Italie - Situation politique violente et catholicisme local à l'époque du pape François - LCI 2/7/2019

Le consensus entre l'Eglise et le monde politique n'existe plus

Situation politique violente et catholicisme local à l'époque du pape François

Le consensus entre l'Eglise et le monde politique n'existe plus

Massimo Faggioli

Italie

2 juillet 2019

 

Carola Rackete, capitaine de marine allemande de 31 ans, a été arrêtée dans le port italien de Lampedusa le 29 juin pour avoir sauvé des migrants de la noyade en Méditerranée.

L'arrestation a eu lieu sur ordre du ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, le nouveau chef de la Ligue,  le parti anti-immigration italien.

Quelques heures seulement après cette arrestation, l'archevêque Gian Carlo Perego de Ferrara-Comacchio  - l'archidiocèse du nord de l'Italie, où j'ai été baptisé, confirmé et marié - a proposé que le port de Lampedusa soit renommé « Rackete ».

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Ferrare est gouvernée par le centre gauche. Mais le mois dernier il est tombé entre les mains de la droite lorsque le parti de Salvini a remporté les élections au second tour, marquant, dans ces 70 dernières années, un retournement spectaculaire.

De l'autre côté de la place principale de la ville se trouve la résidence de l'archevêque. Depuis 2017, il est occupé par Perego, un clerc au caractère direct parmi  les progressistes d'Italie en faveur de l’immigration.

Cette situation est emblématique du changement d'équilibre des pouvoirs que connaissent actuellement de nombreuses Eglises locales en Italie.

Ceci est le résultat de deux faits distincts mais interdépendants : premièrement la nomination par le pape François de nouveaux évêques dans des diocèses auparavant pastoralement négligés et deuxièmement les changements dans la situation politique nationale et locale.

 

Ferrare: une étude de cas sur les négligences pastorales

Ferrare a une histoire ecclésiastique intéressante. Dans la période cruciale qui suivit le concile de Trente, son évêque était Giovanni Fontana (1590-1611).

Il avait d'abord été évêque auxiliaire de saint Charles Borromée, l'homme qui avait le mieux modelé et défini la fonction pastorale des évêques dans le catholicisme tridentin.

Fontana était un réformateur dans un diocèse et une ville qui, en 1598, passa sous le contrôle direct de la papauté.

Pendant deux siècles - jusqu'à l'invasion de Napoléon en 1796 puis l'unification du nouveau royaume d'Italie en 1861 - des cardinaux légats régirent Ferrare.

Ainsi, la ville était placée sous le contrôle immédiat de Rome sur le plan ecclésiastique et politique, la papauté utilisant souvent le siège de Ferrare comme récompense à offrir à des prélats.

Cette situation a perduré jusqu'aujourd’hui.

Entre les années 1980 et l'élection du pape François, Ferrare fut un désastre du point de vue pastoral.

Le dernier archevêque ayant un projet pastoral et l’énergie pour le réaliser était Filippo Franceschi, en place de 1976 à 1982.

Ses successeurs furent des hommes de valeur, mais ils furent envoyés à Ferrare pour se préparer soit à la retraite, soit à la promotion d'un siège épiscopal plus grand et plus important.

Le premier fut Luigi Maverna (1982-1995), un clerc qui avait passé des années au secrétariat de la conférence des évêques italiens à une époque agitée.

Il termina son ministère à Ferrare avant d'être remplacé par un théologien moral basé à Rome, Carlo Caffarra (1995-2003).

La nomination de Caffarra fut un cas classique de promoveatur ut amoveatur (promu pour être écarté). Il a été promu après être devenu trop encombrant par ses écrits controversés sur des questions de moralité sexuelle dans l'enseignement de Jean-Paul II.

 

Un centre d'opposition au pape François

Ferrare n'était qu'un tremplin pour Caffarra, qui devint par la suite cardinal-archevêque de Bologne.

En septembre 2016, il fut l'un des quatre cardinaux à avoir publié le fameux dubia qui défia l'enseignement de François dans Amoris Laetitia. Caffarra est décédé en 2017.

