Les chroniques sans Nihil Obstat

1/11/2018 - Peut-on se cacher derrière le droit ?

 

Le 17 septembre dernier, le Saint-Siège a informé le ministère français des affaires étrangères qu’il refusait de notifier au cardinal Luis Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), une citation à comparaître devant un tribunal lyonnais dans l’affaire Barbarin ; raison invoquée : l’immunité de juridiction internationale dont jouisse les chefs d’État et les ministres (en l’occurrence ledit cardinal) pour les actes relevant de leurs fonctions quand ils sont liés à la souveraineté de l’État.

En droit international c’est imparable.

Le 29 octobre dernier, la veille de son procès, Monseigneur Fort, ancien évêque d’Orléans qui refusa de dénoncer les agissements pédophiles d’un prêtre de son diocèse, « se fait porter pâle, pat le biais d’un certificat médical succinct ».

Il est dans son droit. 

Le 1er novembre 2018, les 12 évêques de la province de Lyon ont ôté de la liste des nominations de l’officialité (tribunal ecclésiastique) de Lyon le nom de Pierre Vignon, jusqu’alors juge ecclésiastique, - P. Vignon est le prêtre qui a lancé la pétition demandant à P. Barbarin de se retirer.

Les 12 évêques sont dans leur droit.

Ces 3 dates sont postérieures à celle de l’envoi de la lettre du Pape François au peuple de Dieu dans laquelle écrit, entre autres «  [Il y a] une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise...comme l’est le cléricalisme.../… Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme… »

Ils sont dans leur droit, ils sont évêques mais ils n’ont rien compris. Vraiment rien compris.

C’est mon Eglise et la stupidité de certains de ses membres me fait souffrir.

Mais c’est mon Eglise.

 

Zorobabel de Lyon

"Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche" Apoc 3,16

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1/11/2018 -Comment fait-on les cocktails en haut de la colline ?

 

On prend un shaker, on y introduisez les ingrédients :

  • La lettre d’un pape (François) invitant les membres du peuple dont il a la charge, à chercher une nouvelle manière de gouverner l’Eglise en coresponsabilité ;
  • Un prêtre de campagne (Pierre) qui prend cette invitation au pied de la lettre, livre ses réflexions et aboutit à une conclusion (bonne ou mauvaise, peu importe : le débat est ouvert) demandant la démission d’un cardinal (Philippe) ;
  • 105.000 chrétiens ou non qui se retrouvent dans les propos de Pierre et qui souhaitent un changement (soit le double des 55.000 pratiquants du diocèse de Philippe).

On agite et laissez reposer.

Moi, petit Zorobabel de la plaine, j'observe le résultat :

  • Le silence étonnant dans diocèse de Philippe concernant les moyens à prendre pour mettre en œuvre les préconisations de François ;
  • L’absence impressionnante de dialogue et de travail pour analyser, comprendre et faire avancer les réflexions de Pierre ;
  • La sanction déguisée en r"éorganisation pour écarter Pierre de sa fonction de juge à l’Officialité interdiocésaine, , par les Evêques de la province en soutien de Philippe.

Il y a parfois des surprises quand on prend de l'altitude !

 

Comme je l’écrivais dans mon billet du 19 octobre : la règle de fer est de retour !. Elle sert toujours à taper sur les doigts. Cela me rappelle aussi les réactions ecclésiales vis à vis du MRJC qui osait ouvrir le débat sur l’avortement qui avait été sanctionné financièrement !

Tous ces événements démontrent l’autisme des responsables de nos Eglises et leurs difficultés à comprendre que nous avons changé d'époque.

 

 

Zorobabel de Lyon

"Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche" Apoc 3,16

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19/10/2018 - La règle en fer est de retour ou mais pourquoi donc ont-ils peur ?

Deux reportages de la presse de ces dernières semaines m’interrogent : un article de La Croix du 4 septembre dernier et  un zoom de France-Inter du 1er octobre. Dans les deux cas, seuls des membres de la CCB-Lyon ont accepté d’être cités nominativement ; les autres personnes interviewées (prêtres et laïcs) l’ont fait sous le couvert de l’anonymat.

