Cité du Vatican - Synode des évêques : le changement de paradigme s'accélère - LCI 25/10/2019
Le premier pape de l'histoire venu du Nouveau Monde pousse une Eglise eurocentrée vers une rencontre fraîche et stimulante avec l'Evangile.
Robert Mickens, Rome, Cité du Vatican
25 octobre 2019
« Nous ne vivons pas une époque de changement mais un changement d'époque. »
C'est ainsi que le Pape François s’est exprimé il y a environ quatre ans dans l'un de ses textes les plus importants mais aussi l'un des plus négligés et ignorés de son pontificat.
Ces mots ne cessent de me revenir à l'esprit ces dernières semaines, alors que le Synode des évêques pour la région pan-amazonienne s’est tenu ici à Rome.
Peu importe ce que dit le document final du Synode sur les questions brûlantes que sont l'ordination des femmes au diaconat ou des hommes mariés au presbytérat. Alors que beaucoup jugent le succès ou l'échec de la rencontre du 6-27 octobre sur ces questions, l'assemblée synodale a prouvé que, selon les mots de François, nous vivons dans un changement d'époque.
Bien qu'il y fasse référence dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium (La joie de l'Evangile) de 2013, la première fois qu'il a prononcé publiquement ces mots exacts a été le 10 novembre 2015.
C'était lors d'une allocution devant les participants à la cinquième convention nationale de l'Église catholique en Italie, un sommet ecclésial qui se réunit tous les 10 ans -et qui a débuté en 1976- pour contribuer à la mise en œuvre de l'esprit et des réformes du Concile Vatican II (1962-65).
Le lieu était la cathédrale de Santa Maria del Fiore à Florence, la célèbre ville toscane qui fut un centre majeur de l'humanisme de la Renaissance et que l'on appelait autrefois l’Athènes du Moyen Âge.
Le Pape met en garde contre un christianisme élégant et cultivé mais dépourvu de foi
Le discours du pape et l'endroit où il l'a prononcé furent marqués par des accents historiques que peu de gens ont compris à l'époque et même maintenant.
« Le Jugement Dernier est représenté dans le dôme de cette belle cathédrale. Au centre se trouve Jésus, notre lumière. Au sommet de la fresque se lit l'inscription : Ecce Homo (Voici l'homme) », commença François. « Jésus y est montré comme le Juge miséricordieux qui vient non pas pour condamner, mais pour sauver. Le visage de Jésus est celui d’un Dieu sans importance... qui a pris la condition de serviteur, humble et obéissant jusqu'à la mort » a-t-il ajouté.
« Si nous ne nous abaissons pas et si nous n'acceptons pas l’humilité de Dieu nous ne comprendrons rien de l'humanisme chrétien. Nos paroles seront élégantes, cultivées et raffinées, mais elles ne seront pas des paroles de foi. Ce seront des mots qui résonneront dans le vide. » Elégantes, cultivées et raffinées mais vides et sans foi.
Malheureusement ces adjectifs décrivent le catholicisme eurocentré et idéologique que certains membres de l'Église - notamment ceux qui s'opposent au pape - adoptent comme credo.
Emprisonnés dans la mentalité d'un ancien régime qui s’effondre - une mentalité qui valorise certes la beauté, la culture et le raffinement, mais qui se fonde plus sur la philosophie gréco-romaine que sur l'Evangile de Jésus Christ - ces catholiques ont été les critiques les plus bruyants de l'assemblée synodale sur l'Amazonie.
Les catholiques eurocentrés expriment leur hostilité au Synode de l'Amazonie
Ils ont réagi avec hostilité sur fond de connotations racistes, ponctuée d'actes de vandalisme (l’affaire des statuettes jetées dans le Tibre) parce qu'ils ne peuvent pas supporter les efforts des pasteurs et des peuples amazoniens pour donner à l'Evangile un visage indigène.
La raison en est simple. Ces catholiques eurocentrés croient que la philosophie de Platon (et plus tard celle d'Aristote, grâce à saint Thomas d'Aquin) fait partie intégrante du kérygme, plutôt que le véhicule de la première inculturation de l'Evangile. Si possible, ils verraient l'Église catholique devenir "l'Athènes du monde postmoderne".
Ce n'est pas nouveau. Cet eurocentrisme a été la mentalité dominante dans l'Église depuis les premiers siècles, surtout depuis la séparation formelle entre les Grecs et les Latins au début du deuxième millénaire. Cette domination n'a jamais été totalement incontestée.
