Irlande - Amazonie : Le cadeau et le défi (4ème partie) - LCI -Oct. 2019

La grâce de cette assemblée synodale pourrait s'étendre bien au-delà de l'Amazonie, contribuant à résoudre plusieurs problèmes chroniques

 

John O’Loughlin Kennedy

Irlande

Octobre 2019

 

En recherchant de nouvelles voies, l’Instrumentum Laboris donne à la Mission et à l’Eucharistie leur priorité légitime en tant que mandats fondamentaux. En envisageant des discussions sur de nombreuses autres questions jusqu'alors considérées comme intouchables, il reconnaît qu’il s’agit de questions secondaires et susceptibles de modification pour mieux les servir.

Il propose des pistes pour de nouveaux chemins et pose des questions :

1. Une Église qui participe à la communauté et à laquelle la communauté participe, jusqu’au point de permettre aux fidèles de partager les pouvoirs juridiques, sacramentels et administratifs actuellement réservés aux ordonnés.

2. Une Eglise qui accueille la diversité.

3. Une Eglise locale reconfigurée pour appartenir à la culture dans toutes ses dimensions : ministères, liturgie, rites sacramentels, théologie et services sociaux.

4. Des ministres qui ne soient pas éloignés de la culture par leur statut, leur appartenance ethnique ou leur formation prolongée et qui soient formés à d’autres cultures.

5. La place de la femme reconsidérée dans le ministère et plus particulièrement dans la pastorale sacramentelle.

6. Des Eglises locales qui travaillent en étroite collaboration avec des partenaires œcuméniques.

7. Le célibat est-il essentiel pour le sacrement de l'ordre ?

8. La formation au séminaire tridentin est-elle essentielle à l'ordination ?

9. Un ministre ordonné est-il essentiel pour la célébration de l'Eucharistie ?

Il est à noter qu'au moins six des points mentionnées ont une incidence sur les devoirs, responsabilités, privilèges et prérogatives du clergé.

Ce synode est probablement la dernière chance de faire face aux séminaires vides et aux congrégations en déclin ; c’est aussi la dernière chance d’assumer la mission lorsque qu’il n’y a plus de clergé paroissial tel que nous le connaissons.

Il est bon qu’une cérémonie sacrée et sociale comme la Cène soit présidée par une autorité responsable. Un phare doit rester allumé même dans les pires conditions.

En admettant que la messe a pris de nombreuses formes au cours de l'histoire et qu'il existe encore quatre ou cinq formes approuvées, il peut être opportun de recommander une renaissance mondiale de la célébration communautaire qui a servi les fidèles jusqu'au troisième siècle.

Appelez cela « messe communautaire » et permettez à l’assemblée de chanter ensemble la prière eucharistique ; c’est le Corps mystique du Christ qui se constitue chaque fois que deux ou trois personnes sont rassemblées en son nom.

Il n'est pas essentiel que quelqu'un agisse "in persona Christi". Mais chaque fois qu'un ordonné agissant «en la personne du Christ», comme spécifié dans le droit canonique, est disponible, il peut célébrer en utilisant la forme standard de n'importe quel rite auquel il appartient.

Les modifications du code de droit canonique de 1983 requises pour faciliter la messe communautaire sont minimes. Canon 900 peut être interprété, même maintenant, comme le permettant, bien que ce ne soit pas l'intention de ceux qui l'ont rédigé ! Dans la traduction anglaise approuvée il se lit actuellement ainsi : « Le seul ministre qui, en la personne du Christ, peut réaliser le sacrement de l'Eucharistie est un prêtre valablement ordonné ».

Une lecture simple suggère ici que Jésus aurait dû murmurer "les termes et conditions s'appliquent" (expression anglaise qui signifie que le règlement habituel s’applique, ndt) quand il donnait à ses disciples le pouvoir de "faire ceci". Dans une autre interprétation, la loi telle qu’elle est écrite n’a aucune incidence sur les non-ministres ni sur les ministres qui ne prétendent pas agir « dans la personne de Christ ».

Cela ne s'applique pas non plus aux groupes qui se rencontrent et célèbrent sans le bénéfice d'aucun ministre, prenant le Christ au mot. (Ils le font discrètement pour éviter la provocation). Si la messe communautaire devait être généralement approuvée, Canon 900 (et les sanctions de la partie II, section III du code) aurait besoin d'être clarifié.

Le canon 907 devrait cependant être abrogé ou modifié. Il se lit actuellement ainsi : « Lors de la célébration eucharistique, les diacres et les laïcs ne sont pas autorisés à réciter les prières, en particulier les prières eucharistiques, ni à accomplir les actes qui sont propres au prêtre ».

L'intention de ce Canon est évidemment de souligner la distinction entre le célébrant et l’assemblée.

Si l’assemblée elle-même est le célébrant, ce canon devient redondant ou non pertinent. Son abrogation serait essentielle pour la renaissance de la messe communautaire, pour laquelle il existe de nombreux précédents dans le Nouveau Testament et dans l'Eglise primitive.