Les prêtres ont dit ne pas être libres de dire le fond de leur pensée par peur de sanctions. Un ami, prêtre âgé de 80 ans, me confiait que lui aussi n’aurait pas accepté d’être cité personnellement : « il y aurait eu trop de conséquences négatives pour moi ». Les laïcs semblent eux aussi être paralysés.

Serait-ce le syndrome de la règle de fer ? Mon vieil instituteur passant dans les rangs de la salle d’études avec sa règle en fer tapait sur les doigts des élèves indisciplinés, autrement dit ceux qui, à ses yeux, n’entraient pas dans le rang. L’enfant que j’étais craignait cette expression du pouvoir et la douleur qui l’accompagnait.

Aujourd’hui il s’agit d’adultes qui ont peur. Mais de quoi ont-ils peur ?

Que peut-il arriver de fâcheux à  un LEME (Laïc En Mission Ecclésiale) ? S’il est salarié aurait-il peur de perdre son emploi ? Il est vrai que des rumeurs courent çà et là. S’il ne l’est pas aurait-il peur de perdre sa lettre de mission ? On ne pourrait donc servir l’Eglise du Christ et le monde qu’avec une lettre de mission ?

Que peut-il arriver de fâcheux à un clerc ? Etre privé de ministère ? Il faut plus que parler librement pour arriver à de telle extrémité. Ne pas être augmenté ? Pas de risque de ce côté-là. Ou alors être déplacé dans un poste peu agréable ? Ah oui, là aussi il y a des rumeurs qui courent.

Diantre l’Eglise serait-elle une société comme une autre, là où on ne veut voir qu’une seule tête ? Zut on m’avait dit qu’elle n’était pas de ce monde.

Aidez-moi les amis : je ne sais pas de quoi ils ont peur !

 

Zorobabel de Lyon

"Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'est ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche" Apoc 3,16

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18/09/2018 - Merci pour ce cadeau !

 

La semaine dernière j’ai rencontré Jacques, un homme d’une soixantaine d’année, issu d’un milieu extrêmement modeste d’un tout petit village de la Haute-Loire.

Au cours de cet entretien lié au décès d’Hervé, son compagnon avec lequel il vivait depuis 28 ans, Jacques m’a confié :

- son désarroi quand il s’est découvert homosexuel ;

- sa recherche de normalité en essayant sans succès de « s’intéresser aux filles » ;

- comment son père l’a accueilli avec bienveillance quand il a appris par hasard son homosexualité avec ces paroles pleines d’amour : « si cela te permet d’être heureux » ;

- par quel chemin de dialogue, de disputes, de réconciliation, de pas l’un vers l’autre, son couple avec Hervé s’est peu à peu construit ;

- l’émerveillement d’Hervé, homme de la ville, quand il lui avait fait découvrir la beauté d’un coucher de soleil, le parfum d’un cep en forêt ou la tranquillité d’un troupeau de vaches dans un pré ;

- leur incompréhension douloureuse et leur blessure suite aux propos du pape, le mois d’août dernier ;

- combien, il lui est difficile aujourd’hui d’ouvrir la porte de leur appartement, et de savoir que désormais il y vivra seul ;

- la certitude qu’il doit se reconstruire et se remettre debout pour faire face ;

- la force qu’il tire en allant prier le Christ chaque jour dans la crypte de Fourvière.

 

Ses confidences, sa confiance, ses larmes, ses sourires, ses peurs, sa foi, son espérance ont été le cadeau de ma semaine.

Merci Seigneur pour cette rencontre.

 

Zorobabel de Lyon

"Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'est ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche" Apoc 3,16

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10/09/18 - Cet été, j’ai reçu une lettre

 

La poste du Vatican n’a pas chômé cet été : comme 1 milliard 200 mille catholiques, j’ai reçu une lettre1 que le pape François m’a écrite le 20 août en beau milieu de mes vacances.

Il me parlait de sa honte, et par là de celle de tous les catholiques, concernant les affaires de pédophilie du clergé.

