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USA - La montée des « schismatiques dévots » dans l'Église catholique - LCI 16/07/2019

La dissidence contre le pape s'est radicalisée en raison d'une poussée politique qui est dépasse une simple idéologie partisane

 

La montée des « schismatiques dévots » dans l'Église catholique

La dissidence contre le pape s'est radicalisée en raison d'une poussée politique qui est dépasse une simple idéologie partisane

 

Massimo Faggioli

Le 16 juillet 2019

 

« Si Matteo Salvini devient Premier ministre, l'Italie aura un gouvernement dirigé par un catholique dévot mais schismatique. »

C'est ce qu'a déclaré Sergio Romano, ancien ambassadeur d'Italie auprès de l'OTAN et de l'ex-Union soviétique, dans un récent article d'opinion paru dans le quotidien italien Il Corriere della Sera.

Salvini, 46 ans, est ministre italien de l'Intérieur. Nationaliste anti-immigrés, il est aussi vice-premier ministre du pays et de facto son leader. Il est un héros pour certains catholiques ultra et dévots.

Il s'est opposé au pape François (en particulier sur la question migratoire) et a contribué à montrer qu'en Italie, comme aux États-Unis, l'Église catholique est maintenant ouvertement divisée.

 

Prier avec le pape, en désaccord avec ses opinions politiques

Au cours du siècle dernier, les catholiques du monde occidental ont voté ou ont adhéré à divers partis politiques. Mais ce à quoi nous assistons aujourd'hui dans des endroits comme les États-Unis, l'Italie et ailleurs en Europe est tout à fait différent.

Elle est loin la situation du XXe siècle où des catholiques pouvaient prier avec le pape tout en votant pour des politiciens qui s'opposaient à certains enseignements de l'Église catholique. Ce n'était pas seulement une dissonance au sein du catholicisme.

C'était aussi le signe d'une saine distinction entre l'Église et l'État. Et cela reflétait la prise de conscience des laïcs catholiques qui prenaient leurs responsabilités politiques et le pluralisme légitime des cultures politiques, comme Paul VI l'avait reconnu dans sa lettre apostolique de 1971, Octogesima Adveniens.

Ce dont nous sommes témoins aujourd'hui est un nouveau phénomène. Il est caractérisé par l’émergence de politiciens autoritaires comme Salvini qui tentent consciemment de saper le pontificat de François. Salvini l'a fait en exprimant sa préférence pour Benoît XVI et s’alliant avec le cardinal Raymond Burke, l'un des plus farouches critiques de François.

 

Cela crée un problème non seulement pour l'Église, mais aussi pour l'État.

Quoi qu'en disent les opposants au pape jésuite, François n'est pas la véritable raison de l'émergence de ce nouveau phénomène. Elle est plutôt enracinée dans la réponse que certains catholiques ont donnée aux enseignements de l'Église sur l'une des grandes urgences de notre époque : comment faire face au bouleversement de notre monde par les mouvements migratoires massifs et quelles en sont les conséquences sur le rôle de religion dans la vie publique.

Un élément clé à cet égard est la question du pluralisme religieux, en particulier dans le contexte des perturbations causées par la mondialisation. Tout cela a provoqué une crise dans les démocraties libérales, que les populistes comme Salvini manipulent avec un opportunisme politique impressionnant.

Alors que François est publiquement en faveur de l'intégration des immigrants dans une société multiculturelle et multireligieuse, des catholiques s’y opposent. Des politiciens comme Donald Trump et Salvini font ouvertement appel à ce mécontentement pour opposer ces croyants à un pape qui a élargi le spectre des questions morales.

 

 

Ce pape radicalement évangélique a recentré l'Eglise

Le caractère chrétien de l'Église catholique se mesure aujourd'hui d'une manière très différente de celle du passé récent. Il avait été marqué par sa position anticommuniste pendant la guerre froide et son souci des questions de moralité sexuelle entre les années 1970 et le début des années 2000.

Ce changement a des conséquences sur la façon dont certains catholiques perçoivent le pape. Si chaque catholique devait être interrogé sur sa vision de l'enseignement radical de François, nous constaterions probablement que la plupart d'entre eux sont d'une certaine manière mis mal à l'aise par ce pontificat. Et s'ils ne le sont pas, ils devraient l'être.

Mais il y a une grande différence entre les catholiques qui ne sont pas prêts à suivre le radicalisme de François et ceux qui l'accusent d'être un hérétique. Ces derniers font partie d'une nouvelle opposition.

