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L'Esprit dans l'Assemblée

L'Esprit dans l'Assemblée

Préparer la rencontre du Synode des évêques sur la synodalité

Austen Ivereigh

États-Unis

18 septembre 2021

L’événement de mon vivant le plus important de l'Église catholique démarre officiellement le mois prochain.

Il s'agit de la démarche la plus audacieuse du pape François à ce jour, du bouleversement historique dont une Église affaiblie par les scandales d'abus sexuels a cruellement besoin et, potentiellement, de l’étape la plus transformatrice du catholicisme depuis le concile Vatican II, qu'il cherche [Vatican II] à ancrer définitivement dans la vie de l'Église.

Le "synode sur la synodalité", lancé à Rome le 9 octobre prochain et dans les diocèses du monde entier une semaine plus tard, devrait marquer le christianisme à jamais.

Pourtant, qui est informé ? Un processus mondial destiné à mobiliser des millions de personnes et à transformer la plus ancienne et la plus grande institution du monde n'est jusqu'à présent qu'un simple écho sur le radar catholique.

Les évêques, pourtant informés par le secrétariat du synode de Rome en mai dernier, restent discrets sur le sujet, se cachant derrière des communiqués prudents publiés sur les sites internet, attendant des détails, craignant de déclencher forces et attentes qui les dépasseraient.

Commençons par un paradoxe.

Le chemin vers l'assemblée de 2023 du Synode des évêques à Rome, sur le thème "Pour une Église synodale : communion, participation et mission", est conçu pour engager chaque diocèse, chaque conférence épiscopale et chaque continent. Il s’agit de la plus grande consultation populaire de l'histoire.

Comme jamais auparavant il engagera le peuple de Dieu dans des réunions dans les paroisses et les diocèses du monde entier. Il se verra offrir "la possibilité d'imaginer un avenir différent pour l'Église et ses institutions, en accord avec la mission qu'elle a reçue", selon les termes du document préparatoire (DP) publié la semaine dernière.

Pourtant, jusqu'à présent, le silence a été presque total. Votre curé vous en a-t-il parlé ?

Pour les responsables pastoraux, comme le dit le Vademecum du secrétariat du synode, "Ce processus de consultation suscitera tous les sentiments... de l'excitation, de la joie, de l'anxiété, de la peur, de l'incertitude ou même du scepticisme."

L'anxiété est réelle. L'Église catholique est déjà un lieu profondément polarisé. Et si, lorsque les gens parleront avec audace, tout s'écroulait ?

Dans ce champ d'hésitation s'invitent les militants des deux camps, traditionalistes et progressistes, avec leur herméneutique de la peur et du soupçon.

Dans l'édition du 9 septembre de l'émission de Raymond Arroyo[1] sur EWTN[2], son acéré invité, Damian Thompson[3], a déclaré que les synodes étaient « un moyen de démanteler les enseignements historiques, une voie sûre vers le protestantisme ». Il était convaincu que "l’Esprit ne sera pas présent parce qu'il a mieux à faire".

Le lendemain, le 10 septembre, l'ancienne présidente irlandaise et militante pour la réforme de l'Église, Mary McAleese, s'est adressée au synode initié et dirigé par des laïcs en Angleterre[4]. Elle a décrit le synode comme un "processus absurde" qui était finalement "inutile" parce qu'il ne reconnaissait pas "la pleine égalité de tous les membres en tant que citoyens de l'Église".

La preuve qu’elle avance est que, après la phase initiale de consultation et d'écoute dans les diocèses, les évêques seront seuls responsables du processus de déroulement et de discernement dans le choix de transmettre à Rome.

C'est ce qu'est un synode catholique. Contrairement aux synodes d'autres traditions, la version romaine est consultative. La responsabilité finale du discernement et des décisions qui en découlent incombe aux évêques et, en dernier ressort, au pape, assistés dans leur discernement par le corps des croyants.

C'est ce que dit la théorie.

