Comment pensons-nous l'Eucharistie ?
Donner ou partager ? Comment pensons-nous l'Eucharistie ?
Les mots que nous utilisons, tout comme les gestes que nous posons,
sont essentiels à notre compréhension du grand sacrement de l'Église.
14 septembre 2021
Dans la vie quotidienne, notre expérience nous dit quand il est approprié d'utiliser soit le verbe "donner" soit le verbe "partager".
D’une part nous pouvons demander à quelqu'un « donne-moi le livre qui est là » ou lui donner de l'argent.
D'autre part nous partageons les tâches entre nous, nous proposons de partager les fardeaux dans l'espoir de les réduire et, plus significatif, partager est le verbe utilisé pour les aliments divisés entre les personnes : « partageons-nous ce morceau ? ».
Un instant de réflexion sur ces deux verbes montre que, bien que leurs différents usages puissent sembler triviaux, nos relations sont différentes avec ceux à qui nous donnons et avec ceux avec qui nous partageons.
Donner quelque chose suppose une propriété puis son transfert. Je possède quelque chose et je vous le donne. Tu as quelque chose et tu es prêt à me le donner. Ce qui était autrefois le domaine, le pouvoir et la possession, est transféré sous forme de don, d'échange ou de droit. La demande "Donne-moi mon dû, j'y ai droit" ne pourrait pas être facilement reformulée en termes de partage.
L'Eucharistie est l’action de toute l'Église
En revanche, le partage suppose que la propriété et son contrôle sont communs à toutes les personnes concernées. C'est parce que c'est à nous - et non à moi ou à toi - que nous le partageons. Il est à nous et il le reste. Ce serait agir de manière inappropriée que de le faire mien ou que vous le fassiez vôtre. Cependant, si ni vous ni moi ne pouvons tout prendre, nous pouvons tous deux en avoir des parts.
Le partage suppose que nos droits sont détenus en commun et que le respect mutuel est essentiel à notre relation. Alors que les actions de donner et de prendre supposent simplement une neutralité ordonnée le partage présuppose un groupe social que chaque acte de partage fait progresser.
Nous pouvons voir que la distinction entre "donner" et "partager" correspond exactement à la distinction faite par les théologiens entre un contrat (en substance un traité et un objet pour le commerce) et une alliance (en substance une relation, comme chez le prophète Osée quand il parle de mariage). La relation avec le divin peut être vue en termes de transactions, par lesquelles nous échangeons avec les dieux pour notre sécurité et nos succès : les humains donnent aux dieux quelque chose que les dieux veulent, puis en retour, les dieux donnent aux personnes ce qu’elles demandent.
L'opposé de cette notion de pacte avec les dieux est la relation d'amour que nous professons dans le Mystère pascal. Le Mystère pascal initie la nouvelle alliance : le Seigneur partage notre vie pour que nous partagions la sienne.
En tant que chrétiens, nous ne faisons pas de troc avec Dieu - bien que ce soit une tentation constante - mais nous partageons sa bonté. Le partage de la bonté de Dieu nous oblige donc, dans le prolongement de l'amour, à partager avec nos semblables, et en particulier avec les pauvres.
Le partage « de » exige le partage « avec ». Qu'en est-il de l'Eucharistie ?
Il est clair que c'est un lieu de partage par excellence. Nous partageons la louange du Christ au Père, nous partageons son Esprit qui habite en nous, nous devenons participants de la nouvelle alliance et nous partageons le repas à sa table.
Puis, dans la joie de l'amour de Dieu pour nous et du partage de Dieu avec nous, nous partageons avec les pauvres. C'est l'origine de la quête. Elle est censée être destinée aux pauvres et non à payer le clergé ou les bâtiments.
Regardons les verbes que nous utilisons
Les verbes eucharistiques sont tous liés au partage, à la participation et à l'action commune. C'est ce que nous remarquons lorsque nous y réfléchissons. Mais nous tombons tous très rapidement dans le fossé classique du "donner" et du "prendre". Nous passons du monde de l'alliance et du partage au monde du contrat.
Ainsi, dans la pratique, il y a l’action de « donner » la communion, le prêtre a « donné » la communion ou le président a demandé « Avez-vous donné la communion là-bas ? ». Dans la plupart des églises catholiques, la coupe n'est pas « donnée » aux laïcs.
Si les liturgistes soulignent que la communion ne doit pas normalement être « donnée » à partir du tabernacle, tous sont d'accord pour dire que après avoir « donné » la communion, vous devez « mettre » les hosties restantes [notez que ce mot ne nous rappelle en rien les morceaux d'un pain rompu pour le partage] dans le tabernacle.
