Archevêque de Montpellier et Vice-Président de la Conférence des évêques de France, Mgr Pierre-Marie Carré a transmis au Saint-Siège la synthèse des contributions pour la France en vue de la XIVème Assemblée Générale ordinaire du Synode (Rome, 4-25 octobre 2015). Il propose un bilan de la démarche et dégage des points d’attention.
Des milliers de personnes ont répondu au questionnaire concernant la famille dans le cadre de la préparation du synode des évêques d’octobre prochain. Les évêques de France les remercient très vivement de leur implication.
Beaucoup ont souligné une grande satisfaction d’avoir été consultés, de pouvoir donner leur expérience ou leurs suggestions. Ils évoquent des échanges qui se sont déroulés dans la confiance et l’écoute mutuelle sous le regard du Christ. Il est fréquemment souhaité que ce type de rencontres puisse devenir plus habituel.
Les réponses fourmillent d’exemples concrets et de propositions pratiques. Ces travaux devraient certainement aider les membres des communautés chrétiennes à se sentir davantage impliqués et à s’engager résolument, selon leurs compétences et leurs charismes, au service des familles ! Le chantier est vaste !
Le sujet du Synode est immense : « La vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et dans le monde contemporain ». Chacun perçoit que les questions et les attentes ne sont pas les mêmes suivant les contextes culturels et sociaux. Si cela est particulièrement sensible à l’échelle du monde, selon les pays et les continents, des différences existent aussi en France selon l’expérience vécue par chaque famille.
D’une manière générale, la plupart reconnaissent dans la Relatio Synodi, les propositions, le message final du Synode d’octobre 2014, ainsi que dans les interventions du Pape François, un tableau présentant bien la situation des familles. Cependant, diverses lacunes ont été signalées.
- Il convient de prendre en compte le contexte social dans lequel se trouvent les familles. Beaucoup de situations de pauvreté ou de difficultés économiques pèsent sur elles. Ainsi, le chômage ou l’obligation de vivre séparés à cause du travail.
- La situation des familles marquées par le handicap de l’un des membres, qu’il soit physique, psychique ou mental. C’est une lourde épreuve pour la personne ainsi atteinte et pour son entourage. On souhaite que l’Eglise les soutienne davantage.
- Les célibataires ont fait part de leur déception devant le fait que jamais on ne parle clairement de leur situation. On peut aussi ajouter le phénomène de la solitude et de l’isolement qui touche beaucoup de personnes dans les grandes villes, mais aussi à la campagne.
- Un certain nombre de réponses relèvent qu’il faudrait davantage parler des femmes. Le rapport homme/femme a beaucoup évolué, la maternité manque souvent de reconnaissance sociale, les questions liées à la procréation posent de graves défis qu’on ne peut ignorer.
- Il convient également de ne pas faire abstraction de la longévité accrue de la vie humaine. Cela marque l’engagement des couples, mais aussi la manière de vivre (il faut à la fois prendre en charge des parents vieillissants et des petits-enfants !). Dans ce contexte, il ne faudrait pas oublier la situation particulière des couples âgés, ainsi que celle des veuves âgées. On ne peut pas les ignorer !
- Plusieurs réponses s’étonnent de ce qu’aucune question ne porte sur un phénomène pourtant essentiel dans l’histoire d’une famille : être parent. Il faut le devenir ! C’est une étape importante dans une histoire. La personne qui devient parent est profondément transformée. Elle grandit en humanité et en spiritualité. L’annonce de la Bonne Nouvelle doit en tenir compte. Il est souhaité que le Synode n’oublie pas cet aspect de la vie familiale.
- La conception de la famille est variable. On ne peut pas se limiter à ne voir que les relations parents/enfants. Certaines questions ont suscité un très grand nombre de réponses : ainsi la préparation au mariage, le sacrement du mariage et le cheminement avec les couples à quelque niveau d’engagement qu’ils se situent ; le soutien et l’accompagnement des couples et des personnes vivant des situations difficiles ou douloureuses : personnes séparées, divorcées-remariées, homosexuelles. Les positions sont différentes, mais elles se rejoignent toutes pour appeler à une attitude fondamentale d’accueil, de miséricorde qui évite tout jugement. De nombreux exemples
heureux ou douloureux sont donnés.
Le thème de ce Synode rejoint en profondeur le précédent portant sur « La nouvelle évangélisation ». La famille est un lieu important pour la transmission de la foi. De très grands changements affectent les personnes et les familles. Il est nécessaire de les considérer avec soin pour mesurer l’ampleur des questions nouvelles qui se posent. Les familles, comme chacun des baptisés, sont sur un chemin de conversion. L’essentiel est de vouloir progresser, en mesurant que seul Dieu est fidèle.