Les deux derniers archevêques de Ferrare - Paolo Rabitti (2004-2012) et Luigi Negri (2012-2017) - ont tous deux été promus de leurs précédentes fonctions de chef du diocèse de Saint-Marin dans la république indépendante du même nom, près de la côte adriatique.

Pendant le mandat tumultueux de Negri, Ferrare devint la capitale italienne de l'opposition au pape François.

Les déclarations publiques de l'archevêque étaient critiques (pour le moins) du pape jésuite.

En outre, Negri a confié à Familia Christi, une fraternité sacerdotale connue pour son traditionalisme théologique et liturgique, l'une des plus grandes et des plus importantes paroisses de la ville.

Il a cherché à protéger ce groupe et en faire le modèle du catholicisme orthodoxe.

Puis, en février 2017, quelques mois seulement après que Negri eut atteint l'âge normal de la retraite, fixé à 75 ans, François choisit Giancarlo Perego comme archevêque de Ferrare. La plupart des catholiques de l'archidiocèse accueillirent ce choix comme un signe d'espoir.

Perego est arrivé à Ferrare avec la réputation d'être un clerc énergique et franc, totalement et publiquement engagé dans les questions relatives aux migrants.

Il avait été directeur de Migrantes, la fondation des évêques italiens sur les questions de migration.

Il n'a pas eu la vie facile, car son prédécesseur (Negri) vit toujours dans l'archidiocèse et ne cesse de critiquer publiquement François.

L'archevêque Negri réside dans un appartement de la paroisse tenue par Familia Christi. Depuis décembre 2018, la Congrégation pour la doctrine de la foi enquête sur cette fraternité sacerdotale traditionaliste.

 

Le traditionalisme catholique et les fantômes du fascisme

Les laïcs catholiques de Ferrare ont dû subir trois décennies de négligence de la part de Rome ainsi qu’ un clergé vieillissant et en perte de vitesse. C’est le cas de nombreuses Eglises locales en Europe. Mais ici en particulier, l'archidiocèse ne s'est jamais vraiment rétabli après 1984, année où les jésuites ont quitté Casa Cini, un centre culturel qu'ils dirigeaient au centre-ville.

Cependant, la dernière goutte a été la fracture créée par l'archevêque Negri au sujet du traditionalisme, qui n'avait jamais été un problème dans l'archidiocèse.

La seule exception était une paroisse au centre de la ville où quelques nostalgiques du fascisme se réunissaient pour célébrer la messe en commémoration d'Italo Balbo, héros de l'aviation locale et prophète de Mussolini.

Pour des raisons à la fois politiques et théologiques, Negri était un partisan enthousiaste du motu proprio de Benoît XVI Summorum Pontificum publié en 2007 qui libéralisait l'utilisation de la messe tridentine.

Nombreux sont ceux qui ont vu dans la nomination de l'archevêque Perego le signe que de l'aide arrivait à l'Eglise locale de Ferrare. On espère que ce n'est pas trop tard. Mais les récentes élections du maire de droite et du conseil municipal ont radicalement changé la situation politique et créé de nouveaux défis.

Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, un gouvernement municipal à Ferrare est soutenu par des membres d'extrême droite aux sympathies fascistes.

C’est un changement radical pour une ville qui, comme beaucoup d’autres en Italie, a géré la transition du fascisme à la démocratie dans le feu d’une guerre suivie de quelques mois de vendettas après la libération en avril 1945.

Ferrare avait été l'un des premiers berceaux du fascisme où les catholiques soutenaient Mussolini. Mais après la guerre sa population adhéra pleinement à la démocratie.

De leur côté, les socialistes et les communistes avaient été farouchement anticléricaux avant la Seconde Guerre mondiale, mais après 1945, ils ont accepté le partage du pouvoir avec les catholiques.

Si ce n’est au conseil municipal, du moins dans les salles de conseil, catholiques et hommes de gauche ont collaboré pour prendre des décisions importantes concernant l’économie et les entreprises appartenant à la ville.

Cette étrange alliance était typique de toute l'Italie et elle a survécu à l'âge de Berlusconi (1994-2011).

Ce qui se passe actuellement à Ferrare n'est que l'exemple le plus choquant de ce qui se passe dans tout le pays sous la direction de Matteo Salvini et de son parti, le parti de la Ligue.