Soixante ans après Vatican II, le processus de renouvellement des mots est à peine commencé. Le langage reste celui des expressions comme "j'ai reçu la communion" et "je suis allé à la messe le samedi soir".
Banquet contre fast-food
Il ne s'agit pas simplement d'une question de langage : notre participation au repas eucharistique est plus affaire de donner et de prendre que de partager.
La scène typique du dimanche matin est une queue qui se presse pour une rencontre avec un ministre qui ne dure que quelques secondes, chacun recevant son paquet individuel prédécoupé. Puis, tandis qu’une personne retourne à sa place, il est prêt à donner le même produit à la suivante.
Bien avant que les restaurants fast-food aient mis au point la gestion rapide des personnes (système qui est l'antithèse d'un banquet), notre liturgie avait adopté un processus remarquablement similaire. Mais nous avons conservé le langage du banquet, du festin et du partage.
Le fait qu'il y ait un tel écart entre ce que nous proclamons et la façon dont nous faisons Eucharistie signifie qu'il existe pour beaucoup une profonde tension intérieure et une confusion sur toute cette question. Cette tension est rarement exprimée en paroles, mais ne surprend pas quiconque voit nos célébrations hebdomadaires ordinaires.
On peut tenter d'y voir une mauvaise catéchèse ou la survivance de vieilles attitudes qui ne changeraient que progressivement. Mais nos attitudes à l'égard des autres aspects de la vie et le langage qui leur est associé, ont changé profondément en un temps plus court que celui qui nous sépare de Vatican II. Le fait est là : il y a un décalage profond entre ce que nous prétendons croire (dont le langage utilisé dans la liturgie) et notre expérience réelle, notre pratique de l’eucharistie.
Dire qu'il s'agit d'un manque de compréhension ne tient pas compte de ce que les fidèles peuvent vivre lors de la liturgie. Nous parlons de communion et non pas de partage dans un festin.
Traditionis custodes (Gardien de la Tradition)[1]
Cette inadéquation est au cœur de l’intervention du pape François pour régir l'utilisation du rite dit « extraordinaire ». L'utilisation des mots et des gestes de ce rite est tellement en désaccord avec le renouveau demandé par le Concile Vatican II qu'il n'est plus vraiment possible de l'utiliser tout en prétendant adhérer à l'enseignement de ce concile.
L’affirmation selon laquelle on peut pratiquer les deux est soit fondée sur l'ignorance du Concile, soit tout simplement malhonnête. Nous devons faire correspondre nos actions à notre théologie. C'est un défi pour toute l'Église.
Dissonances
Quand elles apparaissent nos attitudes se classent grosso modo dans l'une des quatre catégories suivantes.
Certains les nient en invoquant le besoin d'un point de vue supérieur (Par exemple, les politiques affirment que si nous savions ce qu’ils font pour servir le peuple, cela changerait notre vision de la politique). Dans notre cas, si l'on avait une compréhension spirituellement profonde de l’Eucharistie, on verrait au-delà de ces simples questions matérielles pour en saisir le sens profond. Appliquer ce raisonnement à l’Eucharistie est inadéquat car il nie la logique inhérente à toute liturgie sacramentelle où c'est précisément par nos sens que s’accomplit la liturgie et que nous rencontrons le mystère.
L'autre réaction extrême consiste à supposer que tout n'est qu'une conspiration visant à tromper les crédules : de belles paroles pour cacher les véritables intentions, une main de fer dans un gant de velours ou un loup paré de laine. Pour ceux qui réagissent de cette façon l'Eucharistie est aliénée. Ce n'est qu’une rhétorique vide qui n'a rien ou presque rien à offrir. Cette réaction est rarement verbalisée car elle conduit à un « vote avec les pieds » (Nous pouvons tous nommer quelqu'un qui a quitté l'Église).
Entre les deux, il y a ceux qui ne comprennent pas. Ils entendent des mots qui pour eux sont vides de sens. Alors ils se contentent de suivre du mieux qu'ils peuvent. Peut-être pensent-ils que s'ils étaient prêtres ou religieux, ils apprécieraient l’expérience du « partage de la table du Seigneur et la participation au mystère pascal ». Malheureusement ils ne se sentent pas doués pour ce faire : ils se contentent donc d’aller communier.