En pratique, avant ce pontificat, toute consultation du peuple de Dieu avant un synode était au mieux superficielle et les synodes étaient moins des exercices de discernement que la confirmation de croyances et de pratiques existantes.

Tout cela a changé sous François. Depuis son élection, lorsqu'il a annoncé qu'il voulait avancer "doucement, mais fermement et avec ténacité" vers une Église synodale, François a réveillé cette institution catholique en sommeil.

Les synodes à Rome (il y en a eu quatre) sont maintenant pastoraux, inductifs et dynamiques ; le discernement est authentique. La conversion est initiée et des changements en résultent, comme dans le quinzième chapitre des Actes des Apôtres.

Mais jusqu'à présent, le peuple de Dieu a été un spectateur passif. C'est ce que ce synode se propose de changer.

Un synode n'est pas un programme mais un processus

L'objet des deux prochaines années n'est pas un processus ponctuel mais une conversion permanente, qui implique la transformation et l'orientation versus populum [5] de l'institution synodale existante relancée par le Concile Vatican II.

Comme le dit le Vademecum publié la semaine dernière par le secrétariat du synode : "Alors que le synode des évêques s'est déroulé jusqu'à présent comme un rassemblement d'évêques avec et sous l'autorité du pape, l'Église réalise de plus en plus que la synodalité est la voie à suivre pour tout le peuple de Dieu."

Cela signifie prendre des décisions pastorales "qui reflètent la volonté de Dieu aussi étroitement que possible, en les ancrant dans la voix vivante du peuple de Dieu."

Il ne s'agit pas, bien sûr, de diviniser la volonté populaire, comme prétendait le faire la Révolution française ; les évêques discernent, le pape décide. Mais se fait jour une véritable reconnaissance de la volonté divine – et de la présence de l'Esprit et du diviseur qui cherche à le contrecarrer – d’impliquer tout le corps des fidèles et pas seulement les évêques.

Ainsi, le but de ce synode, le but d'une Église synodale, est « d'écouter, en tant que peuple de Dieu tout entier, ce que l'Esprit dit à l'Église ». Il s'agit de faire du peuple de Dieu l’acteur du processus de discernement, plutôt qu’un spectateur passif.

Il n'est pas surprenant que la plupart des catholiques n'aient pas encore saisi ce défi.

Une Église habituée à un modèle de commandement et de contrôle vertical ne s'adapte pas facilement à la synodalité, qui est "une dimension essentielle de l'Église", comme l'a dit François dans son discours novateur d'octobre 2015. L’Eglise ressemble à un muscle non exercé. L'exercer à nouveau soudainement n'est pas une mince affaire ; ce sera laborieux, douloureux, et peut sembler utopique.

Mais « c'est ce que Dieu demande à l'Église au cours du troisième millénaire », a déclaré François dans le même discours de 2015. C'est une conclusion qui est le fruit d'un profond discernement étalé sur plusieurs décennies.

Le vademecum et le document préparatoire ont été publiés. Le premier commente le sens de la synodalité et énumère des "pratiques bonnes et fructueuses" pour la rendre possible ; le second prépare le terrain pour la phase initiale, diocésaine, du processus.

Les deux documents disent clairement que ce qui est en jeu est un changement de culture.

Un synode n'est pas appelé à défendre ou à changer quoi que ce soit ; il est appelé à permettre à une assemblée de discerner ce que l'Esprit Saint demande à l'Église en ce moment par rapport à la mission pour laquelle elle existe : évangéliser.

En d'autres termes, ce synode n'est pas un programme, mais un processus ; ou plutôt, le programme est le processus qui porte sur la manière dont l'Église peut devenir synodale.

Les conservateurs et les progressistes peuvent débattre de ce concept. Si un synode ne renforce pas la tradition face à de nouvelles menaces, disent les conservateurs, ou s'il ne conduit pas à des réformes attendues depuis longtemps pour faire progresser l'égalité, disent les progressistes, alors l'ensemble du processus synodal ne peut être pris au sérieux. Pour eux, il est soit inutile, soit dangereux.