Certes, la radicalité évangélique de l'enseignement de François a contribué à sa popularité. Mais le phénomène a plus à voir avec le genre d'Église dont François a hérité de ses prédécesseurs. Le pape de 82 ans a été contraint de corriger les distorsions idéologiques du catholicisme qui ont émergé au cours des deux dernières décennies.

C’est un long processus toujours en cours de réalisation.

Dans la période de l'après-seconde guerre mondiale, après avoir appris des erreurs tragiques du XXème siècle - l'alliance entre des pans de l'Église catholique le fascisme et le nazisme – la doctrine catholique a accepté, bien qu’à contrecœur, l'idée d'une distinction entre l'Église et l'État (et non la séparation, qui est quelque chose de différent). Cela signifiait rejeter les tentations d'un mariage idéologique entre l'Église et une idéologie politique particulière.

L'Église avait tendance à être une « grande tente » où l'enseignement officiel sur certaines questions coexistait avec une pluralité visible d'options politiques dans le contexte de l'ordre démocratique. Dans la « grande tente » se trouvait la condamnation officielle du communisme, ce qui signifiait que les dirigeants d'Eglise (clergé, théologiens, politiciens catholiques) ne pouvaient pas partager l'idéologie marxiste. Mais dans le même temps, beaucoup parmi les laïcs catholiques de la sphère occidentale étaient électeurs des partis socialistes et communistes.

Puis une nouvelle façon de comprendre la relation entre religion et politique a commencé à prendre forme après la fin de la guerre froide, le déclin du pontificat de Jean-Paul II et l'élection de Benoît XVI. Comme les questions de moralité éthique, politique et sexuelle posaient de nouveaux défis à l'enseignement catholique traditionnel, le magistère officiel a commencé à mettre l'accent sur les «valeurs non négociables» et le droit naturel.

 

Entrez chez les ‘athées dévots’

Puis s’est mis en place un nouvel ordre entre l'Église catholique romaine et les atei devoti (‘athées dévots’), une expression italienne qui décrit ces athées qui font preuve d'une déférence publique envers l'enseignement catholique traditionnel sur la morale tout en le violant dans leur vie privée.

Une histoire d'amour s'est ainsi développée entre Joseph Ratzinger-Benoît XVI et les atei devoti, ouvrant une nouvelle phase dans la longue histoire de l'Église et de l'opportunisme politique en occident.

Les ‘athées dévots’ considèrent la tradition catholique comme un pilier essentiel de la préservation de la civilisation occidentale. Pour cette raison, certains hiérarques de l'Église leur ont accordé un traitement de faveur, bien au-delà de celui accordé aux catholiques ordinaires. Ils les ont considérés comme des alliés dans la lutte contre la laïcité et l'islam.

 

Il n'est donc pas surprenant que, au nom de la préservation du christianisme, ces atei devoti aient exprimé leur soutien aux guerres menées par les États-Unis au Moyen-Orient comme une nouvelle croisade contre l'islam, tout en critiquant l'Union Européenne pour ne pas avoir reconnu les « racines chrétiennes de l’Europe » dans ses textes fondateurs.

Cette alliance entre l'Église et les atei devoti est due à deux facteurs théologiques.

Le premier concerne l'identification du catholicisme et du christianisme avec l'Europe et l'Occident. Elle inclut une vision particulière de l'islam préexistante au 11 septembre, mais qui a été renforcée et radicalisée par les convulsions en cours dans le monde musulman depuis le retour des « religions fortes » dans la vie publique.

Le second concerne l'ecclésiologie des « minorités créatives » au sein de l'Église. Ces communautés au caractère affirmé sont censées être une réponse à la sécularisation du monde occidental et une alternative à la situation nouvelle ou toute personne née dans la foi catholique ne reste pas dans l'Église. Cependant, la poussée de ces « minorités créatives » a encouragé un certain particularisme au sein de l'Église.

Tout ceci a produit une idéologie de pureté qui a favorisé une sorte de léninisme ecclésiologique ou de jacobinisme dans l'Église catholique. La véritable dévotion pour ce nouveau type de catholicisme politiquement dévot va vers l’identification politico-théologique de l'Église avec la civilisation occidentale, à l’opposé de sa longue et multiforme tradition.

 

Des ‘athées dévots’ aux ‘schismatiques dévots’

La transition des atei devoti du début des années 2000 vers les ‘schismatiques dévots’ d'aujourd'hui est rapide plutôt que brutale. Elle peut être attribuée à l'élection en 2013 du pape François qui a immédiatement commencé à contester toute identification de l'Église avec le conservatisme politico-théologique, précisément parce qu'il n'exprime pas le vrai catholicisme, en particulier pour les croyants de l’hémisphère sud.