Ainsi, la liturgie n'appartient pas à tous les baptisés ce qui, depuis Vatican II, est pourtant notre revendication. Elle est perçue comme une affaire à deux niveaux : celui de ceux qui savent et celui de ceux qui sont exclus. Ces derniers considèrent que leur rôle est passif dans la liturgie : ils n'ont alors pas besoin de s’impliquer dans la vie de l’Eglise, car ce niveau de participation appartient aux initiés.
Cette réaction naturelle détruit toute la vision renouvelée de la liturgie qu’exige sa nature même : participative, consciente et active. Il est peut-être temps de relire Sacrosanctum concilium (Constitution de Vatican II sur la liturgie) no. 14[2].
La quatrième réponse consiste à considérer la liturgie d'une manière individualiste et consumériste. "Ils" (ceux qui produisent la liturgie que je souhaite) doivent faire les gestes et prononcer les mots adéquats. C'est le processus rituel nécessaire. Je ne suis là que pour ce que cela signifie pour moi. Tant que j'ai mon moment privé avec Jésus, ma communion, mes grâces reçues, mon temps pour dire mes prières alors le reste n'est qu'un détail : c’est leur problème. Ce participant à la liturgie la traite comme quelqu'un qui, voulant faire réparer sa voiture, rejette l'explication technique du mécanicien enthousiaste en lui disant : vous pouvez m'épargner les détails.
C’est ainsi qu’une célébration soigneusement préparée n'est qu'une version plus longue de la messe rapide (Béni soit le prêtre qui évite le sermon et saute les suppléments optionnels !).
Comme pour la troisième réaction, ce comportement, qui a été pendant si longtemps promu par l'Église et encouragé par certaines formes de célébration, ne fait qu'engendrer la désaffection destructrice de la liturgie et in fine de la foi.
Des actes et pas seulement des mots
L’opposition entre les deux perspectives que sont, d'une part le "donner" et le "prendre" et, d'autre part le "partager" et le "participer" est si fondamentale pour notre compréhension de la liturgie que, la plupart du temps, nous ne la remarquons pas et que notre première réaction est d'imaginer qu'il s'agit simplement d'une question de langage. C'est effectivement une question de langage. Il faut donc trouver les façons d'éviter de dire "donner la communion" ou "d’aller communier".
Mais aussitôt on se heurte à un problème : en tant qu'êtres humains, nous aimons utiliser des mots qui ne sont pas creux ; nous aimons appeler un chat un chat. Imaginez que vous demandiez à Mme X " d'aider à partager le pain rompu " ou demander à M. Y "d'aider ses collègues célébrants [tous les baptisés sont des célébrants, les ordonnés sont des présidents] à participer à la coupe". Mme X répondrait « quoi ? » tandis que M. Y s'imaginerait lire la note de service d’un fonctionnaire. Vous, l'auteur de la question, auriez l'impression d'être un clown pompeux.
Cela ne signifie pas que ces mots sont mauvais. Ils expriment la vision de la liturgie. C'est l'action qui est en cause, pas les mots.
Les humains ne se contentent pas de manger de la nourriture ; ils partagent des repas. Si nous devons partager l'Eucharistie, participer à la Table du Seigneur et être entraînés dans son Mystère pascal, alors la liturgie (une question de signes humains) doit s'exprimer par ce que nous faisons, mangeons et buvons.
Nous avons érigés des autels pour que les présidents se tiennent derrière eux mais nous n'avons pas réalisé que c'était pour que l’assemblée puisse se rassembler autour d'eux comme des tables.
Nous avons écrit la liturgie de manière à ce que tout le monde entende parler du partage à cette table mais nous continuons à utiliser des galettes individuelles prédécoupées - le premier exemple de fast-food consumériste - qui ne peuvent être reliées au pain que par l'imagination et qui n'expriment pas du tout la réalité de l'unique pain rompu et partagé dont chacun de nous fait partie dans le Christ (1 Co 10, 17). Nous laissons entendre "buvez" mais la coupe reste dans le cercle clérical. L'unique Coupe du Seigneur - que notre vie de disciple nous invite à boire - est fermement mise à part.
En refusant ce symbole fondamental de notre unité en Christ (1 Co 10, 16) en tant que baptisés, nous proclamons la désunion : une Église à deux vitesses, celle des simples et celle des initiés.
Tout cela met en évidence la profonde division entre "aller à la Messe" et "participer à l'Eucharistie".
Prendre Vatican II au sérieux ?