Pourtant, une réunion appelée à se mettre d'accord sur un programme préétabli n'est pas un synode, quel que soit le nom qu'elle se donne. Les synodes ont pour but d'être attentifs à ce que l'Esprit essaie de dire à l'Église, et non à ce que les opersonnes ont décidé à l'avance ce que l'Esprit devrait dire.

Ce synode nous invite à scruter les signes des temps en lisant dans le sensus fidelium le mouvement des esprits dans le peuple de Dieu réuni par les responsables de l'Église. Il s'agit d'un processus ecclésial de discernement, dans un objectif missionnaire, non seulement pour le peuple mais avec le peuple, sous la conduite des évêques.

Les synodes ont pour but d'être attentifs à ce que l'Esprit essaie de dire à l'Église.

Le DP présente cela comme l'interconnexion de Jésus, de la foule et des apôtres. Jésus, qui prend l'initiative, est constamment ouvert au peuple, le reconnaissant comme interlocuteur d'une manière qui choque et scandalise. En même temps, il appelle certains à le suivre et leur confie la responsabilité d'aider les autres à le rencontrer.

Selon le DP, ces trois acteurs sont essentiels : sans Jésus (l'Esprit) comme protagoniste, le synode se transforme en un jeu politique entre les apôtres et la foule, un parlement ecclésiastique. Sans la foule, il devient sectaire et autoréférentiel, une secte exclusive et repliée sur elle-même. Sans les apôtres instruits par l'Esprit, la foule risque d'être la proie du mythe et de l'idéologie.

Le DP ajoute que c'est le rôle d'un quatrième acteur, le malin, de tenter de séparer ces trois acteurs. Sans ces trois acteurs, le peuple de Dieu, l'Esprit et les évêques, il n'y a pas de vrai synode.

C'est ce qui est si difficile. Nous n'avons pas de modèle pour cela ; et, lorsque nous regardons laïcs et clercs autour de nous cela semble irréaliste. Un synode exige des attitudes et des mentalités qui semblent presque à l'opposé de ce à quoi nous sommes habitués dans notre vie quotidienne d’Église.

Les documents synodaux nous demandent de parler avec audace et honnêteté (parrhesia) et de créer l’espace pour que ceux qui parlent rarement puissent le faire.

Les textes nous demandent d'être humbles dans l'écoute, d'être ouverts à changer d'avis à la lumière de ce que nous entendons et d'accepter que nous ne possédons pas plus la vérité que nous sommes possédés par elle.

Nous devons abandonner le mythe de notre autosuffisance, renoncer aux préjugés et aux stéréotypes, renoncer à notre rigidité et apprendre à reconnaître l'Esprit qui se déplace là où nous l'attendons le moins.

Nous devons également abandonner l'attrait du cléricalisme, voir que le véritable pouvoir réside dans le service, que les voix de tous les baptisés doivent être entendues.

Si nous devons être audacieux dans l'expression de nos points de vue, nous devons résister à la tentation d'une polarisation stérile, car là où deux points de vue s'opposent, un troisième peut se présenter, transcendant les deux.

Entrer dans la synodalité, c'est embrasser une alchimie dans laquelle l'Esprit agit comme une complexio oppositorum[6], dans laquelle ce qui est bon de part et d'autre est préservé dans la vision finale.

Tout en reconnaissant que "le processus synodal appellera naturellement à un renouvellement des structures aux différents niveaux de l'Église afin de favoriser une communion plus profonde, une participation plus complète et une mission plus fructueuse", le Vademecum ajoute que ce renouvellement découle de la conversion des membres du Corps.