Certains participants peuvent reculer d'horreur à l'idée de célébrer la messe sans un ministre ordonné. Cependant, dans tout cadre juridique, s'il devient impossible de respecter à la fois la loi et les règlements subordonnés, l’intelligence exige que la loi soit respectée et la réglementation ignorée.

Si le synode veut résoudre les problèmes de l'Église en Amazonie et ailleurs, il devra penser de manière « écologique ». Il faudra du courage pour dépasser les « infaillibilités » et les traditions « irréformables » qui ont paralysé les réponses papales jusqu'à présent.

Ce synode offre à l’Église une rare occasion de réorganiser ses priorités et de donner aux deux mandats du Christ la préséance inconditionnelle qu’ils exigent.

Le rappel du pape François selon lequel "il n'y a pas de place pour l'égoïsme dans l'Église" sera mis à l'épreuve si un synode composé presque exclusivement de prêtres professionnels ordonnés veut rendre aux fidèles les capacités et les responsabilités implicites de la description que saint Paul donne du sacerdoce.

Pour les individus, cela impliquera de céder une partie du statut, du pouvoir et de l'influence associés à l'ordination ; pour la bureaucratie, abandonner une partie de son pouvoir et de son contrôle. Comme Abraham nous le dit, le culte doit tout mettre sur l'autel, sans rien retenir.

Dans la mesure du possible, le clergé doit « se vider de lui-même » pour utiliser l'expression de saint Paul. Ce serait un témoignage puissant pour les croyants et les incroyants. Cela porterait également atteinte aux racines mêmes du cléricalisme.

Et la grâce de ce synode pourrait s'étendre bien au-delà de l'Amazonie, en aidant à résoudre ou à contourner plusieurs problèmes chroniques : la « famine » eucharistique partout où elle se produit, le camouflage d'abus, le copinage et la position actuelle sur l'ordination des femmes.

De telles structures nouvelles contribueraient à la vie catholique dans d'autres parties du monde, même dans des communautés bien développées dotées d'une culture démocratique où, au lieu de vendre des églises, nous pourrions essayer de laisser les fidèles maintenant bien éduqués assumer leurs responsabilités et continuer à utiliser les églises pour le culte, centre de convergence pour la communauté chrétienne et son rayonnement social et caritatif.

 

Providentiellement, nous avons un exemple à suivre.

La paroisse St William de Louisville, dans le Kentucky, s'est développée de cette manière sous la direction de laïcs depuis 2002 et a connu un succès remarquable en tant que communauté catholique vivante, avec seulement un prêtre « de passage » pour la messe dominicale, les baptêmes et les confessions.

Cela a permis aux fidèles de prendre de plus en plus leurs responsabilités, se servant mutuellement sous la direction de l’Esprit, sans être envahissants ni empiéter sur le territoire de qui que ce soit.

Leur site web révèle une gamme créative et édifiante d'activités de sensibilisation et de bienfaisance. Nul doute que l’évêque ou l’un de ses coadjuteurs vienne de temps en temps pour prier, prêcher, encourager et corriger les erreurs, les manquements ou les abus, comme il se doit pour le successeur des apôtres.

Providentiellement, la paroisse St William semble avoir tracé de nouvelles voies prometteuses à envisager pour le synode.

 

Les 4 parties de cet article : 

Amazonia the gift and the challenge 1ère partieAmazonia the gift and the challenge 1ère partie

Amazonia the gift and the challenge 2ème partieAmazonia the gift and the challenge 2ème partie

Amazonia the gift and the challenge 3ème partieAmazonia the gift and the challenge 3ème partie

Amazonia the gift and the challenge 4ème partieAmazonia the gift and the challenge 4ème partie

 

Amazonia: The gift and the challenge (Part IV)

The grace of this Synod assembly could spread far beyond Amazonia, helping to resolve several chronic problems

John O’Loughlin Kennedy

Ireland

October, 2019

This is the last of a four-part series before the Synod of Bishops' Oct. 6-27 special assembly on the Pan-Amazonian region that will discuss the theme "New Paths for the Church and for an Integral Ecology."

In seeking new pathways, the Instrumentum Laboris gives Mission and Eucharist their rightful priority as the fundamental mandates. By envisaging discussion on many other questions heretofore deemed untouchable, it recognizes that they are secondary issues and open to modification to better serve the mandates.

It proposes pointers for new paths and poses questions:

  1. a Church that participates in the community and in which the community participates, even to the point of allowing the faithful to share in juridical, sacramental and administrative powers currently reserved to the ordained.
  2. A Church that welcomes diversity.
  3. A local church reconfigured to belong in the culture in all its dimensions: ministries, liturgy, sacramental rites, theology and social services.
  4. Ministers who are not alienated from the culture by status, ethnicity or by extended formation and training in another culture.
  5. Women's place in ministry and specifically in sacramental pastoral care and authentic evangelization.
  6. Local churches that work closely with ecumenical partners who are also sharing the good news.
  7. Is celibacy essential for the sacrament of orders?
  8. Is Tridentine seminary training essential for ordination?
  9. Is an ordained minister essential for the celebration of the Eucharist?

