Allemagne - Les évêques doivent céder du pouvoir aux laïcs catholiques, dit un théologien allemand - LCI 9/5/2019

Bishops should cede some power to lay catholicsBishops should cede some power to lay catholics

Les évêques doivent céder du pouvoir aux laïcs catholiques, dit un théologien allemand

Le partage du pouvoir entre le clergé et les laïcs est essentiel à une procédure synodale de qualité

Christa Pongratz-Lippitt, Vienne, 9 mai 2019

 

Les évêques catholiques allemands ont récemment reconnu qu’un engagement à lancer une procédure synodale réussie sera un échec s’ils ne transfèrent pas une partie de leur pouvoir aux laïcs, a averti un jeune théologien.

Michael Seewald, un professeur de dogmatique de 32 ans à l’Université de Münster, a déclaré qu’une procédure synodale réussie dépend de la façon dont les évêques partageront le pouvoir, favoriseront la participation et mettront en place un système de contrôle.

Dans un article du 26 avril dans le quotidien allemand Sueddeutsche Zeitung, Seewald a dit que cela nécessitera un acte de courage de la part des évêques qui sont  " toujours attachés aux cordons du tablier de la Curie romaine. "

 

Vatican II et l’autorité épiscopale partagée

Le théologien a rappelé que le Concile Vatican II (1962-65) avait voulu que le Collège des évêques participe à la conduite de l’Eglise avec le pape. Mais il a ajouté que cela n’a pas encore été mis en pratique parce que les fonctionnaires curiaux du Vatican prétendent détenir le pouvoir sur les évêques par l’autorité du pape.

Théoriquement, un évêque est tout-puissant dans son diocèse, a déclaré Seewald. Mais il a noté que, de facto, le leadership diocésain est beaucoup plus complexe et beaucoup de gens sont impliqués d’une manière qui est difficile à comprendre. C’est ce qui a contribué aux scandales des abus sexuels du clergé de ces dernières années.

D’une part, un évêque détient tout le pouvoir décisionnel. Mais d’autre part, surtout lorsque ses échecs sont devenus patents, le pouvoir décisionnel devient anonyme afin que l’évêque soit libéré de toute responsabilité directe.

 

La crise de l’abus et une nouvelle option pour le partage du pouvoir

Le professeur Seewald pense que la crise actuelle pourrait être surmontée, mais il faudra que les évêques prennent une décision fondamentale.

La première option consiste à créer des structures qui distribuent le pouvoir d’une manière simple et facile à comprendre et où les décideurs sont responsables de leurs actes.

Mais ce sera possible seulement si les évêques renoncent à une partie de leur pouvoir, qu’ils acceptent d’être contrôlés et qu’ils permettent aux laïcs d’être plus impliqués.

Pour Seewald l’autre option est de ne rien changer. Mais c’est risqué car lorsque le prochain scandale surgira les évêques devront faire face à des demandes de démission si des erreurs graves se sont produites dans leurs diocèses.

Un autre aspect du pouvoir est que ceux qui le possèdent décident non seulement de ce qui peut être fait, mais aussi de ce qui est permis d’être dit, a-t-il ajouté en affirmant que la promesse des évêques de tout faire pour clarifier les abus a peu de valeur sans un état d’esprit ouvert  où les griefs sont clairement énoncés.

 

Ouverture d’esprit et fin des tabous

Malheureusement, l’Eglise catholique est encore loin d’être culturellement ouverte d’esprit, a déclaré le professeur Seewald.

Dans une Eglise où il est officiellement interdit de discuter de certains sujets, il a fallu toute la pression extérieure pour briser le tabou des abus sexuels. Il déplore l’existence d’autres questions taboues et quiconque ose en discuter doit s’attendre à des sanctions internes.

 "La procédure synodale ne réussira que si les évêques renoncent à tous les tabous et remettent à sa place une Curie devenue hors de contrôle," a dit Seewald.

Cela nécessitera, a-t-il poursuivi, un grand courage car renoncer au pouvoir n’est pas une décision pour les faibles. Jusqu’à présent, les évêques diocésains ont toujours mis en avant ce qui est impossible en considération de l’Eglise mondiale. Mais Seewald dit qu’ils doivent d’abord énoncer clairement ce qui est inacceptable au niveau local.

 "La procédure synodale ne peut réussir que si les évêques sont assez courageux pour aller dans cette direction " at-il conclu.

 

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Bishops should cede some power to lay Catholics, says German theologian

Power-sharing among clergy and laity seen as essential to a 'binding synodal procedure'

Christa Pongratz-Lippitt, Vienna

May 9, 2019

 

The German Catholic bishops' recently announced that a commitment to initiating a "binding synodal procedure" will be a failure if the prelates do not give up some of their power to the laity, a young theologian has warned.

Michael Seewald, a 32-year-old professor of dogmatics at the University of Münster, said a successful synod procedure will depend on how the bishops will share power, foster participation and implement a system of checks-and-balances.

In an April 26 article in the German daily Sueddeutsche Zeitung, Seewald said this would require an act of courage on the part of the bishops who are "still tied to the apron strings of the Roman Curia."

Vatican II and shared episcopal authority

The theologian noted that the Second Vatican Council (1962-65) had wanted the College of Bishops to participate in church leadership together with the pope. But he said this has not yet been put into practice because curial officials at the Vatican claim to hold power over the bishops through the pope's authority.

Theoretically, a bishop is all-powerful in his diocese, Seewald said. But he noted that, de facto, diocesan leadership is much more complex and many people are involved in a way that's difficult to understand. He said it is this discrepancy that had contributed to the clergy sex abuse scandals of recent years.

On the one hand, a bishop holds all the decision-making power. But on the other hand, especially when failures became public knowledge, decision-making power is rendered anonymous so that the bishop is freed from any direct responsibility.

The abuse crisis and a new option for power-sharing

Professor Seewald said the present crisis could be overcome, but it will require the bishops to make a fundamental decision.

The first option is to create structures that distribute power in a straightforward and easily understandable way and where decision-makers are held accountable.

But this will be possible, he said, only if bishops renounced some of their power, allow themselves to be monitored and permit the laity to be more greatly involved.

Seewald said the other option is to allow everything to remain as it is. But he said this is risky because when the next scandal arises bishops will face justified demands to step down if serious mistakes occurred in their dioceses.

The theologian said another aspect of power is that those who possess it not only decide what can be done but also what is allowed to be said.

He claimed the bishops' promise to do everything to clear up abuse has been of little value up to now since this is only possible in an open-minded culture in which grievances could be openly stated.

Open-mindedness and the end of taboos

Unfortunately, the Catholic Church is still a long way from being culturally open-minded, Professor Seewald said.

He said in a Church where it is officially forbidden to discuss certain subjects, it took outside pressure to break the taboo on discussing criminal clerical sexual abuse. And he lamented that there are still other issues that are taboo and whoever dares to discuss them must reckon with inner-church sanctions.

"The synodal procedure will only succeed if the bishops renounce all taboos and put the Curia, which has gone wild, in its place," Seewald said.

He said this will require great courage because renouncing power is not for weaklings. Up to now diocesan bishops have always pointed out what is not possible because of considerations for the global Church. But Seewald said they must start stating clearly what is unacceptable at the local level.

"The synodal procedure can succeed only if the bishops are able to muster up enough courage to take this approach," he said.

 

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