Ce renouveau ne peut se faire qu'en pratiquant la synodalité : en passant du temps dans les rencontres humaines, dans les réunions paroissiales et autres réunions de consultation synodale, mais aussi de manière informelle : en partageant un repas, en marchant ensemble, etc. Cette synodalité informelle - " renouveler l'Église ", comme le dit le Vademecum, " par de nouvelles expériences de fraternité les uns avec les autres " - aide ceux qui sont intimidés par les réunions plus formelles à s'ouvrir.  C’est l'un des principaux défis. Comment entendre l'Esprit parler à travers ceux qui ne parlent pas habituellement ? Comment éviter que le processus ne soit détourné par ceux qui s'expriment et sont instruits ?

Comme le note le DP, l'Église doit faire face au poids de son propre héritage cléricaliste, "avec ses formes d'exercice de l'autorité sur lesquelles se greffent les différents types d'abus (de pouvoir, économiques, de conscience, sexuels)". Elle doit faire face à l'impact d'une culture qui oscille entre l’intolérance du monde à l'égard de la religion et l'intolérance religieuse fondamentaliste.

Toutes ces attitudes ne peuvent être transcendées que par une conversion synodale.

Selon les termes du DP, "la capacité d'imaginer un avenir différent pour l'Église et ses institutions, en accord avec la mission qu'elle a reçue, dépend largement de la décision d'engager des processus d'écoute, de dialogue et de discernement communautaire, auxquels chacun peut participer et contribuer." Cela signifie être " éduqué par l'Esprit à une mentalité synodale par un processus de conversion " dont dépend désormais la mission de l'Église.

C’est un défi redoutable : en cinq mois seulement, chaque Église particulière - habituellement, une conférence épiscopale - doit organiser la consultation de tout le peuple de Dieu à travers ses diocèses et ses communautés religieuses autour d'une ou deux questions clés. Une Église synodale, en annonçant l'Évangile, fait route ensemble. Comment ce chemin ensemble se déroule-t-il aujourd'hui dans notre Église particulière ? Quelles étapes l'Esprit nous invite-t-il à franchir pour grandir dans notre cheminement ensemble ?

Chaque Église particulière doit synthétiser sa réponse en un maximum de dix pages.

À partir de ces synthèses, le secrétariat du synode créera le premier document de travail, qui sera examiné et travaillé par les évêques au niveau continental ou régional avant mars 2023. La synthèse produira ensuite un second document de travail avant juin 2023, qui sera affiné et finalement voté par le synode des évêques qui durera trois semaines à Rome en octobre de la même année. Leur rapport final sera remis au pape.

Trop et trop tôt ? C'est là le problème.

Le génie de ce processus est qu'il révélera de manière frappante à quel point le chemin vers l'Église synodale dont François rêve est peu fréquenté, à quel point la culture d'une Église de commandement et de contrôle est anti-synodale.

C'est une bonne chose, car aucune conversion ne se produit sans une première confrontation brutale avec la vérité de ce que nous sommes, suivie d'une prise de conscience de l'aide nécessaire de l'Esprit pour nous amener là où nous sommes appelés à être.

Si cette humilité et cette ouverture à la grâce s'avèrent être les principaux fruits du synode, la récolte sera riche.

Austen Ivereigh[7] est collaborateur régulier de Commonweal[8] et membre du groupe « Histoire de l'Église contemporaine » au Campion Hall de l'Université d'Oxford, géré par les jésuites. Son livre le plus récent est Pope Francis Let Us Dream : A Path to a Better World. Conversations with Austen Ivereigh -Le pape François nous fait rêver : un chemin vers un meilleur monde. Entretiens avec Austen Ivereigh- (Simon & Schuster)

Cet article a été publié pour la première fois dans le magazine Commonweal.

Pour en savoir plus :

https://international.la-croix.com/news/religion/the-spirit-in-the-assembly/14904

The Spirit in the Assembly

Preparing for the Synod of Bishops' gathering on synodality

By Austen Ivereigh

United States

September 18, 2021

The most far-reaching event in the Catholic Church in my lifetime officially gets its start next month.