Il existe aujourd’hui parmi les catholiques un désir profond pour un renouveau de l'Église. L'élément central en sera la restauration de sa crédibilité : l'alignement ou le réalignement de ses actes sur ses paroles et ses aspirations.
Nous pouvons nous tourner vers des programmes, des mouvements ou même le pape mais si nous croyons à l’affirmation selon laquelle l'Eucharistie est au centre de la vie chrétienne tant que nos paroles et nos gestes ne seront pas réajustées, nous perpétuerons le malaise.
A quand remonte la dernière fois où vous avez eu la conviction de partager le pain avec la personne à côté de vous autour de la Table du Seigneur ?
Thomas O'Loughlin est prêtre dans le diocèse catholique d'Arundel et Brighton et professeur émérite de théologie historique à l'université de Nottingham (Royaume-Uni).
Son dernier livre est Eating Together, Becoming One : Taking Up the Pope Francis's Call to Theologians « Manger ensemble, devenir un : recevoir l’appel du pape François aux théologiens » (Liturgical Press, 2019).
Pour en savoir plus : https://international.la-croix.com/news/religion/giving-or-sharing-how-we-think-about-the-eucharist/14883
Giving or Sharing? How we think about the Eucharist
The words we use, like the actions we perform, are essential to our understanding of the Church's great sacrament
By Thomas O'Loughlin
United Kingdom
September 14, 2021
In everyday life, our experience tells us – unconsciously – when it is appropriate to use the verb 'to give' and when it is appropriate to use 'to share.'
So we might ask someone to 'please give me that book lying there' or 'I gave him the money' or 'she should give that form to … ' or 'give that pot a stir.'
On the other hand, 'we share tasks between us,' we offer to share burdens in the hope of halving them, and, most significantly, in English, sharing is the verb used of food items divided between people: 'shall we share that last piece?'
A moment's reflection on these two verbs shows that, while the different usages may seem trivial, they make very different assumptions about our relationships with those to whom we give things and with whom we share things.
Giving something assumes ownership in some way or other, and then its transfer.
I have something, and I give it to you. You have something and you are prepared to give it to me. What was once in the domain, power and possession of one person, is transferred to another as a gift, an exchange, or as of right.
The demand 'Give me my due, I have a right to it!' could not easily be rephrased in terms of sharing.
Eucharist is an action of the whole Church
By contrast, sharing assumes that ownership and control is common between all involved.
It is because it is ours – not mine or yours – that we share it.
It is ours to start with, and it remains ours. And to make it solely mine or for you to take it as yours would be to act inappropriately.
However, while neither you nor I can take it all, we can both have all that we should have: shares.
Sharing assumes that our rights are held in common and respecting each other is essential to our relationship. While actions of giving and taking merely suppose an ordered neutrality, or some force acting as the defender of the peace, sharing presupposes society.
Every act of sharing further develops and enhances our society.
We can see that the distinction between 'giving' and 'sharing' maps exactly on to the distinction made by theologians between 'a contract' (in essence a treaty and a vehicle for commerce) and 'a covenant' (in essence a relationship often imagined, as in the prophet Hosea, in terms of marriage imagery).Likewise, the relationship of human religion with the divine can be seen in terms of 'deals,' whereby we trade with the gods for safety and success: humans give to the gods something the gods want; then, in return the gods give people what the people want.
The exact opposite to this notion of deals with God is the relationship of love we profess in the Paschal Mystery. The Paschal Mystery initiates the new covenant: the Lord shares in our lives that we might share in his.
We, as Christians, do not barter with God – though this is a constant temptation – but exist through sharing in his goodness. Then sharing in the goodness of God requires us, as an extension of love, to share with our fellow human beings, and especially with the poor.
Sharing in demands sharing with.
So what of the Eucharist?
Clearly, this is a place of sharing par excellence. We share in the Christ's praise of the Father, we share in his Spirit dwelling within us, we become sharers in the new covenant, and we share in the meal at his table!
Then being joyful in God's love for us and in God's sharing with us, we share with the needy. This is the origin of the collection. The collection is supposed to be for the poor not to pay clergy or elaborate buildings.
Take note of the verbs we use
The Eucharistic verbs are all linked to sharing, participating and acting together. This is what we notice when we sit down and think about it.
But when it comes to the sphere of action, we all very quickly move into the familiar groove of 'giving' and 'taking.' We move from the world of covenant and sharing into the trading world of contract.
So, in practice, there is the task of 'giving out Communion'; 'the priest gave out communion; or the president asks a minister 'will you give out communion over there?
'Similarly, in most Catholic churches the cup 'is not given to the laity.'