L'obsession sur un seul aspect particulier de la foi chrétienne a toujours été le chemin de l'hérésie et du schisme. Les ‘schismatiques dévots’ d'aujourd'hui, comme Matteo Salvini et ses partisans, sont ceux qui ont loué le catholicisme pour son alignement politique au cours des 20 dernières années.

Ils sont dévots en ce sens qu'ils affichent publiquement leur préférence pour les dévotions - comme le chapelet - d’une Église traditionaliste. Ils sont schismatiques parce qu'ils sapent ouvertement parmi les fidèles catholiques l’autorité de l'évêque de Rome.

Ces ‘schismatiques dévots’ ne sont pas seulement des politiciens. Ils comprennent également des théologiens, des prêtres, des évêques et même des cardinaux. Leurs tendances schismatiques sont publiques depuis le début du pontificat de François. Elles ont été particulièrement visibles en août 2018, lorsque certains d'entre eux - tels les archevêques Charles Chaput de Philadelphie et Salvatore Cordileone de San Francisco, ainsi que l'évêque Joseph Strickland de Tyler (Texas) - se sont rangés du côté de l'archevêque Carlo Maria Vigan, ancien nonce papal à Washington, qui a appelé François à démissionner.

La conduite des catholiques qui s'opposent à l'actuel pape est très différente de la dissidence loyale des croyants du XXe siècle, depuis Yves Congar et Marie-Dominique Chenu avant le Concile Vatican II (1962-1965) jusqu’aux théologiens de la libération des années 1980 à aujourd'hui.

 

Plus dévoués à une idéologie politique qu'à l'Evangile

Aucun de ces anciens « dissidents » n'a quitté l'Église ou n'a accusé le pape d'hérésie, même s'ils avaient des opinions théologiques qui différaient de l'enseignement officiel de Rome. Certains d'entre eux ont même été persécutés par le Saint-Office (aujourd'hui Congrégation pour la Doctrine de la Foi) pour leurs écrits. Beaucoup d'entre eux ont depuis été reconnus et leurs idées théologiques, même des décennies plus tard, ont été adoptées par le magistère officiel.

La dissidence politique et théologique contre Jean-Paul II et Benoît XVI n'était pas schismatique.

Les schismatiques dévots d'aujourd'hui sont également différents des adeptes du schismatique Mgr Lefebvre.

L'idéologie originelle des lefebvristes était clairement réactionnaire, sinon souvent carrément fasciste. Mais ils n'ont pas pu s'identifier à un leader nationaliste qui se serait opposé au pape de la même manière que Salvini, Trump et leurs soutiens ecclésiastiques le font aujourd'hui.

Cette identification, comme aux Etats-Unis, entre l'Eglise catholique et une idéologie ou un parti politique, s'est effondrée en mars 2013 avec l'élection de François, qui a affirmé par son histoire et son personnage, avant même de l’enseigner, que l'Église est transnationale et multiculturelle. Elle dépasse les idéologies nationalistes et civilisationnelles.

François n'a pas créé les tensions actuelles. Au contraire, il les a révélées, non seulement par ce qu'il dit ou fait, mais tout d'abord et surtout par ce qu’il est et par le catholicisme anti-idéologique qu'il incarne.

La dissidence schismatique contre ce pape s'est radicalisée parce que cette dévotion politique est une idéologie partisane. Le catholicisme est ainsi exposé à la manipulation idéologique par ceux qui ne se soucient pas vraiment de l'Évangile. Leur culture politique conservatrice a trouvé un soutien au sein du Vatican et de certains cercles ecclésiastiques bien avant François.

L'identification entre catholicisme et conservatisme occidental fonctionne en raison du spectre étroit des questions qui intéressent ces athées dévots.

Église et parti politique ont pu se chevaucher jusqu’à coïncider. Chaque fois que l'Église s’est identifiée à un parti politique, c'est  le parti qui l'a emporté sur elle.

 

The rise of 'devout schismatics' in the Catholic Church

Dissent against the pope has become radicalized because of political devotion that is more about a partisan ideology

Massimo Faggioli

July 16, 2019

"If Matteo Salvini becomes prime minister, Italy will have a government led by a Catholic who is devout but schismatic."

So said Sergio Romano, a former Italian ambassador to NATO and the ex-Soviet Union, in a recent opinion piece in the Italian daily Il Corriere della Sera.

Salvini, 46, is Italy's interior minister. An anti-immigrant nationalist, he is also the country's deputy prime minister and its de facto leader. And he is a hero to certain ultra-devout Catholics.