It is Pope Francis's boldest move yet, the historic shake-up that a Church brought low by sex-abuse scandals badly needs, and potentially the most transformative moment in Catholicism since the Second Vatican Council, which it seeks to embed permanently into the life of the Church.

The two-year "synod on synodality," launched in Rome on October 9 and in dioceses worldwide a week later, is set to mark Christianity forever.

Yet who knows it is even happening? A global process set to mobilize millions and transform the world's oldest and largest institution has so far registered as no more than a blip on the Catholic radar.

Bishops briefed by Rome's synod secretariat back in May have been mostly quiet about it, hiding behind cautious communiqués buried on websites, awaiting details, fearful of unleashing forces and expectations beyond their command.

So we begin with a paradox.

The path to the 2023 assembly of the Synod of Bishops in Rome, on the theme "For a Synodal Church: communion, participation and mission," is designed to engage every diocese, every bishops' conference, and every continental Church body.

It will unleash the biggest popular consultation in history.

It will require, as never before, the assembly of the People of God, in mass meetings at parishes and across dioceses around the world, who are being given "the ability to imagine a different future for the Church and her institutions, in keeping with the mission she has received," in the words of the Preparatory Document released last week.

Yet so far the disengagement has been almost total. (Has your parish priest mentioned anything? I thought so.)

For pastoral leaders, as the synod secretariat's Vademecum puts it, "this consultation process will evoke a range of feelings…from excitement and joy to anxiety, fear, uncertainty or even scepticism."

The anxiety is real. The Catholic Church is already a deeply polarized place. What if, when people speak boldly, it all falls apart?

Into this vacuum of hesitancy step militants of both sides, traditionalists and progressives, adding their hermeneutic of fear and suspicion.

On the September 9 edition of Raymond Arroyo's EWTN show, his acerbic guest, Damian Thompson, declared that synods were "a means of dismantling historic teachings," a sure route to Protestantism. He was confident "the Holy Spirit won't be present because the Holy Spirit has better things to do."

The following day a "lay-led" and "inclusive" Root and Branch Synod in England was addressed on September 10 by former Irish president and Church-reform campaigner Mary McAleese, who described the synod as an "absurd process" that was ultimately "pointless" because it failed to recognize "the full equality of all members as Church citizens."

Her proof was that, following the initial consultation and listening phase in the dioceses, the bishops alone would be responsible for taking the process of discernment forward.

Yet this is exactly what a Catholic synod is. Unlike synods in other traditions, the Roman version is consultative. Final responsibility for discernment and the decisions that flow from it lies with the bishops and ultimately the pope, who are assisted in their discernment by the body of believers.

Or so the theory goes.

In practice, before this pontificate any pre-synod consultation of the People of God was at best perfunctory, and the synods themselves were less exercises in discernment than confirmation of existing belief and practice.

That has changed under Francis. Ever since his election, when he announced that he wanted to proceed "gently, but firmly and tenaciously" towards a synodal Church, Francis has been shaking awake this dormant Catholic institution.

Synods in Rome (there have been four) are now pastoral, inductive, and dynamic; the discernment is genuine. Conversion happens, and change results, just as in the fifteenth chapter of the Acts of the Apostles.

But the People of God have so far mostly been passive spectators. That is what this synod sets out to change.

A synod is not a program but a process

The object of the next two years is not a one-off process but a permanent conversion, one that involves the transformation and extension versus populum of the existing synod institution revived by the Second Vatican Council.

As the Vademecum released last week by the synod secretariat puts it: "While the Synod of Bishops has taken place up until now as gathering of bishops with and under the authority of the Pope, the Church increasingly realizes that synodality is the path for the entire People of God."

That means making pastoral decisions "that reflect the will of God as closely as possible, grounding them in the living voice of the People of God."

This is not, of course, to divinize the popular will, as the French Revolution claimed to do; the bishops remain the discerners-in-chief, the pope the one who decides.