À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, par exemple, le missionnaire jésuite Matteo Ricci a brisé le tabou. Il a cherché à utiliser la philosophie confucéenne comme un moyen d'amener le christianisme en Chine. C'était semblable à la façon dont saint Paul et ses disciples utilisaient la philosophie grecque et romaine pour aider la foi à se répandre dans le monde occidental.
Mais d'autres missionnaires catholiques en Chine à l'époque, avec le soutien de Rome, ont contrecarré les efforts de Ricci et les euro-centristes ont conservé un contrôle absolu sur les moyens de diffusion du message chrétien.
L’autre défi important -toujours d’actualité- pour le catholicisme eurocentré est apparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que les dernières monarchies absolues de l'Europe s'effondraient et que leur domination coloniale sur les autres continents prenait fin.
La philosophie grecque et le kérygme
De nouveaux spécialistes en missiologie ont fait valoir qu'il n'était pas nécessaire d'imposer aux peuples autochtones des modes de pensée et de raisonnement occidentaux comme condition préalable à recevoir l'Évangile. Comme Ricci, ils soutenaient, eux aussi, que la foi dans le Seigneur ressuscité pouvait s'expliquer et s'exprimer à travers les idiomes et les symboles de ces peuples.
Ne nous méprenons pas. La philosophie occidentale a joué un rôle extrêmement important en aidant la communauté chrétienne à mieux comprendre et expliquer croyances et enseignements.
Au XIIIe siècle, au tout début de sa Somme théologique, saint Thomas d'Aquin le reconnaît. « La doctrine sacrée peut en un sens dépendre des sciences philosophiques », a-t-il écrit. Cependant il soutenait que ce n'était pas parce que la théologie "avait besoin" de la philosophie, mais plutôt parce qu'elle utilisait cette science seulement "pour rendre son enseignement plus clair". Thomas, comme d'autres, a décrit la philosophie comme étant comme "une servante" de la théologie, quelque chose de tout simplement utile.
La question que se posent aujourd'hui les missiologues est de savoir si la philosophie grecque est encore utile pour diffuser la foi chrétienne dans les sociétés non occidentales, comme celles des peuples autochtones d'autres continents. Ce n'est certainement pas essentiel, du moins selon saint Thomas.
Pourtant, la pensée théologique, l'enseignement et la législation ecclésiastique actuels, y compris le magistère pontifical, la doctrine et les décrets approuvés par le Vatican, semblent souvent dépendre intrinsèquement de cette sagesse humaine plus que de l'Evangile. Il fallait maintenir à tout prix le caractère eurocentré de l'Église universelle.
Jusqu'au pontificat de François.
Le premier pape du Nouveau Monde appelle l'Église à l'humilité et aux Béatitudes
Le premier pape de l'histoire du Nouveau Monde n'a aucun désir de préserver cet ancien régime, qui - parfois et parmi certains groupes – s’apparente à une chrétienté en survie.
François ne dépense pas une once d'énergie pour stopper l'implosion de ce modèle post-constantinien du catholicisme qui se manifeste par intermittence depuis l'aube de la modernité avec les Lumières au XVIIIe siècle.
Bien que Vatican II ait cherché à faire la paix avec la modernité et l'ait effectivement réalisée de bien des façons, l'Église romaine est restée ancrée dans un paradigme obsolète marqué par une structure organisationnelle anachronique et une gouvernance cléricaliste.
Ce paradigme doit changer (il est en train de changer) alors que nous entrons dans une époque nouvelle et mouvante.
Lors de son discours à Florence en 2015, le Pape François a appelé l'Église en Italie (et cela s'applique aux catholiques du monde entier) à parcourir le chemin de la synodalité dans "l’humilité et la lumière des Béatitudes".
Il a dit qu'il n’était pas obsédé par le pouvoir et a mis en garde contre la tentation de céder à l'une de deux tentations. La première est le pélagianisme : la dépendance obsessionnelle des structures, de la planification parfaite et des normes qui offrent la « sécurité de se sentir supérieur ». La seconde est le gnosticisme : une foi logique qui n'est pas incarnée, qui reste théorique au niveau des idées.
François affirme que la manière d'éviter ces tentations est de vivre un chemin de sainteté qui consiste à suivre les Béatitudes (nourrir celui qui a faim, accueillir l'étranger, habiller celui qui est nu...) et à contempler les gestes de Jésus (qui mange et boit avec les pécheurs, discute avec la Samaritaine, laisse une prostituée lui donner l'onction aux pieds...).