He has stood in opposition to Pope Francis (especially on the migration issue) and has helped show that in Italy, as in the United States, the Catholic Church is now openly divided.

Praying with the pope, disagreeing with his political views

Over the past century Catholics in the Western world have voted for or joined a variety of political parties. But what we are witnessing today in places like the USA, Italy and elsewhere in Europe is quite different.

Long gone is the 20th-century phenomenon of Catholics who could pray with the pope and at the same time vote for politicians that oppose certain teachings of the Catholic Church. That was not just a typical sort of Catholic dissonance.

It was also the sign of a healthy distinction between the Church and state. And it reflected an awareness that lay Catholics had of their political responsibilities and the legitimate pluralism of political cultures, as Paul VI also acknowledged in his 1971 apostolic letter, Octogesima Adveniens.

What we are witnessing now is a new kind of phenomenon. It is characterized by politicians with authoritarian instincts like Salvini who are programmatically trying to undermine Francis' pontificate. Salvini has done so even by voicing a preference for Benedict XVI over the current pope and by forming an alliance with Cardinal Raymond Burke, one of Francis' fiercest doctrinal critics.

This has created a problem not only for the Church but also for the state.

No matter what opponents of the Jesuit pope say, Francis is not the real reason behind the emergence of this new phenomenon. Rather, it is rooted in the response that some Catholics have given to the Church's teachings on one of the major emergencies of our time — how to deal with the reshaping of our world through massive migration movements and the consequences this has for the role of religion in public life.

A key component in this is the question of religious pluralism, especially in the context of disruptions being caused by globalization. All this has caused a crisis in liberal democracies, which populists like Salvini are opportunistically manipulating in a politically expedient way.

While Francis is publicly in favor of integrating immigrants in a multicultural and multireligious society, there are some Catholics who are very much against this. Politicians like Donald Trump and Salvini are openly appealing to (and using) this discontent to pit these believers against a pope who has broadened the spectrum of what constitutes important moral issues.

A radically evangelical pope refocused the Church

The Christian character of the Catholic Church is now being measured in a way that is significantly different from the recent past, which was marked by its anti-communist stance during the Cold War and its concern for issues of sexual morality between the 1970s and the early 2000s.

The shift is having consequences on the way some Catholics perceive the pope. If every single Catholic were to be polled on their view of Francis' radical teaching, we'd likely see that most them are in some ways made uncomfortable by this pontificate. And if they are not, they should be.

But there is a big difference between Catholics who are not ready to follow the radicalism of Francis and those who accuse him of being a heretic. The latter are part of a new phenomenon of opposition.

Certainly, the Gospel radicality of Francis' teaching has contributed to its rise. But this phenomenon has even more to do with the kind of Church Francis inherited from his predecessors. The 82-year-old pope has been forced to clean up the ideological distortions of Catholicism that have emerged, more or less, in the last two decades. This has been a long process in the making.

In the post-World War II period, having learned from the tragic mistakes of the previous half a century – the alliance between sectors of the Catholic Church with fascism and Nazism — Catholic doctrine accepted, albeit reluctantly, the idea of a distinction between the Church and state (not separation, which is something different). This also meant rejecting temptations toward an ideological marriage between the Church and one particular political ideology.

The Church tended to be a "big tent" where the official teaching on some particular issues coexisted with a visible plurality of political options in the context of the democratic order. The big tent coexisted with the official condemnation of communism, of course, which meant church leaders (clergy, theologians, Catholic politicians) could not share the Marxist ideology. But at the same time, many among the Catholic laity were part of the voting constituency of socialist and communist parties in the Western hemisphere.

Then a new way of understanding the relationship between Catholics and politics began to take shape following the end of the Cold War, the decline of John Paul II's pontificate and the election of Benedict XVI. As biopolitical and sexual morality issues posed new challenges to traditional Catholic teaching, the official magisterium began emphasizing "non-negotiable values" and natural law.

Enter the 'devout atheists'

This set the stage for a new alignment between the Roman Catholic Church and the so-called atei devoti (devout atheists) — an Italian expression that describes those atheists who display a public deference towards traditional Catholic teaching on moral and social issues while violating those very same teachings in their private lives.

A love story thus developed between Joseph Ratzinger-Benedict XVI and the atei devoti, opening a new phase in the Church's long history of exercising political expediency in the Western hemisphere.