But there is now a genuine recognition that the discovery of the divine will—uncovering the presence of the Spirit of God and the bad spirit that seeks to thwart it—has to involve the whole body of the faithful, not just the bishops.

Thus, "the purpose of this synod"—and indeed, the point of a synodal Church—"is to listen, as the entire People of God, to what the Holy Spirit is saying to the Church." It is to make the People of God actors in the process of discernment, rather than passive onlookers.

Unsurprisingly, most Catholics have yet to grasp this challenge.

A Church accustomed to a command-and-control model does not adapt easily to synodality, which may be "an essential dimension of the Church," as Francis put it in his groundbreaking October 2015 speech, but is so far more like an unexercised muscle. To exercise it again suddenly is no small task; it will be effortful, painful, and initially it may seem hopeless.

But it is what God asks of the Church in the third millennium, said Francis in the same 2015 speech. It was a conclusion he did not reach lightly, the fruit of a deep discernment over decades.

While the Vademecum offers a general account of the meaning of synodality and lists "good and fruitful practices" to enable it, the other document released last week, the Preparatory Document (PD), prepares the ground for the initial, diocesan phase of the process.

Both documents are clear that what is at stake is culture change.

A synod is not called to defend or to change anything; it is called to enable an assembly that discerns what the Holy Spirit asks of the Church at this time in relation to the mission for which it exists: to evangelize.

A synod is not a program, in other words, but a process; or rather, the program is the process, and never more than in this process, which is precisely about how the Church can become more synodal.

Conservative and progressives can both struggle with this concept, because it is not tied firmly to any particular agenda.

If a synod does not double down on tradition in the face of new threats, say the conservatives, or if it does not lead to long overdue reforms that advance equality, say the progressives, then the whole synod process is not to be taken seriously. For them it is either useless or dangerous.

Yet a meeting called to agree on a foreordained program is not a synod, whatever it calls itself. Synods are all about being attentive to whatever the Spirit is trying to say to the Church, not what people have decided ahead of time that the Spirit should be saying.

A synod invites us to scrutinize the signs of the times by reading the movement of spirits in the sensus fidelium, in the body of the People of God gathered by the Church's leaders.

It is an ecclesial process of discernment of spirits, with a missionary objective—not just for the people but with the people, under the guidance of the bishops.

Synods are all about being attentive to whatever the Spirit is trying to say to the Church

The PD presents this, using Scripture, as the interconnectedness of Jesus, the crowd, and the apostles. Jesus, who takes the initiative, is constantly open to the people, recognizing them as interlocutors in ways that shock and scandalize.

At the same time, he calls some to follow him, and entrusts them with special responsibility for helping others to encounter him.

All three actors, says the PD, are essential: without Jesus (the Spirit) as the protagonist, the synod descends into a political game between the apostles and the crowd, a churchy parliament.

Without the crowd, it becomes sectarian and self-referential, an exclusive, inward-looking sect. Without the apostles instructed by the Spirit, the crowd risks falling prey to myth and ideology.

The PD adds that it is the role of a fourth actor, the diabolos, to try to separate these three actors. Without all three—the People of God, the Holy Spirit, and the bishops—it is not a real synod.

This is what is so hard. We have no model for this; and, as we look around us, in the pews and at our clergy, it seems unrealistic. A synod calls for attitudes and mindsets that seem almost the opposite of what we're used to in our daily life and in our Church.

The synod documents ask us to speak boldly and honestly (with parrhesia), and to create space for those who seldom speak to do the same.

Yet the documents also ask us to be humble in listening, to be open to changing our minds in light of what we hear, and to accept that we don't so much possess the truth as come to be possessed by it.

We must let go of the myth of our self-sufficiency, give up prejudices and stereotypes, surrender our rigidity, and learn to recognize the Spirit moving where we least expect it.

We must abandon, too, the lure of clericalism, to see that true power lies in service, that the voices of all the baptized must be heard.

And while we must be bold in giving our views, we must resist the temptation of sterile polarization, for where two views are in opposition, a third may yet present itself, transcending both.