It is notable that at least six of the above have a bearing on the duties, responsibilities, privileges and prerogatives of clergy.

This Synod has probably the last chance to face up to the meaning of empty seminaries and dwindling congregations, and to plan responsibly for the fulfilment of the mandates when parish clergy as we know them are gone.

It is entirely appropriate that arrangements for a ceremony both sacred and social like the Lord's Supper should be regulated by responsible authority. But, responsibility for the lighthouse demands careful planning to keep it alight, even in the worst conditions.

Accepting that the Mass has taken many forms historically and that there are four or five approved forms even now, it may be opportune to recommend a worldwide revival of the communal celebration which served the faithful until the third century or longer.

Call it the 'Community Mass' and allow the Eucharistic prayers to be chanted together by the priestly people, the Mystical Body of Christ which is present whenever two or three are gathered.

It is not essential that someone should act 'in persona Christi'. Whenever an ordained person capable of acting 'in the person of Christ' as specified in Canon Law is available, then he can celebrate using the standard form of whichever rite he belongs to.

The changes in the 1983 Code of Canon Law required to facilitate the Community Mass are minimal. Canon 900 can be interpreted even now as allowing it, although this was scarcely the intention of those who drafted it! In the approved English translation. It currently reads:

The only minister who, in the person of Christ, can bring into being the sacrament of the Eucharist is a validly ordained priest.

A casual reading here suggests the Jesus should have whispered "terms and conditions apply" when he commanded and empowered his followers to "Do This". In an alternative interpretation, the law as written has no bearing on non-ministers, or on ministers who are not purporting to act 'in the person of Christ'.

Nor does it apply to groups that meet and celebrate without the benefit of any minister, taking Christ at his word. (They do this discreetly, to avoid provocation). If the Community Mass were to be approved generally, Canon 900 (and the penalties in Part II, Section III of the Code) would need clarification.

Canon 907, however, would have to be repealed or amended. It currently reads:

In the celebration of the Eucharist, deacons and lay persons are not permitted to say the prayers, especially the eucharistic prayer, nor to perform the actions which are proper to the priest.

The intention of this Canon is obviously to emphasize the distinction between the celebrant and the congregation.

If the congregation itself is the celebrant, this Canon becomes redundant or irrelevant. Its repeal would be essential for the revival of the Community Mass, for which there is ample precedent in the New Testament and the early church.

Some participants may recoil in horror at the idea of celebrating Mass without an ordained minister. In any legal framework, however, if it becomes impossible to keep both the law and the subordinate regulations, a proper sense of proportion demands that the law be kept, and the regulation ignored.

If the Synod is to solve the problems of the Church in Amazonia, and elsewhere, it will need to think ecologically. It will need the courage to rise above the 'infallibilities' and 'irreformable' traditions that have paralyzed papal response to the same problems up to now.

This Synod offers a rare opportunity for the Church to re-order its priorities and give Christ's two mandates the unconditional precedence that they warrant.

Pope Francis' reminder that "there is no place for selfishness in the Church" will be well tested if a Synod composed almost exclusively of ordained professional priests is to give back to the faithful the capacities and responsibilities implicit in St Paul's description of the "priestly people".

For individuals, it will involve giving away some of the status, power and influence associated with ordination; for the bureaucracy, giving up some of its treasured power and control. Worship, as we learn from Abraham, is a readiness to put everything on the altar, holding back nothing.

To whatever extent this can be achieved, the clergy would be 'emptying themselves' to use St Paul's expression. It would be powerful witness to believer and unbeliever alike. It would also strike a blow at the very roots of clericalism.

And the grace of this Synod could spread far beyond Amazonia, helping to resolve or side-step several chronic problems: Eucharistic famine wherever it occurs, cover-up of abuse, cronyism, and the current teaching about ordaining women.

Such new structures would contribute to Catholic life in other parts of the world, even in well-developed communities with a democratic culture where, instead of selling off churches, we could try letting the now well-educated faithful take responsibility and continue the use of the churches for worship, and as a focal center for the Christian community and its essential social and charitable outreach.

Providentially, we have an example to follow.

The St William Parish in Louisville, Kentucky has developed this way under lay leadership since 2002 with notable success as a lively Catholic community, with only a 'drop-in' priest for Sunday Mass, baptisms and confession.

This has allowed the faithful to grow in responsibility, ministering to one another under the guidance of the Holy Spirit without being pushy or encroaching on anybody's turf.

Their website reveals a creative and edifying range of outreach and charitable activities. No doubt, the bishop or one of his coadjutors comes by from time to time to pray, preach and encourage and to correct mistakes, failings or abuses, as befits a successor to the apostles.

Providentially, St William's Parish seems to have mapped out some promising new pathways for the Synod to consider.

Dr John O'Loughlin Kennedy is a retired economist and serial social entrepreneur. In 1968, he and his wife, Kay, founded the international relief and development organization CONCERN WORLDWIDE which now employs about 3,800 indigenous personnel on development work in 28 of the world's poorest countries.

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Date de dernière mise à jour : 20/10/2019