Dans une ville marquée par des décades d’économie stagnante et de manque d’entrepreneurs, les dernières élections ont soudainement - et presque par magie - été transformées en un référendum sur l’immigration. La ligue y a gagné gros.

 

L'étrange et changeante relation entre l'Église et la politique

C'est la situation d'une ville en particulier, mais cela en dit long sur le paradoxe du pontificat du pape François dans le monde occidental.

Pendant longtemps, la relation entre le catholicisme et la politique a porté sur la mise en œuvre de politiques qui pouvaient être plus ou moins progressistes, mais essentiellement fondées sur un consensus politique et culturel.

Ce consensus entre l'Église et nos communautés politiques n'existe plus.

D'un côté, il y avait une Église cléricale composée de catholiques politiquement modérés ou conservateurs.

De l'autre côté, il y avait une élite politique qui se composait plus ou moins de progressistes qui traitait avec une Église dont le discours public se limitait à un enseignement sur la morale sexuelle.

Cependant l'Église et les politiciens travaillaient ensemble, dans le respect mutuel de la séparation des domaines de compétence, silencieusement convenu.

C'était l'une des principales différences entre le catholicisme américain et européen dans le domaine de la politique.

Mais il y a eu un renversement de position. Les évêques que le pape François a nommés doivent composer avec des mouvements politiques et des partis radicalement anti-establishment qui n'ont pas peur de contrarier l'Église catholique.

Les politiciens comme Matteo Salvini sont provocateurs parce qu'ils savent qu'ils peuvent compter sur les votes de certains (ou même de nombreux) catholiques.

Cette situation est similaire à celle des années 1920 et 1930, où les hiérarchies cléricales étaient réticentes à contrer les régimes autoritaires afin de récolter les bénéfices promis par Mussolini et d’autres.

Mais leur réticence était aussi due aux penchants politiques des catholiques de base. Les évêques proches de François n'ont pas peur de s'élever contre des politiciens comme Salvini sur les questions d'immigration.

Pendant longtemps, les soi-disant « catholiques du Vatican II » ne pouvaient pas toujours compter sur leurs évêques.

Alors ils s’appuyaient sur des dirigeants culturels et politiques qui incarnaient une dissidence critique des hiérarchies, claire bien que souvent silencieuse.

Aujourd'hui, malgré la crise massive d'autorité des évêques à cause des abus sexuels commis par le clergé, ces catholiques n'ont pas d'autres dirigeants visibles que les évêques nommés par François et ceux qui lui sont loyaux.

Cette situation n'est pas seulement typique de l'Italie, mais aussi d'autres régions et régions du monde.

Si l'on regarde l'Amérique latine, par exemple, il est clair que depuis quelques années, François n'a plus d'interlocuteurs politiques sur le continent, compte tenu du virage que de nombreux pays ont fait vers des dirigeants de droite ou des hommes puisssants, populistes et anti-système.

C'est sur ces cartes qu'un pontificat nouvellement engagé au niveau mondial dans les questions socialo-politiques aura des difficultés à compter sur un alignement politique. Jusqu'à présent, François a surtout généré un désalignement. Il a libéré l'Église catholique de l’alliance avec les conservateurs, basée uniquement sur les « questions de vie ».

Le catholicisme est maintenant engagé sur un long chemin dans une situation politique violente.

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The political wilderness of local Catholicism at the time of Pope Francis

Consensus between the Church and our political communities no longer exists, writes Massimo Faggioli

Massimo Faggioli

Italy

July 2, 2019

Carola Rackete, a 31-year old German sea captain, was arrested in the Italian port of Lampedusa on June 29 for saving migrants from drowning in the Mediterranean.

The arrest was made at the insistence of Italy's interior minister, Matteo Salvini, the emerging leader of the country's anti-immigrant League Party.

Just hours after the arrest, Archbishop Gian Carlo Perego of Ferrara-Comacchio – the northern Italian archdiocese where I was baptized, confirmed and married – proposed that the port of Lampedusa be renamed after Captain Rackete.