To enter into synodality is to embrace an alchemy in which the Spirit acts as a complexio oppositorum, in which what is good and valid on all sides is preserved in a new vision.

While acknowledging that "the synodal process will naturally call for a renewal of structures at various levels of the Church in order to foster deeper communion, fuller participation, and more fruitful mission," the Vademecum adds that this renewal flows from that of the members of the Body.

This renewal can only come about by "doing" synodality: spending time in human encounter, in the company of our fellow faithful in parish meetings and "synodal consultation meetings," but also informally: sharing a meal, walking together, and so on.

This informal synodality—"renewing the Church," as the Vademecum puts it, "through new experiences of fraternity with each other"—helps those intimidated by more formal meetings to open up, which is one of the core challenges.

How to hear the Spirit speak through those who do not usually speak? How to avoid the process being hijacked by the articulate and educated?

And then, as the PD notes, the Church must deal with the weight of its own clericalist inheritance, "with those forms of exercising authority on which the different types of abuse (power, economic, conscience, sexual) are grafted."

But it must also cope with the impact of a culture that swings between secularist intolerance of religion and fundamentalist religious intolerance.

All these attitudes can be transcended only by a synodal conversion.

In the words of the PD, "The ability to imagine a different future for the Church and her institutions, in keeping with the mission she has received, depends largely on the decision to initiate processes of listening, dialogue, and community discernment, in which each and every person can participate and contribute.

"It means being "educated by the Spirit to a truly synodal mentality"—a "conversion process" on which the mission of the Church now hangs.

From where we stand now, this looks like a fearsome challenge: in just five months, each "particular Church"—usually, a bishops' conference—must organize a consultation of the whole people of God across its dioceses and religious communities that turns on one or two key questions: "A synodal Church, in announcing the Gospel, 'journeys together.' How is this 'journeying together' happening today in your particular Church?' What steps does the Spirit invite us to take in order to grow in our 'journeying together'?"

Each particular Church must synthesize its blizzard of answers into no more than ten pages.

From these syntheses the synod secretariat in Rome will create the first "working document," which will be pondered and worked on by bishops' bodies at a continental or regional level before March 2023.

The synthesis of their syntheses will then produce a second working document by June 2023, to be refined and finally voted on by a three-week synod of bishops in Rome in October of that year. Their final report will be given to the pope.

Too much, too soon?

Of course. That is the point.

The genius of the process is that it will starkly reveal just how little traveled is the road to the synodal Church of which Francis dreams, how anti-synodal is the culture of a command-and-control Church.

And that is good, for no conversion happens without a first, chilly confrontation with the truth of who we are, followed by a realization of how much the Spirit's help is required to get us to where we are called to be.

If such humility and openness to grace should prove the synod's main fruit, it will yield a rich harvest indeed.

Austen Ivereigh is a regular contributor to Commonweal and a Fellow in Contemporary Church History at the Jesuit-run Campion Hall at the University of Oxford. His most recent book is Pope Francis's Let Us Dream: A Path to a Better World. Conversations with Austen Ivereigh (Simon & Schuster).This article first appeared in Commonweal Magazine

Read more at: https://international.la-croix.com/news/religion/the-spirit-in-the-assembly/14904


[1] Présentateur de EWTN, éditeur au New York Times

[2] Chaîne catholique de télévision américaine (Eternal World Television Network)

[3] Journaliste anglais, rédacteur en chef du Catholic Herald

[4] Root and branch. Racine et branches. Synode intitié par les laïcs (seuls deux évêques -tous étaient invités- ont participé. Il s’est terminé le 16 septembre.

[5] Vers le peuple : en référence à la position du prêtre présidant l’eucharistie face à l’assemblée depuis Vatican II

[6] En philosophie coïncidence des opposés

[7] Laïc journaliste et essayiste britannique

[8] Commonweal est un journal catholique édité et géré par des laïcs de la ville de New York

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