Un autre aspect du courrier m’a aussi fait réfléchir : à plusieurs reprises dans son texte il me demande de lutter contre le cléricalisme qui gangrène l’Eglise et qu’il juge être une des causes de la situation. Mon cœur en a raté quelques battements : François m’appellerait, moi simple baptisé, à participer à la nécessaire réforme de l’Eglise ? justement, à la CCB-Lyon, nous travaillons à ouvrir toutes les portes possibles pour ouvrir le débat avec tous les partenaires, y compris les autorités diocésaines. Parfois, je suis au bord de la fatigue et du découragement.

Mais si François me demande d’y aller encore et encore il me donne du cœur à l’ouvrage.

Et n’est-ce pas le thème de l’année 2018/2019 qui a été retenu par la CCB-Lyon : l’apostolat des laïcs, leur place dans l’Eglise.

Alors je me suis dit « Chiche ! »

 

Zorobabael de Lyon

 

http://www.ccb-l.com/medias/files/lettre-pape-aout.pdf

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26/06/2018  - Le mercato des curés 

Et si nous participions à l’avenir de nos communautés !

 

De mai à août c’est la période du mercato1 des curés.

Il serait aussi possible de faire référence au jeu des chaises musicales.

 

« Je prends un prêtre ici et je l’envoie là. Je le remplace par un autre… ou pas… ou je mets un administrateur provisoire…ou encore j’en profite pour fusionner ta paroisse avec la voisine. Il faut bien gérer la pénurie de prêtres. 

Bien entendu je ne consulte pas les paroissiens : vous vous rendez compte s’il fallait que je les « mette dans la boucle de décisions » où irait-on ?  Ils seront informés (souvent par la rumeur) de la situation une fois la décision prise. Il est dans les us et coutumes du diocèse que c’est aux paroissiens de s’adapter à leur curé et non l’inverse2.

Et si, plutôt que de nommer un administrateur provisoire – déjà surchargé de boulot par ailleurs3 – je profitais de ces situations pour imaginer le futur autrement.

Je pourrais par exemple 

  • confier la responsabilité d’une paroisse à son EAP,
  • créer des équipes de soutien à ces EAP ; elles pourraient être composées de prêtres, de diacres, de laïcs et visiteraient ces paroisses ; on pourrait imaginer que ce soit une des missions des différentes communautés spirituelles du diocèse,
  • relire l’idée des ADAL (Assemblée Dominicale Animée par des Laïcs, comme cela se sait en Belgique, en Suisse ou en Angleterre),
  • solliciter mon diocèse pour être imaginatif.

 Bien sûr, cela n’est envisageable

  • que si je fais confiance au peuple de Dieu pour l’entendre me dire ce qu’il veut pour lui-même4
  • que si je passe de la notion de curé-patron de sa paroisse à celle de curé-serviteur.

 

Mais je me laisser aller ! il faut que je me reprenne ! »

 

Zorobabel de Lyon

"Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche" Apoc 3,16

 

  1. Terme utilisé pour le football correspondant à la période où les clubs peuvent échanger des joueurs
  2. Consulter les documents définition des missions de curés et paroisse et territorialité
  3. Dans le cas de Bron, l’administrateur provisoire affecté à la paroisse est l’un des Vicaire Généraux !
  4. Evangelii Gaudium § 31

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20/06/2018 - Tu doutes, mon enfant … Quelle joie !

Mon petit-fils de 10 ans a fait très récemment sa première communion.

Quelques semaines auparavant, il avait demandé à nous rencontrer, nous ses grands-parents. Dans ces deux heures de complicité, de confidences et de questions il s’inquiéta de savoir si c’était normal de douter : douter de sa foi, douter de la qualité et de la profondeur de sa relation avec Jésus.

Questions directes de l’innocence de l’enfance, certes,  mais questions qui me touchent profondément car elles me renvoient à mes propres interrogations d’adulte.

Comment y répondre en vérité ? Oui, il est normal de douter, je dirais même qu’il est bon de douter. Mon garçon, que ce doute devienne un moteur de ton existence, il t’évitera de t’enfermer dans des certitudes mortifères.

Dans ce dialogue intergénérationnel, prenait tout son sens la Parole du Christ : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les empêchez point ; car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. » (Mt 19, 14)

 

Zorobabel de Lyon

"Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'est ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche" Apoc 3,16.

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