While the liturgists may point out that 'communion should not normally be given from the tabernacle,' all would agree that 'after you have given communion you should put any remaining hosts [note this word does not remind us of parts of a loaf broken for sharing] in the tabernacle.'
Sixty years after Vatican II, the process of deep renewal has barely begun.
This range of language continues with such statements as 'I got communion,' 'she received communion,' and 'I went to get Mass and communion on Saturday night.'
Banquet v. Fast Food
More to the point, this is not simply a matter of language: our experience of participation in the Eucharistic meal is more adequately described in terms of 'giving'/'taking' than in terms of 'sharing.'
Imagine the scene on a Sunday morning: a line or a queue shuffling up for an encounter with a minister that lasts but seconds, each getting a pre-cut individual package.
Then while the first person turns to return to his or her place, the minister is ready to give a similar individualized product to the next person.
Long before fast-food restaurants had worked out the processing of people though their 'fast-food' systems (systems that are the very antithesis of a banquet), our liturgy had adopted remarkably similar processes. But we kept, officially at least, the language of banquets, feasts and sharing.
That there is such a gap between what we formally proclaim and the way we think about the Eucharist in our actual Eucharistic activity means that there is for many people a deep inner tension and confusion about the whole matter.
This tension is rarely aired in words, but does not surprise anyone who has seen our ordinary weekly celebrations.
One can try to brush this off as a case of 'poor catechesis' or the survival of 'older attitudes', which only change gradually.
But attitudes to many other aspects of life, and the language appropriate to them, have changed more profoundly in a shorter time than that separating us from Vatican II. And, no doubt, there is truth in both points.
Pre-cut and ready to use: the basic action of Jesus of breaking and sharing is not just lost but negated!
But the fact remains: there is a massive mis-match between what we claim to believe and the language used in the liturgy, on the one hand, and our actual experience, our doing of the activity of Eucharist, on the other hand.
Moreover, saying that it is lack of understanding fails to take account of what people experience for themselves at the liturgy. Our actions 'speak' about 'getting communion' not of sharing at a banquet.
"Traditionis custodes"
This mis-match is at the heart of why Pope Francis had to step in to stop the use of the unreformed rite.
That rite's use of words and gestures was so at variance with the renewal called for by the Second Vatican Council that to use it and also claim to adhere to the Council's teaching was not really possible.
Claims today that one can do both are either based on ignorance of the Council or they are simply disingenuous.
We have to match up our doing with our theology. This is a challenge to all of us, not just to any one group in the church.
Dissonances
When such dissonances arise in any area of our lives, our responses roughly fall into one of four categories.
On one extreme, some will deny the dissonance by appealing to the need for a lofty vantage point. If one, for example, could really see what politicians were doing to serve the people one would realize just how lucky we are to have them!
In our case, if one had a spiritually alert understanding one would 'see beyond these mere material facts' to 'the meaning.'
Leaving aside such apologies from politicians, the liturgical example of special pleading is inadequate because it denies the rationale inherent in a sacramental liturgy.
It is precisely in the doing and experiencing of the liturgy, located in the realm of our senses, that we are to encounter the mystery.
The other extreme reaction is to assume it is all just a conspiracy to mislead the gullible: nice words to cover real intentions, a fist in velvet glove or a wolf wrapped in wool.
To those who react in this way the result will be alienation from the Eucharist: it is just more of the empty rhetoric of a group with little or nothing to offer.
This reaction is rarely verbalized: people who feel this vote with the feet – and we could all name someone, perhaps a child or a sibling, who has disappeared from the Church because it is all just 'empty words.'
In between are those who assume that there is some aspect of the whole affair that they 'just don't get.' They hear the words but they make little sense, so they just follow it all 'as best they can' and hope that will be 'enough.'
Perhaps, they imagine, if they were priests or nuns or very holy they would appreciate all this stuff about 'sharing at the table of the Lord' and 'participating in the Paschal Mystery' that are without counterparts in experience.
But sadly they are not so endowed: so they just 'get communion' and leave the rest to others.
So the liturgy is not a function of all the baptized – which, since Vatican II, has been our explicit claim – but is inchoately perceived as a two-level affair where some are really 'on the inside,' while the rest, them included, are in a lower sphere.
This approach, a bottom-up Gnosticism, then means that they see their role as passive within the liturgy: they do not need to be bothered with such matters as taking part in ministries and the like because that level of participation belongs to the initiated.