Since the end of the Second World War, the city of Ferrara has been governed by center-left political forces. But last month it fell into hands of the right when Salvini's party won run-off elections, marking a stunning reversal of the past 70 years.

Meanwhile, on the other side of the city's main square there is the archbishop's residence. Since 2017 it has been occupied by Perego, one of Italy's most socially progressive and outspoken clerics in favor of helping immigrants.

This situation is emblematic of the shift in the balance of power that many local churches in Italy are now experiencing.

This is the result of two separate but interconnected reasons – first, Pope Francis' appointment of new bishops to pastorally neglected dioceses; and, second, the headwinds in the national and local political situation.

Ferrara: A case study in modern-day pastoral neglect

Ferrara has an interesting ecclesiastical history. In the crucial period following the Council of Trent, its bishop was Giovanni Fontana (1590-1611).

He had first been the auxiliary bishop of St. Charles Borromeo, the man who best modeled and defined the pastoral office of bishops in Tridentine Catholicism.

Fontana was an arch-reformer in a diocese and city that in 1598 came under the direct control of the papacy.

For two centuries – until the invasion of Napoleon in 1796 and then the unification of the new Kingdom of Italy in 1861 – cardinal legates would govern Ferrara.

Thus, the city was ecclesiastically and politically under the immediate control of Rome, which often used the see of Ferrara as a prize to give to prelates.

This continued basically until yesterday.

Between the 1980s and the election of Pope Francis, Ferrara was somewhat of a disaster from the pastoral point of view.

The last archbishop with a pastoral project and the energy to fulfill it was Filippo Franceschi who served from 1976-1982.

His successors were good men, but they were sent to Ferrara to prepare either for retirement or promotion to a bigger and more important episcopal see.

The first was Luigi Maverna (1982-1995), a cleric who had spent years working in the secretariat of the Italian bishops' conference during turbulent times.

He would end out his ministry in Ferrara before being replaced by the Rome-based moral theologian, Carlo Caffarra (1995-2003).

Caffarra's appointment was a classic case of promoveatur ut amoveatur. He was kicked upstairs (i.e. removed) after becoming too visible for his controversial writings on issues of sexual morality that found their way into the teaching of John Paul II.

A center of opposition to Pope Francis

Ferrara was only a stepping stone for Caffarra, as he eventually became Cardinal-archbishop of Bologna.

In September 2016 he was one of the four cardinals who issued the infamous "dubia" that challenge Francis' teaching in Amoris Laetitia. Caffarra died in 2017.

The last two archbishops of Ferrara – Paolo Rabitti (2004-2012) and Luigi Negri (2012-2017) – were both promoted from their earlier assignments of heading the Diocese of San Marino in the independent republic of the same name near the Adriatic coast.

During Negri's tumultuous tenure, Ferrara became something like the Italian capital of the opposition to Pope Francis.

The archbishop's public statements were critical (or worse) of the Jesuit pope.

Furthermore, Negri entrusted one of the largest and most historically important parishes of the central city to "Familia Christi," a priestly fraternity known for its theological and liturgical traditionalism.

He sought to protect and elevate the group as the paragon of orthodox Catholicism.

Then, in February 2017, just a couple of months after Negri reached the normal retirement age of 75, Francis picked Giancarlo Perego to be Archbishop of Ferrara. Most Catholics in the archdiocese welcomed the selection as a sign of hope.

Perego came to Ferrara with the reputation of being an energetic and outspoken cleric, fully and publicly engaged in issues regarding migrants.

He had served as the director of Migrantes, the Italian bishops' foundation concerning migration matters.

He has not had an easy time, due to the fact that his predecessor (Negri) still lives in the archdiocese and that same predecessor has not stopped his public criticism of Francis.

Archbishop Negri resides in an apartment in the parish overseen by "Familia Christi." Since December 2018 the traditionalist priestly fraternity has been under investigation by the Congregation for the Doctrine of the Faith.

Catholic traditionalism and the ghosts of Fascism

The Catholic laity of Ferrara has had to endure three decades of neglect by Rome, as well as a shrinking, aging clergy. This is common to many local Churches in Europe. But here, in particular, the archdiocese never really recovered after 1984 when the Jesuits left "Casa Cini," a cultural center they ran in the city center.