"En tant que pasteurs, ne prêchez pas des doctrines compliquées, mais proclamez le Christ, mort et ressuscité pour nous", a dit le pape aux clercs.
"Concentrez-vous sur l'essentiel, sur le kérygme. Il n'y a rien de plus solide, de plus profond et de plus sûr que ce message ", a-t-il dit.
Evangelii gaudium et l'inculturation de la foi chrétienne
François n'a pas cité Platon, Plotin ou Aristote. Au contraire, il se référait continuellement aux paroles et au message de l'Evangile. Il a laissé ses auditeurs à la conférence ecclésiale avec ce défi :
"Dans chaque communauté, dans chaque paroisse et institution, dans chaque diocèse, dans chaque région, essayez de lancer, d'une manière synodale, une réflexion profonde sur Evangelii gaudium pour en tirer des orientations pratiques et faire des propositions..." a-t-il dit.
Il y a peu de signes que l'Église en Italie et ailleurs ait relevé le défi du pape. C'est dommage, car « La joie de l'Evangile » est un projet de réforme en soi. Mais les participants à l'assemblée synodale sur l’Amazonie l'ont adopté. Ils ont mis au cœur de Rome une autre manière, culturellement différente, d'être chrétien. Et cela a mis en colère et effrayé certains catholiques eurocentrés.
Mais comme le dit François dans Evangelii gaudium, "Lorsqu'elle est bien comprise, la diversité culturelle n'est pas une menace pour l'unité de l'Eglise".
Il souligne que l'Esprit Saint " fait jaillir une riche variété de dons, tout en créant une unité qui n'est jamais uniformité, mais une harmonie multiforme et invitante ".
Voici le paragraphe clé de ce document :
« Nous ne rendrions pas justice à la logique de l'incarnation si nous considérions le christianisme comme monoculturel et monotone. S'il est vrai que certaines cultures ont été étroitement associées à la prédication de l'Évangile et au développement de la pensée chrétienne, le message révélé n'est identifié à aucune d'elles ; son contenu est transculturel. C'est pourquoi, dans l'évangélisation d’autres cultures ou de cultures qui n'ont pas reçu le message chrétien, il n'est pas essentiel d'imposer avec l'Evangile une forme culturelle spécifique, aussi belle ou ancienne soit-elle. Le message que nous proclamons a toujours une certaine tenue culturelle, mais dans l'Église, nous pouvons parfois tomber dans la sanctification de notre propre culture, et montrer ainsi plus de fanatisme que de véritable zèle évangélisateur ». (EG, 117)
Un changement d'époque
C'est l'essentiel, et le pape François le dit sans équivoque :
« Nous ne pouvons exiger que les peuples de tous les continents, dans l'expression de leur foi chrétienne, imitent les modes d'expression que les nations européennes ont développés à un moment particulier de leur histoire, car la foi ne peut être limitée par la compréhension et l'expression d'une seule culture. » (EG, 118)
Les peuples et pasteurs de l'Amazonie viennent de partager leur compréhension et leurs expressions de la foi chrétienne avec leurs frères croyants d'une autre culture, ici à Rome.
Cela a suscité la curiosité, l'empathie et la solidarité mais aussi la peur, la colère et même des paroles et des actions non chrétiennes ; parce qu'un pape a finalement lancé l'Église sur un chemin synodal, tout en proclamant haut et fort que nous sommes entrés dans un changement d’époque.
Cela signifie que l'Église doit aussi changer. Sinon, elle risque de devenir une milice pélagique ou un culte gnostique ou, pire encore, un vieux musée "beau, cultivé et raffiné" sans foi.
Synod of Bishops: The paradigm shift is accelerating
History's first New World pope continues to push a Eurocentric Church towards a fresh and challenging encounter with the Gospel
Robert Mickens, Rome
Vatican City
October 25, 2019
"We are not living in an epoch of change as much as a change of epochs."
Thus declared Pope Francis some four years ago in one of the most important – but also one of the most overlooked and ignored – addresses of his pontificate.
Those words have come to mind over and over again these past few weeks as the Synod of Bishops held a special assembly here in Rome for the Pan-Amazonian Region.
It makes little difference what the Synod's final document says about hot-button issues such as ordaining women to the diaconate or married men to the presbyterate.
While many are judging the success or failure of the Oct. 6-27 gathering on these issues, the Synod assembly has already proven that – in the words of Francis – we are living in a change of epochs.