The devout atheists tend to see the Catholic tradition as an essential pillar for the preservation of Western civilization. And because of this, certain church hierarchs have given them preferential treatment, even above and beyond that accorded to "normal" Catholics. They have considered them allies in the fight against secularism and Islam.

It is no surprise then that, in the name of preserving Christianity, these atei devoti have voiced support for the U.S.-led wars in the Middle East as a new crusade against Islam, while criticizing the European Union for failing to acknowledge "the Christian roots of Europe" in its foundational texts.

This alliance between the Church and the atei devoti was created, most notably, because of two theological factors.

The first concerns the identification of Catholicism and Christianity with Europe and the West. This includes a particular view of Islam that preceded 9/11, but which has been strengthened and radicalized by the convulsions going on in the Muslim world since the return of "strong religions" in public life.

The second concerns the ecclesiology of "creative minorities" within the Church. Such intentional communities are meant to be a response to the secularization of the Western world and an alternative to the assumption that everyone born in the Catholic faith would remain in the Church. However, the push for establishing creative minorities has also encouraged a certain particularism within the Church.

This, in turn, has produced ideological purity tests that have fostered a kind of ecclesiological Leninism or Jacobinism in the Catholic Church. The real devotion for this new kind of politically devout Catholic is towards a particular political-theological identification of the Church with Western civilization, much more than it is towards the Catholic Church and its long and multifaceted tradition.

From 'devout atheists' to 'devout schismatics'

The transition from the atei devoti of the early 2000s to the "devout schismatics" of today has been more of a short step rather than a leap. It can be traced to the 2013 election of Pope Francis who immediately began challenging any identification of the Church with conservative political-theological assumptions – precisely because they do not express true Catholicism, especially for believers from the global south.

The excessive obsession with only one particular aspect of the Christian faith has always been the path to heresy and schism. Today's "devout schismatics," like Matteo Salvini and his supporters, are in large part those who have embraced Catholicism for its political alignment in the last 20 years or so.

They are devout in the sense that they publicly display their preference for a traditionalist Church and its devotions, such as the rosary. They are schismatics because they openly promote the undermining of the bishop of Rome among the Catholic faithful.

These "devout schismatics" are not only politicians. They also include some theologians, priests, bishops and even cardinals. Their schismatic instincts have been on display since the beginning of Francis' pontificate. But they were particularly visible in August 2018, when some of them – such as Archbishops Charles Chaput of Philadelphia and Salvatore Cordileone of San Francisco, as well as Bishop Joseph Strickland of Tyler (Texas) – sided with Archbishop Carlo Maria Viganò, the former papal nuncio to Washington who called on Francis to resign.

The conduct of Catholics who are opposing the current pope is very different from the loyal dissent of believers in the 20th century – from the age of Yves Congar and Marie-Dominique Chenu before the Second Vatican Council (1962-65) to liberation theologians between the 1980s to today.

 

More devoted to a political ideology than to the Gospel

None of these earlier "dissenters" left the Church or accused the pope of heresy, even though they held theological opinions that differed from official teaching in Rome. Some of them were even persecuted by the Holy Office (today's Congregation for the Doctrine of the Faith) for their writings. Many of them have since been vindicated and their theological insights, even decades later, have been embraced by the official magisterium.

Political and theological dissent against John Paul II and Benedict XVI was not schismatic.

Today's devout schismatics are also different from the adherents of Archbishop Lefebvre's schism.

The original ideology of the Lefebvrists was clearly reactionary, if not often outright fascist. But they could not identify with a nationalist leader who appealed to open disloyalty towards the pope in the same way Salvini, Trump and their ecclesiastical attachés are doing today.

This identification between the Catholic Church and a political ideology — or a political party, as for many in the USA — visibly collapsed in March 2013 with the election of Francis, who made clear – with his biography and his persona, even before his teachings – that the Church is transnational and multicultural. It is bigger than nationalist ideologies and civilizational narratives.

Francis has not created the current tensions. Rather, he has exposed them — not only by what he says or does but mostly (and first of all) by who he is and the anti-ideological Catholicism he embodies.

The dissent against this pope has become radicalized with schismatic instincts because this kind of political devotion is more about a partisan ideology than about the Church. Catholicism was exposed to ideological manipulation by those who do not really care for the Gospel, but who are more interested in a particular conservative political culture that found favor in the Vatican and ecclesiastical circles well before Francis.

The identification between Catholicism and Western conservatism has worked because of the limited spectrum of issues so close to the heart of these devoted atheists.

Party and Church have largely overlapped, if not coincided. But every time the Church is identified with a political party, it's always the party that trumps the Church.

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Date de dernière mise à jour : 20/08/2019