18 nov. 2019 - Tout va bien, nous vous avons entendus !
Tout va bien, nous vous avons entendus
Ce jeudi 14 novembre, le sanctuaire St Bonaventure, à Lyon, organisait une soirée pour présenter la restitution des presque 5.000 réponses que La Croix avait reçues à son questionnaire ‘Réparons l’Eglise’ mis en ligne entre mars et juin dernier.
Sur l’estrade un des rédacteurs en chef du journal (homme, prêtre), un professeur d’ecclésiologie (homme, prêtre), un des deux évêques auxiliaires du diocèse (homme, prêtre) et la responsable d’un service diocésain (femme, LEME).
La première intervention fut celle du journaliste qui résuma les résultats de l’enquête : les baptisés de base ont exprimé leur souffrance de ne pas être entendus par l’institution, de se sentir catholiques de « seconde zone ».
Je me suis dit : la soirée va être intéressante car il n’y aura pas de langue de bois après cette mise en bouche.
Las, la suite me fit déchanter.
Les ‘sachants’ de l’estrade nous ont expliqués doctement que :
-les laïcs ne connaissent pas le fonctionnement de leur Eglise et donc toutes les opportunités qu’elle leur offre de s’exprimer,
-ces mêmes laïcs ne sont pas formés et sont donc incapables de faire des propositions autres que « pauvres et maladroites ».
Je crois avoir été attentif durant ces 50 minutes : jamais le mot ‘cléricalisme’ n’a été prononcé.
Ce que j‘aurais aimé entendre, c’est quelque chose comme :
C’est vrai que l’institution ne sait pas être à l’écoute du peuple de Dieu. C’est vrai que le droit canon concentre tous les pouvoirs entre les mains des clercs. C’est vrai qu’ils ont des difficultés à le partager.
Ce que j’ai entendu m’a laissé rêveur :
« Pour changer l’Eglise il y a deux sortes de changements :
le type A : on fait comme avant mais différemment,
le type B : on fait autre chose.
Je choisis le type A. »
Les ‘sachants’ sont restés sur leur estrade. Clercs et laïc, ils ont fait du cléricalisme sans même oser prononcer le mot.
J’aurais pu intituler cette chronique :
Tout va bien, nous vous avons entendus. Dormez bien !
Zorobabel de Lyon
Zorobabel, le rejeton de Babel (la cité où les hommes ne voulaient qu’un seul langage) est le serviteur qui veut se mettre à la tâche avec courage, même si elle est immense…(livre d'Aggée)
"Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche" Apoc 3,16
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Commentaires (1)
- 1. | 27/11/2019
J'étais également présente à cette soirée et je voudrais insister sur un point particulier concernant la formation des laïcs.
Je ne reviens pas sur l'ensemble de ce billet qui traduit sans doute le sentiment partagé de décalage des discours entre les responsables institutionnels et les participants.
Celui qui a abordé le sujet de la formation est le journaliste Dominique Grenier ( enseignant par ailleurs) il a précisé que les résultats du sondage offraient peu de perspectives d'avenir pour l'église. Pour ce qui concerne la formation, essentiellement était évoquée la formation des prêtres et peu celle des laïcs. Il a développé selon son point de vue en quoi cette dimension de la formation des laïcs devait être prise en compte pour l'avenir de l'Eglise.
Je pense que ce serait faire un faux procès que de laisser penser que parler de la formation des laïcs c'est dire qu'ils sont "incapables" ou qu'au contraire ils risqueraient de devenir une "élite "éloignée du peuple.
A mon avis et à partir de mon expérience et celle collective (vécue par anciennement la branche professionnelle de la pastorale de la santé et aujourd'hui,l'association Prendre Soin et Croire,) cette démarche de formation a été un magnifique levier de structuration des personnes et d'une vie communautaire d'Eglise.Je vous renvoie à un ancien article que j'ai écrit dans la revue Lumière et Vie en juin 1987 numéro 182 "les laïcs en Eglise "Ce n'est donc pas d'aujourd'hui !
Certes le contexte a changé et il ne s'agit pas de se crisper sur des expériences passées. L'enjeu de la formation est de la penser en articulation entre la dimension personnelle , ecclésiale et missionnaire. Le défi est de favoriser l' appropriation du mystère de Dieu et de l'homme par le plus grand nombre possible de croyants afin que des milliers de paroles nourries d'expériences singulières mais instruites par le travail de l'intelligence parviennent un peu mieux à trouver, là où ils vivent, les mots pour dire la Bonne nouvelle pour aujourd'hui.
S'il est évident que la démarche de la Foi n'a pas besoin d'emprunter un détour théologique,philosophique ou autre ,il n'en reste pas moins vrai que la formation offre la chance d'une plus grande édification personnelle et collective
Ce n'est pas l'Eglise qui fait les chrétiens mais ce sont les chrétiens qui font l'Eglise ! Alors souhaitons que beaucoup d'hommes et de femmes épris de liberté,de créativité, et de dialogue puissent avoir gout à s'ouvrir à une plus grande intelligence des choses de la Foi en dialogue avec le monde d'aujourd'hui et que collectivement nous trouvions les moyens de les soutenir et d'édifier une vie communautaire d'Eglise . En cela la formation constitue un vrai pari pour l'avenir de l'Eglise