Though he makes reference to this in his 2013 apostolic exhortation Evangelii gaudium (Joy of the Gospel), the first time he said these exact words publicly was on Nov. 10, 2015.
It was in a talk to participants of the Fifth National Convention of the Catholic Church in Italy, a once-every-decade ecclesial summit that was begun in 1976 to help further implement the spirit and reforms of the Second Vatican Council (1962-65).
The venue was the Cathedral of Santa Maria del Fiore in Florence, the famed Tuscan city that was a major center of Renaissance humanism and once described as "the Athens of the Middle Ages."
Pope warns against a beautiful and cultured Christianity devoid of faith
The pope's address and the place where he delivered it were marked by historical overtones that few people seem to have truly comprehended then or even now.
"The Last Judgment is depicted in the dome of this most beautiful cathedral. At the center is Jesus, our light. At the apex of the fresco reads the inscription: Ecce Homo (Behold the Man)," Francis began.
He noted that Jesus is shown as the "merciful Judge" who comes not to condemn, but save. He called Jesus "the face of an 'emptied' God… who has taken on the condition of servant, humbled and obedient unto death."
The pope said if we do not lower ourselves and accept that God emptied himself "we will understand nothing of Christian humanism (emphasis mine) and our words will be beautiful, cultured and refined, but they will not be words of faith. They will be words that resound of emptiness."
Beautiful, cultured and refined. But empty and devoid of faith.
Those adjectives, unfortunately, describe the Euro-centric, ideological notion of Catholicism that some members of the Church – notably those in opposition to the current pope – embrace as their credo.
Imprisoned within the confines of an all-but-collapsed ancien regime mentality – one that certainly prizes beauty, culture and refinement, but is based as much as or more on Greek-Roman philosophy than on the Gospel of Jesus Christ – these Catholics have been the most vocal critics of the Synod assembly on the Amazon.
Eurocentric Catholics express hostility to Amazon Synod
They have reacted hostilely to the event with a hysteria peppered with racist overtones and punctuated by acts of vandalism – all because they cannot abide efforts by the region's pastors and people to give the Gospel an indigenous Amazonian face.
And the reason is simple. These Eurocentric Catholics believe – without irony – that the "pagan" philosophy of Plato (and later Aristotle, thanks to St. Thomas Aquinas) is part and parcel of the kerygma, rather than the vehicle for the first inculturation of the core truth of the Gospel.
If possible, they would see the Catholic Church becoming the "Athens of the post-modern world."
This is nothing new.
In fact, such Euro-centrism has been the dominant mentality in the Church since the earliest centuries, especially since the formal split between the Greeks and Latins in at the beginning of the Second Millennium. But this dominance has never gone completely unchallenged.
In the late 16th and early 17th centuries, for example, the Jesuit missionary Matteo Ricci broke ranks. He sought to use Confucian philosophy as a way of bringing Christianity to China.
This was similar to how St. Paul and his disciples used Greek and Roman philosophy to help the faith spread to the Western world.
But other Catholic missionaries in China at the time, with the support of Rome, stymied Ricci's efforts and the Euro-centrists thus retained ironclad control over the means of propagating the Christian message.
Another important challenge to Euro-centrist Catholicism, which is still underway, came in the aftermath of the Second World War as Europe's last absolute monarchies crumbled and their colonial rule across other continents was coming to an end.
Greek philosophy and the Kerygma
New missiology scholars argued that it was not necessary to impose Western ways of thinking and reasoning on indigenous peoples as a precondition for them to properly receive the Gospel.
Like Ricci they, too, argued that faith in the Risen Lord could be explained and expressed through the idioms and symbols of these peoples.
Please do not misunderstand. Western philosophy has played an extremely important role in helping the Christian community gain insights and offer explanations for its beliefs and teachings.
In the very beginning of his Summa Theologica in the 13th century, St. Thomas Aquinas acknowledges this. "This science (sacred doctrine) can in a sense depend upon the philosophical sciences," he said.
However, the Angelic Doctor argued that this was not because theology "stood in need" of philosophy, but rather it used this science only "in order to make its teaching clearer."
Thomas, like others, described philosophy as being like "a handmaiden" to theology – something as merely helpful.
The question missiologists are posing today is whether Greek philosophy is still useful in spreading the Christian faith to non-Western societies, such as those of indigenous peoples of other continents. It is certainly not essential, at least according to St. Thomas.