However, the last straw was the rift Archbishop Negri created over traditionalism, which never had been an issue in the archdiocese.

The only exception was a parish in the center of the city where a few people nostalgic for Fascism would gather to celebrate Mass in commemoration of Italo Balbo, a local aviation hero and prophet of Mussolini.

For both political and theological reasons Negri was an enthusiastic supporter of Benedict XVI's 2007 "motu proprio" Summorum Pontificum, which liberalized the use of the Tridentine Mass. This has had grave consequences in Ferrara, not only causing divisions throughout the archdiocese, but also within parishes.

Many have seen the appointment of Archbishop Perego as a sign that help is on the way for the local Church of Ferrara. One hopes that it's not too late. But the recent election of the right-wing mayor and city council has radically changed the political situation and has created new challenges.

For the first time since World War II, there is a municipal government in Ferrara supported by extreme right-wingers with Fascist sympathies.

It is a radical change for a city that, like many others in Italy, managed the transition from Fascism to democracy through the fire of the war, followed by a few months of private vendettas after the Liberation in April 1945.

Ferrara had been one of the early cradles of Fascism where Catholics supported Mussolini. But after the war its people fully embraced democracy.

On the hand, the Socialists and Communists had been fiercely anti-clerical before World War II, but after 1945 they accepted power-sharing with Catholics.

If not in the city council, then at least in the boardrooms, Catholics and leftists worked together to make important decisions concerning the economy and city-owned companies.

This strange alliance was typical throughout Italy and it survived the age of Berlusconi (1994-2011).

What is now happening to Ferrara is just the most shocking example of what is happening to the entire country under direction of Matteo Salvini and his League Party.

In a city with a decades-long problem with a stagnant economy and the lack of entrepreneurs, the last election suddenly – and almost magically – became a referendum on immigration. And the League won big.

The strange, changing relationship between the Church and politics

This is the situation of one particular city, but it says a lot about the paradox of Pope Francis' pontificate in the Western world.

For a long time, the relationship between Catholicism and politics centered on the implementation of policies that could be more or less progressive, but substantially based on a political and cultural consensus.

That consensus between the Church and our political communities no longer exists.

On the one side, there was a clerical Church made up of politically moderate or conservative Catholics.

On the other side, there was a political elite that consisted of progressives, more or less, who dealt with a Church whose public relevance (or irrelevance) was limited to its teaching on sexual morality.

Church and politicians worked together though, in a silently agreed mutual respect of the separation of areas of competence.

This used to be one of the major differences between American and European Catholicism in the realm of politics.

But now there has been a reversal of positions. The bishops Pope Francis has appointed must deal with radically anti-establishment political movements and parties that are not afraid to antagonize the Catholic Church.

Politicians like Matteo Salvini are provocative because they know they can count on the votes of some (or even many) Catholics.

This is similar to the situation in the 1920s and 1930s, where the clerical hierarchies were reluctant to push back against authoritarian regimes in order to reap the benefits promised by Mussolini and the likes.

But their reluctance was also due to the political leanings of Catholics in the pew. And bishops close to Francis are not afraid to speak up against politicians like Salvini on issues of immigration.

For a long time, so-called "Vatican II Catholics" could not always count on their bishops.

Instead, they relied on cultural and political leaders who embodied a clear, if often silent, critical dissent from the hierarchies.

Now, even despite the massive crisis of authority of the bishops because of clergy sexual abuse, these Catholics have no other visible leaders than the bishops appointed by Francis and those unabashedly loyal to him.

This situation is not just typical of Italy, but also of other regions and areas of the world.

If one looks at Latin America, for example, it is clear that in just a few years Francis no longer has political interlocutors on the continent, given the turn many countries have made towards right-wing leaders or anti-system populist strongmen.

Maybe it was on the cards that a pontificate newly engaged in social-political issues at the global level would have a hard time counting on a political alignment. So far, Francis has mostly produced a dis-alignment. He has liberated the Catholic Church from an inevitable alliance with conservatives based solely on the "life issues."

And the result may be that Catholicism has now embarked on a long path in the political wilderness.

 

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