before them.

In the UK, 80%+ of Catholics rarely, if ever, join the community assembly each Sunday. In many European countries it's even worse, with up to 98% totally absent.

The truth is that the medieval model the clergy are so desperate to maintain cannot survive in an increasingly democratized (western) world.

In many dioceses, bishops are increasingly unable even to recruit sufficient, if any, pantomime dames to keep the show on the road.

Importing priests is not the answer

So they have turned to smuggling them in though the stage door from Eastern Europe, Africa, and Asia, in the delusion that whilst they keep the front of house doors open at least the matinee performance will keep the lights on.

If anything, the cultural and institutional void these imported priests reveal is accelerated. Covid is exposing the reality. The rest of the Church has moved on and it is only a matter of time before the theatre goes dark.

Pope Francis certainly recognizes that this broken model cannot survive and that a synodal model must replace it.

That may be the longer term answer, but in reality I believe the Holy Spirit is guiding us to a swifter and more urgent return to the original models of community we find in Acts.

Both in the Gospels and in Acts, we frequently read that the crowds, the disciples, even the apostles and the early Christians, did not understand or believe what they saw and heard. But still they belonged to the community of followers of Jesus. Why should it be any different today?

For most western Catholics, at least belonging to a faith community trumps believing what the institutional Church teaches as their primary motive.

If they no longer believe what the institutional Church proclaims on so many matters of "traditional" faith, and especially morals, they have either voted with their feet and left or are now finding new ways of belonging to their faith communities.

The Holy Spirit to the rescue

Instead of passive disciples sitting in the pews "praying and paying", watching a lone shepherd trying to coral the ever decreasing remnant in near empty churches, some in the scattered communities are gathering together to share and pray.

In parts of the world where bishops and priests have always been rarities, catechists, lectors, and acolytes have become the effective shepherds.

Eventually, "presbyters" (a better term than the unscriptural "priests"; cf. Hebrews 7-10) will emerge again to guide and nourish these sometimes smaller, but growing, communities. Passive disciples will become active and engaged apostles again.

The Institutional Church, in a dying effort to retain its outdated model of Church, refusesto provide the means and opportunities for the "source and summit" of the Church -- the Eucharist -- to most Catholic communities.

But the Holy Spirit seems to be increasingly providing manna for them.

Basic Communities, in communion with the local bishop, could well be the way the Church evolves here as in the southern hemisphere over the past 60/70 years.

A new superstructure will increasingly be required, and that can only emerge as an act of the Holy Spirit and a new general council of the Church.

A new era of the journey has only just begun. In the meantime the sheep need to find new pastures without appointed shepherds and to forage for nourishment themselves.

Braver members among them must allow the Holy Spirit to guide and lead them until new shepherds emerge once again from their communities.

Ray Lyons is a presbyter in the Diocese of Portsmouth (England).

This is a slightly edited version of an article that originally appeared in the September issue of RENEW, a quarterly published by British reform group "Catholics for a Changing Church".

Read more at:

https://international.la-croix.com/news/religion/the-pantomime-is-over/15139


[1] Allusion à un conte anglais mis en scène, Jacques et le haricot magique, où les spectateurs crient à la mère de Jacques que l’ogre est derrière elle.

[2] Anciens

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