And yet current theological thinking, teaching and ecclesiastical legislation – including the longstanding papal magisterium and Vatican approved doctrines and decrees – often appear to be more intrinsically dependent on this human wisdom than on the Gospel. All too often this has been employed to maintain at all costs the Eurocentric character of the Universal Church.
That is, up until the pontificate of Francis.
The first New World pope calls Church to humility and the Beatitudes
History's first pope from the New World has no desire to preserve this ancien regime Christianity, which – at times and among some groups – resembles Christendom on life-support.
Francis has not spent an ounce of energy in stopping the implosion that this post-Constantinian model of Catholicism has been experiencing – in fits and starts – since at least the dawn of modernity with the Enlightenment in the 18th century.
Although Vatican II sought to make peace with modernity, and actually achieved it in many ways, the Roman Church has remained anchored in an obsolete paradigm marked by an anachronistic organizational structure and a clericalist governance/ministerial ethos.
This paradigm must change (and is changing) as we enter into the new and changing epoch.
During his 2015 address in Florence, Pope Francis called the Church in Italy (and this applies to Catholics in every part of the world) to walk the path of synodality in "humility, disinterest and beatitude."
He said it must not be obsessed with "power" and warned against caving into one of two temptations. The first is Pelagianism – the obsessive reliance on structures, perfect planning and controlling norms that offer the "security of feeling superior."
The second is Gnosticism – a "logical and clear reasoning" faith that is not incarnated, but remains theoretical and in the realm of ideas.
Francis said the way to avoid these temptations is by "living a level of holiness" that consists of following the Beatitudes (feed the hungry, welcome the stranger, clothe the naked…) and contemplating the gestures of Jesus (who eats and drinks with sinners, converses with the Samaritan woman, allows a prostitute to anoint his feet…).
"As pastors, do not be preachers of complex doctrines, but proclaimers of Christ, who died and rose for us," the pope told the clerics.
"Concentrate on the essential, on the kerygma. There is nothing more solid, deep and secure than this message," he said.
Evangelii gaudium and the inculturation of the Christian faith
Francis did not quote Plato, Plotinus or Aristotle. Rather, he continually referred to the words and message of the Gospel. And he left people at the ecclesial conference with this challenge:
"In every community, in every parish and institution, in every diocese and circumscription, in every region, try to launch, in a synodal fashion, a deep reflection on Evangelii gaudium to draw from it practical parameters and to launch its dispositions..." he said.
There is little evidence that the Church in Italy – or anywhere else – has taken up the pope's challenge.
And this is a pity, because the Joy of the Gospel is a blueprint for reform. But participants at the Synod assembly on the Pan-Amazonian Region have embraced it.
They have brought to the heart of Rome another, culturally different way of being Christians. And this has angered and frightened some Eurocentric Catholics.
But as Francis says in Evangelii gaudium, "when properly understood, cultural diversity is not a threat to Church unity."
He points out that the Holy Spirit "brings forth a rich variety of gifts, while at the same time creating a unity which is never uniformity but a multifaceted and inviting harmony."
And here is the key paragraph from that document:
"We would not do justice to the logic of the incarnation if we thought of Christianity as monocultural and monotonous. While it is true that some cultures have been closely associated with the preaching of the Gospel and the development of Christian thought, the revealed message is not identified with any of them; its content is transcultural.
"Hence in the evangelization of new cultures, or cultures which have not received the Christian message, it is not essential to impose a specific cultural form, no matter how beautiful or ancient it may be, together with the Gospel. The message that we proclaim always has a certain cultural dress, but we in the Church can sometimes fall into a needless hallowing of our own culture, and thus show more fanaticism than true evangelizing zeal." (EG, 117)
A change of epochs
This is the bottom line, which Pope Francis states unequivocally:
"We cannot demand that peoples of every continent, in expressing their Christian faith, imitate modes of expression which European nations developed at a particular moment of their history, because the faith cannot be constricted to the limits of understanding and expression of any one culture." (EG, 118)
The peoples and pastors of the Amazon have just shared their understanding and expressions of the Christian faith with their fellow believers of another culture here in Rome.
This has evoked curiosity, empathy and solidarity. But it has also elicited fear, anger and even un-Christian words and actions.
That's also because a pope has finally launched the Church on a synodal journey, while proclaiming loudly and clearly that we've entered not just an era of change, but a wholesale change of epochs.
And that means the Church must change, too.
Otherwise, it risks becoming a Pelagian militia or Gnostic cult – or, even worse, a "beautiful, cultured and refined" old museum devoid of faith.