From the perspective of the Church, this entirely natural reaction to liturgical experience, is destructive of the whole vision of the renewed liturgy of full, conscious and active participation by all the faithful that is demanded by the liturgy's own nature.
Perhaps it is time to read again Sacrosanctum concilium, n. 14.The fourth reply is to view the liturgy in an individualistic and consumerist manner. 'They' (those who produce liturgy and the product I want) have to go through the motions – elaborate words, gestures and so forth.
But that is merely the necessary ritual process (and they can do it however they like), while I am there for what it means to me.
So long as I get my private moment with Jesus, my communion, my 'fill' of grace, my time to say my prayers, then the rest is just detail: their problem.
Just as someone wanting his car fixed will dismiss the technical explanation of an enthusiastic mechanic with 'you can spare me the details'; so this last liturgical participant treats the liturgy – just as long as his needs are served.
So the carefully prepared celebration is just a more drawn out version of the 'quickie Mass' – and blessed is that cleric who delivers it while avoiding sermons and skipping the 'optional extras'!
As with the third reaction, this behavior, which was for so long sanctioned by the Church and encouraged by the forms of celebration, simply breeds a disaffection that is destructive of the liturgy and faith over the longer term.
Actions not just words
The rivalry of two perspectives of, on the one hand, 'giving'/'taking' and, on the other, 'sharing'/'participating' is so fundamental to our understanding of liturgy that we fail to even notice them most of the time.
On noticing them the first response is to imagine that this is just a matter of language – and it is a matter of language. Hence, one needs to find new ways to avoid saying 'distributing Holy Communion' or 'going up to [get] communion.'
But, immediately, another problem is encountered: we, as human beings, really love to use words that are not full of fluff; we actually like calling a spade a spade!
Imagine asking Mrs X (a minister of the Eucharist) 'to assist in sharing the broken loaf.' Or asking Mr Y 'to facilitate his fellow celebrants [all the baptized are celebrants, the ordained are presiders] to participate in the cup.'Mrs X would say 'eh?'; while Mr Y would imagine he was reading a politically correct office memo, and you, the questioner, would feel you were being a pompous clown.
This does not mean those words are wrong. They actually express the vision of the liturgy. But the experience, what is actually done, is inadequate. Action is at fault, not words.
Humans do not simply eat food; humans share meals!
If we are to share in the Eucharist, participate around the Lord's Table in his supper, and be drawn into his Paschal Mystery, then the liturgy (a matter of empirical human signs) must express itself in what we do, eat and drink.
We pulled out 'altars' so that presidents could stand behind them, but did not realize that was so that people could gather around them as tables.
We translated the liturgy so that now everyone could hear about sharing at that table, but we continue using pre-cut individualist wafers – the earliest example of consumerist fast-food – that only by dint of imagination can be linked with our notion of 'bread' and which wholly fails to express the reality of the broken and shared one loaf of which each of us is a part in Christ (1 Cor 10:17).We have let people hear, 'drink this,' but the cup remains firmly within the clerical circle and the one cup of the Lord – which discipleship challenges us to drink – is firmly withheld.
In withholding this basic symbol of our unity in Christ (1 Co 10:16) as the baptized, our action proclaims disunity: a two-tier Church of mere followers and the fully initiated.
It all draws out the deep division between 'getting Mass' and 'sharing in the Eucharist.'
Taking Vatican II seriously?
There is, at present, a deep-seated desire among Catholics for a renewal of the Church. And central to that process is the restoration of its credibility: the alignment, or re-alignment, of its deeds with its words and aspirations.
We may look to programs, movements or even the pope for such re-invigoration, but if we believe our claims that the Eucharist is central to Christian living, then until our words and actions there are re-jigged, do we not perpetuate the dysfunction?
So when was the last time you felt that you shared the loaf with the person next to you around the Lord's Table?
Or, if you are a presider: when did you last give communion from the tabernacle?
Thomas O'Loughlin is a presbyter of the Catholic Diocese of Arundel and Brighton and professor-emeritus of historical theology at the University of Nottingham (UK). His latest book is Eating Together, Becoming One: Taking Up Pope Francis's Call to Theologians (Liturgical Press, 2019).
Read more at: https://international.la-croix.com/news/religion/giving-or-sharing-how-we-think-about-the-eucharist/14883
[1] Motu proprio du pape François sur l’usage du rite dit « extraordinaire »
https://www.diakonos.be/motu-proprio-traditionis-custodes-du-saint-pere-francois-traduction-francaise/
[2] La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » (1 P 2, 9 ; cf. 2, 4-5).